accueil > articles > albums > Fils Cara

publié par Mathilde Vohy le 04/09/20
Fils Cara
- Fictions

Après avoir posé une dernière pièce avant-hier, Fils Cara vient de nous révéler le grand puzzle musical qu’il construisait depuis de longs mois. Le tableau qu’il dévoile s’intitule Fictions, et prend la forme d’un EP 8 titres particulièrement réussi. On décortique le disque avec vous.

Fictions

Silence, ça tourne

Notre histoire avec Fictions n’est pas nouvelle, elle s’est en réalité construite au fil de ces huit derniers mois. A l’image d’une romance, il y avait eu une première rencontre. A Paris, en janvier, on avait entendu pour la première fois « Hurricane » et « New York Times » et nos esprits avaient été marqués. Nous avions ensuite eu la chance de faire plus ample connaissance avec ces morceaux lors de la sortie de deux superbes live sessions piano-voix. En bâtissant cette relation, nous avions également découvert de nouvelles facettes de Fictions. Elles s’appelaient « Derniers dans le monde » et « Sous ma peau » et nous étaient jusqu’alors inconnues.

Comme toute bonne histoire qui dure, le temps nous a permis de cerner celui avec qui nous la partagions, ses traits de personnalité, ses qualités, ses défauts. Et ce qui ressort de ces quatre singles puis de cet EP dans son intégralité, c’est cette capacité à raconter des histoires. Vous l’aurez compris, Fictions porte bien son nom.

Vous pourriez certainement nous rétorquer que qui prend la plume raconte forcément des histoires. Il est néanmoins ici réellement question de Fictions à la manière d’un film. Dans ce disque, Fils Cara invente le cinéma chanté. Au départ de « Concorde », ses errances l’amènent à voyager outre-atlantique, mais également à connaître l’amour ou à être confronté à un ascenseur social en panne avant de finir « Dernier(s) dans le monde ». Les titres s’inscrivent davantage dans le réel que sur Volume, son premier EP bien plus solaire. Largement aidé par une écriture impeccable, l’artiste arrive à mettre en exergue le quotidien de tout un chacun et en fait le fil rouge de ce disque. Le stéphanois ne prétend néanmoins pas raconter de grandes aventures fantastiques. La fiction est partout, tout le temps, et habite la tête de tous les rêveurs que nous sommes. Fils Cara pousse l’expérience cinématographique jusqu’au bout en créant un générique de fin. Huitième et dernière piste, « Crédits » remercie ceux sans qui Fictions n’aurait pu exister et prouve une nouvelle fois l’humilité du garçon.

Pop culture

Ce qui nous marque également dans ce disque, c’est l’attrait certain de Fils Cara pour la pop, au sens large du terme. D’un point de vue musical pour commencer, puisqu’il est évident que l’artiste s’éloigne petit à petit de son passé rap-trap pour se raccrocher à la chanson rive-gauche avec laquelle il a toujours flirté. Le piano est en effet la colonne vertébrale de ce disque, et cela n’a rien d’étonnant quand on connaît la relation qu’il entretient avec Francis, son petit frère aux claviers. Pour autant, il serait mensonger de vous laisser penser que Fils Cara rime désormais uniquement avec piano-voix. En réalité, certains morceaux tels que « Sous ma peau » ou « Derniers dans le monde » font preuve d’arrangements beaucoup plus pop et dansants. L’influence d’un label dont les trois autres groupes sont des acteurs majeurs de la scène pop internationale ? Ça ne nous étonnerait pas tellement. Toujours est-il que ces nouvelles couleurs illuminent le visage de Marc et lui donnent un joli teint.

Et il n’y a pas que la musique de l’artiste qui a été ensevelie par une vague pop, son écriture aussi. Les références culturelles sont nombreuses et semblent plus éclectiques que sur son premier EP. On sent une réelle curiosité de l’artiste pour la littérature, premièrement, mais aussi pour ceux qui ont marqué les époques et les esprits. Et plus qu’un intérêt pour ces derniers, Fils Cara les intègre à ses Fictions. Raconter les rêves, les errances et l’amour au 21e siècle en se référant à Nietzsche, Jimi Hendrix et Jesus de Nazareth ; ne serait-ce pas ça la pop culture ?

Partager :

publié par le 04/09/20