Côté rap français, 2020 risque de nous gâter. En trois semaines, deux très bons disques sont déjà sortis : La Bonne Ecole, sixième album de Demi-Portion, et Volume, premier EP de Fils Cara. On sait ô combien les premières réalisations sont importantes, et c’est notamment pour cette raison (et parce qu’on écoute « Argo » en boucle) que nous avons d’abord choisi de mettre en avant le jeune rappeur stéphanois.
Homme à la tête d’or
Nouvelle signature de Microqlima (Isaac Delusion, L’Impératrice, Pépite), Marc, alias Fils Cara commence sa vie à Saint-Etienne dans une famille stéphano-sicilienne. Tant bercé par le charbon que la musique italienne, il a choisi son nom de famille sicilien pour faire ses premiers pas sur scène. Et c’est ainsi que (Le) Fils (des) Cara émergea.
Catapulté dans le rap game, Marc rencontre Microqlima en février 2019 et charbonne dès lors à prouver que ses 16 mesures valent 24 Cara(ts). Fils Cara sort un single tous les mois à partir de septembre et fait en parallèle ses classes sur les scènes de Rock en Seine, la Boule Noire (Paris), Bars en Trans (Rennes) et des Inouïs du Printemps de Bourges.
Vendredi 17 janvier 2020, nous y sommes, le premier EP du chanteur est « dans les bacs ». Il s’intitule Volume et exhibe une tête flottante moulée dans l’or. Quand on se prend au jeu et que notre regard se perd dans les traits flous de ce masque, on croit même y distinguer le regard de Fils Cara. Les présentations faites et le disque entre les mains, il est temps d’appuyer sur lecture.
Poésie et humilité
Nous commençons la lecture des morceaux dans l’ordre imaginé par l’artiste et on retrouve des mélodies connues lors des 15 premières minutes d’écoute. En effet, les trois premiers titres de cet EP étaient sortis sous forme de singles en septembre, octobre et décembre.
Grâce à « Nanna », « Contre-Jour » et « Cigogne », nous avions déjà particulièrement accroché à la spontanéité de Fils Cara et avions commencé à commenter ses réalisations.
La suite de l’EP, qui, avec huit titres, pourrait d’ailleurs s’appeler album, s’inscrit dans la même lignée que ces trois premiers morceaux. Le chanteur nous prend par la main et nous emmène sur le chemin de son introspection. On y parle d’être, d’aimer et d’exister. Des images flash et des bribes de rêves sont délicatement glissées vers nos oreilles.
Chez Fils Cara, l’écriture semble automatique, les textes parfois même écrits le jour de l’enregistrement d’après les dires de son entourage. Les instrus sont discrètes et essentiellement composées de synthétiseur ou de quelques riffs de guitare. La simplicité de ces dernières n’est pas dérangeante pour autant, la place est en réalité faite à la puissance des mots.
Rappeur mais pas trop
Enfin, ce qui nous marque chez Fils Cara, c’est son stye atypique. Il est décrit comme un rappeur hors sol, « un satellite ». Le style dont il se rapproche le plus est bien évidemment le rap et c’est peu étonnant quand on sait que Volume a été produit par son compère stéphanois Osha (MHD, Zed Yun Pavarotti).
Néanmoins il serait trop réducteur d’en rester là. S’il se référence à ses idoles passées, Kate Bush, Bowie, et Kurt Cobain, Fils Cara nous rappelle en réalité Jean Ferrat ou Serge Reggiani. Il y a de la ballade dans le rap de Fils Cara et de la chanson française dans son talent d’écriture.
©PE Testard
En bref, nous sommes plus que séduits par ce premier EP de Fils Cara et persuadés qu’il ne faut pas se contenter de ranger le chanteur dans la case "rap". Les chansons « Contre-Jour », « Argo » et « J’m’en vais » sortent, selon nous, du lot et peuvent être tant appréciées par des amateurs de rap que de chanson française. Nous avons hâte de découvrir de quelle manière le stéphanois défend ce projet sur scène et vous invitons pour cela à nous rejoindre au Pop Up du Label à Paris le 29/01 pour la release party !