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publié par Philippe Ache le 27/11/19
ARLT
- Soleil Enculé
Soleil Enculé

Sur le Cargo !, nous sommes quelques matelots à aimer l’univers d’Arlt avec passion, car les disques d’Éloïse Decazes et Sing-Sing n’ont pas leur pareil dans l’univers musical français. Après La langue, Feu la figure et Deableries : trois disques qu’on ne se lasse pas de réécouter, voilà donc Soleil Enculé, qui s’accompagne de nombreux changements pour Arlt : un nouvel label, de nouvelles rencontres fécondes se traduisant par l’arrivée de Clément Verceletto aux cuivres et percussions et puis surtout... la séparation du couple formé par Éloïse et Sing-Sing. Nous étions prévenus, cet album-là ne serait pas le quatrième disque du groupe, mais le premier disque d’un nouveau groupe.

Arlt : Un homme , une femme avant tout

Car Arlt a d’abord été un couple Éloïse et Florian (Sing-Sing), une création symbiotique comme tant d’autres dans la musique : Gainsbourg et Birkin, Fred Chichin et Catherine Ringer (Les Rita Mistsuko) etc.

Elle  : sa voix inimitable, son sourire désarmant , ses talents insoupçonnés de lectrice et de comédienne (ceux qui ont assisté à quelques mémorables spectacles à la Maison de la Poésie nous comprendront)

Lui : doux-dingue de génie, guitariste et compositeur imaginatif mais aussi hypersensible (nous n’oublierons jamais sa version de Tu m’as encore tué un cheval, donnée lors d’un concert quelques jours après le drame du Bataclan.)

Certes sur scène, les improvisation guitaristiques de Mocke étaient tout aussi précieuses que les délires multi-instrumentaux du génial Thomas Bonvallet, mais Arlt vu de nous est avant tout affaire de couple. Qui n’est plus.

De haut en bas à Frère et Soeur : l’histoire continue autrement

Au printemps dernier, lors du concert de rodage de Soleil Enculé, on pressentit qu’une page de vie venait de se tourner. Tout d’abord ce titre "Frère et sœur"

"Voilà l’Enfance entre enfin Ca nous aura pris du temps Et presque tout autant Pour arriver frère et soeur"

Ensuite une interprétation particulièrement touchante qu’ils qu’ils donnèrent de Haut en bas (un de leurs plus vieux titres) sur le caractère possiblement fugitif du sentiment amoureux.

Puis ce fut officiel, Éloïse et Sing-Sing n’étaient plus ensemble mais Arlt continuait. Nous, touchés comme quand un couple d’amis s’est séparé, mais heureux de les voir capables de continuer à bâtir une œuvre commune, passant d’amants à "Frère et sœur".

Pourtant , surmonter la douleur liée à la séparation ne fut sans doute pas chose aisée. Difficile en revanche de l’exprimer de plus sensible façon que l’a faite le groupe avec "Les fleurs". Ce bouquet mis au congélateur dans l’attente d’un retour auquel le narrateur ou la narratrice ne croit plus.

Soleil Enculé : Toujours le même talent , encore plus de folie.

Musicalement, Soleil Enculé est assez proche de l’album Arlt &Thomas Bonvallet ; un disque totalement barré où Arlt se reprenait lui-même en compagnie des déjantés Mocke et Bonvallet.

Le groupe prend le risque de réinventer un son. Parfois un peu plus "rêche" que celui auquel il nous a habitué (je pense notamment à "L’Instant même") mais au moins nous amène-t-il sur des chemins rarement foulés. Il n’y a guère que le couple Borja Flames/ Marion Cousin pour s’aventurer dans de tels territoires.

Au niveau des textes, le duo reste un des plus doués qui soit. Parler amour par le biais de "L’angine", nous faire sourire en chantant le non-enterrement de Mamie ("La violence est rose") ou évoquer tels qu’ils le font "Le temps des commencements". Tout cela tient d’un talent unique.

Alors Les histoires d’amour finissent-elles mal en général ?

Si elles se confondent parfois pour les artistes l’art et la vie, de notre perspective de fan, ce sont deux choses différentes. S’il ne nous appartient pas de répondre à cette question sur le plan personnel, sur le plan artistique sans le moindre doute, ce Arlt réinventé continue de nous éblouir !

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publié par le 27/11/19