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publié par Mickaël Adamadorassy le 03/09/19
Rock en Seine 2019 - Jour 1

Déjà-vu

Cette édition de Rock en Seine 2019 commence finalement comme toutes les précédentes : On part très en avance, on teste un nouveau combo métro+ tram dans l’espoir de raccourcir le trajet mais on est quand même à la bourre pour le premier concert.

Et nos espoirs que la nouvelle scène des 4 vents soit un peu moins loin de l’entrée presse (près de la grande scène) que feu la scène du Bosquet s’évanouissent très vite. Sur la route on a juste le temps de constater sans trop de surprise que des allées reliant les scènes n’ont pas été réparés et sont pleines de caillasse qui fait mal au pied. À part ça le site n’a pas trop changé et en ce début d’après-midi, avec encore peu de monde, on y circule bien et l’atmosphère est plutôt bucolique.Il est 15h20, il faut chaud, le soleil est aveuglant et on est déjà essoufflé et Love Supreme commence son set alors qu’on découvre la nouvelle scène des 4 vents. Pour la taille de la scène, c’est à peu près équivalent à feu le Bosquet par contre il y a un petit bassin rond au milieu... drôle d’idée de mettre ça là... Au delà de ses considérations, la première impression est que le son est ... assez mauvais, ce qui ne va pas faire les affaires de Love Supreme.

Love Supreme

Sur disque, Love Supreme est quelque part entre l’electro et le jazz et séduit d’abord grâce à la voix grave du chanteur, Joseph Morice et à une forme d’élégante mélancolie qui alterne avec des phases plus pleines, des instrumentations variées, on penserait presque à du trip-hop par moment. Quelle surprise alors de voir cette musique plutôt sophistiquée transposée en live en duo guitare folk-clavier qui nous propose un set très acoustique où ne reste finalement de tout ça que la trame des morceaux et la voix de Joseph. Combiné à un son catastrophique au départ, juste acceptable ensuite et à ce qu’on suppose un manque d’expérience de la scène, cela donne une prestation live qui manque d’intensité, de capacité à faire partager l’émotion, l’énergie dans la musique. Dommage mais cela ne remet pas en cause les qualités du disque qu’on vous recommande, surtout si vous aimez les voix graves.

Voir les photos et l’article détaillé sur le concert de Love Supreme à Rock en Seine

Alice Merton

On s’était régalé avec la prestation d’Alice Merton à la Cigale et on attendait l’occasion de la revoir à Rock en Seine avec impatience. Soulagement le son est meilleur à la cascade qu’aux 4 vents, mais on reste un peu sur notre faim par rapport au son bien léché de La Cigale (honnêtement un son de festival est toujours un compromis, on ne peut pas attendre la même chose des deux) par contre la formation live qui accompagne Alice a gagné un bassiste et c’est plutôt une bonne chose vu le nombre de morceaux qui ont de bonnes lignes de basses. On a aussi l’impression d’une intention plus rock dès l’introduction du concert où les musiciens font lentement monter la sauce en instrumental pour installer le riff de "Learn to live".

Alice quand à elle est impeccable au chant, occupe sans problème toute la scène, tantôt à gauche avec son guitariste avec lequel elle semble très complice, tantôt à droite avec le claviériste et le "petit nouveau" à la basse et heureusement elle enlèvera assez vite ces lunettes de soleil (le soleil est toujours aussi aveuglant mais sans lunettes c’est quand même mieux vu du public). Comme Alice n’a qu’un album au compteur, la setlist est assez prévisible et reprend les "tubes" du disque, "Funny Business", "Homesick", "Lash out" et ma foi on ne demande pas mieux ! Et bien sûr "No Roots" réservée pour la fin du concert, qui fait monter encore d’un cran l’enthousiasme d’un public déjà bien réceptif et assez nombreux même s’il est encore tôt.

Silly Boy Blue

Silly Boy Blue aka Ana Benabdelkarim a un petit air d’Eva Green dans Penny Dreadful toute vêtue de noir. Avec un t-shirt The Cure , tandis que le nom du projet est emprunté à un texte de Bowie. On pourrait imaginer quelque chose inspirée de la vague new wave/goth ou des années 70’s avec ce tableau qu’on vient de dresser. En fait, à la guitare ou au clavier, juste accompagnée d’une boite à rythme parfois, Silly Boy Blue propose une pop/electro plutôt lumineuse, portée par la très jolie voix d’Ana. Même si elle sait bien gérer une scène, on se dit quand même que le live mériterait d’être développé avec un peu plus de musiciens mais pour un premier rendez-vous on est plutôt sous le charme.

Voir le compte-rendu et toutes les photos du concert de Silly Boy Blue

4 vents et Firestone : WTF ?

Enfin l’occasion de découvrir le nouvel espace accordé à Firestone cette année. Techniquement il s’agit juste de l’emplacement de ce qui était l’année dernière encore scène de l’industrie et on pensait donc retrouver la même chose avec un autre nom. Et en fait pas du tout : si l’espace dévolu au public est le même, la scène elle a énormément rétrécie. Elle imite l’intérieur d’un garage auto à l’américaine et n’est pas vilaine en soi. Par contre elle est tellement petite dans ce grand espace que ça en est quand même un peu ridicule... Et surtout où est la logique dans le fait de mettre les 4 vents, qui est une scène de taille moyenne dans un spot moins bon avec un bassin au milieu et de faire de l’industrie une scène physiquement plus petite, a priori réservée plutôt aux groupes découvertes mais paradoxalement dotée d’une "jauge" plus importante ?

Lee-Ann Curren

Enfin bref... ce n’est peut-être pas plus mal pour Lee-Ann Curren de commencer sur une petite scène. On l’avait choisie plutôt que Balthazar pour privilégier la découverte et on peut dire que dans le cas présent c’est vraiment terra incognita  : si vous cherchez des informations ou du son d’elle, vous ne trouverez pas grand chose sur sa carrière de musicienne mais plutôt sur celle de surfeuse (championne d’Europe quand même). Lee-Ann est à la guitare et au chant, accompagnée par un batteur et un bassiste/claviériste.

On la sent un peu stressée, concentrée, les yeux souvent rivés sur le manche de sa Les Paul. Les sourires et la décontraction mettront un peu de temps à venir et la prestation est un peu sage. On sent qu’il manque du rodage en live, que certains morceaux méritent encore quelques réglages surtout quand il s’agit de mélanger séquences rythmiques programmées et jeu live. Mais pour un projet qui débute encore, il y a de belles promesses et en cette fin d’après-midi où le soleil se fait moins agressif, le set passe plutôt bien.

We Hate You Please Die

En plus d’avoir le meilleur nom de groupe du monde et de respecter la parité (section rythmique féminine, chant et guitare avec service trois pièces), ce quatuor de Rouen ne perd pas de temps pour dynamiter la scène des 4 vents dès le premier morceau, en mode punk garage à fond les ballons. C’est déjanté, joyeux, énergique, bordélique et ça fait un bien fou en festival.

Voir le compte-rendu complet et toutes les photos du concert de We Hate You Please Die à Rock en Seine

Jeanne Added

C’est la troisième fois de Jeanne Added est à l’affiche de Rock en Seine, le parcours quasi-idéal : scène Ile-de-France en découverte(2014), scène de l’industrie en 2015 et cette fois-ci en 2019, c’est carrément la grande scène, apparemment adoubée par Robert Smith qui exigeait que le groupe qui précèderait The Cure sur la grande scène soit au niveau et responsable de la création spéciale que le festival demande chaque année à un artiste de l’affiche. Rien que ça... Il faut dire que Radiate, le deuxième album de Jeanne Added a amorcé un virage electro plutôt réussie qui leur a valu la reconnaissance de la critique, des pairs musiciens et d’un public de plus en plus nombreux. Sur Le Cargo !, on est un poil plus réservé : certes Radiate est un album de qualité, avec une production et des sonorités, une prise de risque payante qui le place au dessus de beaucoup de productions françaises, mais il nous manquait un petit quelque chose sur la longueur, tous les titres n’ont pas la même force, la même âme que le titre éponyme en fait.

En live, malgré toutes les qualités de la chanteuse et de ses excellents musiciens ( et il faut vraiment le souligner, si Jeanne a de la présence à revendre, que ce soit ses deux claviéristes ou son batteur, leurs sourires, leur énergie sont tout aussi communicatives), on a pas été entièrement convaincus. Et pourtant Jeanne Added est impeccable musicalement et vocalement, elle arpente la scène avec beaucoup de conviction et d’énergie, les morceaux sont bons, le son aussi (relativement au standard de la grande scène, il s’entend). Mais justement au bout d’un moment l’émotion pour nous semble se diluer dans cette immense scène, ce jeu de scène à la Christine & The Queens occupe l’espace mais sur nous en tout cas il finit par sembler un peu mécanique, tout en extériorisation, là où il y a des choses très subtiles sur le disque, qui y perdent quelque peu.

On a trouvé aussi que la création, une collaboration avec le choeur Accentus presque anecdotique, en dehors du morceau "a capella", avec juste les voix de Jeanne et du chœur qui était un beau moment.

On ne voudrait pas finir sur une note trop négative : jouer juste avant The Cure, alors qu’il fait encore jour, sur la grande scène, la mission était difficile pour Jeanne Added et autant la musique que le jeu de scène du groupe ont été à la hauteur de l’enjeu, pour nous c’est juste que parfois on aurait eu besoin de passages pensés de manière plus intimistes avec moins d’arpentages à la axl rose pour mieux apprécier les morceaux

Eels

On avait recommandé Eels dans notre petit guide Cargo ! dans la moindre hésitation et même si ça fait bien longtemps qu’on a pas entendu un album vraiment potable d’E parce qu’en live Eels c’est totalement autre chose, un autre chose nommé E. qui s’éclate en live et joue généralement avec une bande de tueurs qui font que même si certaines chansons ne sont pas géniales l’ensemble est plus que réjouissant.

Et en fait on a eu la très heureuse surprise d’être très en dessous du compte : Eels nous a tout simplement offert un des meilleurs concerts de la journée. La recette ? plein de oldies bien sentis, un groupe qui joue extrêmement bien et un E. en grande forme.

On est quand même obligé de partir juste avant le dernier morceau, même s’il y a en théorie un trou largement suffisant avant The Cure pour rejoindre la grande scène.

Voir le compte-rendu complet et les photos du concert de Eels

Embouteillages

Et pourquoi ? parce que devant la grande scène, ça fait des heures que les fans ont commencé à se masser à l’avant et ils ont désormais atteint une masse critique, de même que leur humeur. On les comprend : ils n’ont vu aucun autre groupe, ils attendent là depuis des heures et soudain ils voient des dizaines de photographes qui essaient de se frayer un passage jusqu’à la scène au milieu d’eux parce que l’organisation ne les autorise aucune façon de faire. Très vite les blagues passent à l’agacement qui passe à la franche hostilité avec cet argument imparable "j’ai payé 70 euros", on explique que c’est l’organisation qui nous oblige à passer là, qu’on fait pas ça par plaisir et qu’on ne va pas leur griller leur place devant... rien n’y fait... alors on choisit au bout d’un moment d’ignorer les invectives, de ne pas répondre et de continuer à avancer en s’excusant. On ne savait pas que 70 euros donnent le droit d’ignorer les galères des autres et de se montrer odieux mais bon... c’est vite oublier grâce au concert qui arrive.

The Cure

En matière de The Cure, on se situerait au dessus du béotien qui ne connait que les tubes que tout le monde connait et en dessous du fan qui va les voir à chaque tournée. Un stade où on connait à peu près tous les albums et où on écoute de temps en temps des lives anciens et récents du groupe. Du coup on est pas surpris de voir le concert commencer avec "Plain Song", un grand classique des setlists du groupe, qui ne passe jamais à la radio avec ces cinq minutes de synthétiseurs grandioses et de rêveries romantiques mais qui reste une des plus belles choses que Big Bob ait écrites. Mais Big Bob justement, on en revient pas : il est toujours tout en noir avec deux gros tas de mascara sous les yeux et les cheveux en pagaille, normal mais... il est tout sourire en arrivant sur scène, il fait coucou à droite, il fait coucou à gauche pendant que le reste du groupe déroule l’intro, Reeves Gabrels (qui a longtemps fait des merveilles avec David Bowie) à la Fender Bass VI joue la partie basse, tandis que Simon Gallup avec un look punk/métalleux, jean moulant déchiré et t-shirt Iron Maiden, s’occupe du riff principal.

Le son qui est habituellement assez vilain quand on est tout devant, blindé de basses est miraculeusement bon et donc ce n’est que le premier morceau mais on nage déjà dans la félicité alors que l’enchaînement des tubes les plus connus n’a même pas commencé, et il va y en avoir un paquet : "A Forest", "Just Like Heaven", "Lullaby", "Pictures of You","Love Song" et bien d’autres, des titres moins connus aussi, puisés dans presque toute la discographie du groupe , a priori seul Three Imaginary Boys et Pornography sont entièrement boudés (dommage "A Hundred Years" ça l’aurait fait...) .

En plus de ces quelques impressions de non-spécialiste, nous vous proposons le compte-rendu d’un vrai fan qui connait toute la discographie du groupe et les a vu de multiples fois en concert, accompagné d’un gros rab de photos :

Voir le compte-rendu détaillé et les photos de The Cure à Rock en Seine 2019

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