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publié par Emmanuelle Nemoz le 16/09/22
Les Athénéennes 2022 - 09-11 juin 2022 - Temple de la Madeleine et Alhambra, Genève -

Un festival qui programme jazz et classique au cours de la même soirée ? C’est aux Athénéennes, le festival genevois créé par les pianistes Audrey Vigoureux, Marc Perrenoud et Valentin Peiry qui se tient chaque année en juin et dont nous avions pu nous délecter de la soirée "spécial 10 ans" en 2021 (voir nos articles ici, et ).

Pour cette onzième édition, placée sous le thème de la musique vue par Dante dans sa Divine Comédie, nous avons pu assister à trois soirées sur neuf, soit sept concerts [1] entre baroque, folk, jazz, musiques du monde et rock.

Pour commencer, rendez-vous dans...un édifice du XVème siècle éclairé à la bougie (oui, de vraies bougies) : le temple de la Madeleine, haut lieu de la Réforme, qui accueillait tout d’abord le Quatuor Strada (Pierre Fouchenneret et Shuichi Okada, violon ; Adrien Boisseau, alto, et François Salque, violoncelle) et la pianiste Audrey Vigoureux pour une rencontre entre Mozart (l’ultramoderne "Quatuor pour Piano et Cordes K.478") et Fauré (le magnifique "Quintette pour Piano et Cordes n°2, op.115") qui ont su rendre au "classique" le côté rock’n’roll que l’on a tendance à gommer ou oublier. Place ensuite à une autre rencontre, celle du jazz et du folk suisse avec le dernier projet en date du pianiste Florian Favre, objet de son album Identitâ : arrangements très contemporains de classiques de l’art choral fribourgeois et compositions personnelles inspirées par ses racines, les morceaux sont bluffant de modernité et l’usage des "préparations" dont le pianiste est coutumier toujours aussi efficace : écharpe coincée dans les cordes, boîte de trombones et dictionnaire d’espagnol judicieusement placés tirent du piano des sons de percussions et de caisse claire ou étouffent les notes, voire les rendent dissonantes. Du grand Florian Favre, dans un cadre qui lui va comme un gant.

Le lendemain, c’est dans la belle salle de l’Alhambra que l’on a retrouvé...Fauré et ses "Quintettes pour Piano et Cordes", mais c’est le "n°1, op.89", qui était cette fois à l’honneur avec I Giardini - où l’on retrouvait également Pierre Fouchenneret, Shuichi OKada et Adrien Boisseau, avec Pauline Buet au violoncelle et David Violi au piano, rejoints par la mezzo-soprano Fiona McGown pour interpréter ensuite trois pièces de la jeune compositrice américaine Caroline Shaw.
Changement d’atmosphère pour le deuxième concert avec No-Mad Spirits, le groupe du virtuose du oud Amine Mraihi dont on avait adoré le premier EP, Foreplay, et que l’on se réjouissait de voir enfin sur scène. Le groupe a magistralement tissé au fil des morceaux des liens harmoniques entre musiques orientales, balkaniques et jazz-métal (si, si !), entre traditions et modernité, entre instruments et voix, avec le fabuleux guitariste Angel Demirev, Valentin Conus au saxophone, Axel Lussiez à la batterie mais aussi, en invités pour cette création autour de la thématique "dantesque" du festival, le fougueux pianiste Bojan Z et la chanteuse syrienne Lynn Adib, qui a notamment interprété des traductions en arabe de textes de Dante réalisée par le père d’Amine. Eblouissant.
Pour terminer, l’ambiance était décalée et très dada avec le spectacle musicalo-théatral d’Aquaserge, collectif insolite et inclassable, auquel la soprano-rock canadienne Kyrie Kristmanson est venue ajouter son propre grain de folie.

La soirée de clôture, toujours à l’Alhambra, nous réservait encore de grands moments musicaux dans des genres très différents, avec tout d’abord l’extraordinaire soprano Léa Desandre et l’Ensemble Jupiter, dont l’interprétation de Vivaldi oscillait entre émotions à fleur de peau et rock’n’roll, avec le luth de Thomas Dunford en guitare électrique du Baroque. Divin !
Après sa prestation en solo pour les 10 ans du festival en 2021, le pianiste Laurent Coulondre était de retour avec son nouvau projet, Meva Festa, une bombe rythmique occitano-latine où au jeu virtuose de Laurent répondent les percussion infernales d’Inor Sotolongo et Adriano Dos Santos Tenorio, les cadences implacables de la basse de Léo Chazallet et les cuivres surchauffés de Lucas Saint-Cricq, Robinson Khoury et Alexis Bourguignon, survolés par la flûte et la voix aériennes de Laura David. Irrésistible.

Une seule conclusion s’impose : Les Athénéennes, c’est le Paradis des mélomanes sans préjugés et sans frontières !

Notes

[1] Qui étaient en réalité au nombre de huit, mais une invitation à dîner avec une partie des musiciens - ça ne se refuse pas ! - nous a privé de celui de Lucie Antunes...

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