Ils étaient donc six groupes, jeudi 1er octobre, à avoir le privilège de jouer dans le magnifique grand auditorium de la Seine Musicale. Une demi-heure chacun pour défendre leur projet et convaincre le public. Outre la jauge fortement réduite, ce qui changeait également cette année, c’était la non-concurrence entre les groupes. Au lieu d’élire un seul lauréat, les artistes étaient tous gagnants et soutenus à hauteur de 3000€. Un joli geste dans une période d’autant plus compliquée pour ceux qui sont aux prémices de leur projet.
Sûrs d’être récompensés mais pas pour complètement détendus non plus à l’idée de jouer dans une salle à l’acoustique aussi réputée. 19h30, c’est Fils Cara qui arrive le premier sur scène. Après avoir écrit de nombreuses fois à son sujet ces derniers mois, nous étions plus qu’impatients de pouvoir enfin découvrir quelques morceaux de Fictions, son deuxième EP, sur scène. Toujours accompagné de son frère, Francis, au piano, Marc débute son set de manière intimiste avec les morceaux « Cigogne » et « Nanna » issus de son premier EP, Volume. Sa voix un peu enrouée et le son du clavier traversent la pénombre de la salle et captivent directement l’attention du public. Idéal pour lancer ensuite des titres plus récents et plus pops tels que « New York Times » ou « Film sans budget ». Si la poésie de ses textes nous fait toujours un effet fou, la prestance de Fils Cara sur scène nous éblouit une nouvelle fois. Charismatique et captivant, l’artiste nous offre même une nouvelle chanson jamais entendue auparavant et respirant autant l’amour que « Sous ma peau », par laquelle l’artiste finit son set.
Fils Cara
Après ce démarrage plus que réussi, c’est au tour des Global Network de se présenter dans le Grand Auditorium de la Seine Musicale. Toujours en duo, Loris Sasso et Nils Peschanski se tiennent debout, face au public et derrière leurs machines. Ce soir, ils nous présentent, entre autres, Cool Moments, leur superbe EP sorti fin mai. Si la version CD nous a fait voyager tout l’été, nous attendons de la scène d’être complètement transportés. Et, de fait, la montée en puissance de morceaux tels que « Your Love » ou « Care 4 U » nous laissent bouche-bée et nous plongent dans leur univers RnB-électronique si particulier. Malheureusement, un problème technique empêche les Global Network de réaliser le set qu’ils avaient imaginé. Affaiblis, le duo ne se laisse pas abattre et nous fait même beaucoup rire pendant les tentatives de réparation de leurs branchements.
Global Network
Convaincus par le set des Global Network, nous restons tout de même forcément un peu sur notre faim. Heureusement, les We hate you please die prennent la relève et semblent, à leur habitude, pris d’une folle envie de retourner la salle. Raphaël (chant, guitare), Chloé (basse), Mathilde (batterie) et Joseph (guitare) dévoilent dès les premiers titres leur facette punk. Punk, le quatuor l’est par ses mélodies endiablées, mais également par ses textes, souvent révoltés et politiquement incorrects. Jusqu’à leur dernier titre éponyme, les WHYPD font preuve d’une énergie débordante et reçoivent la validation du public qui avait, visiblement, très envie de hocher la tête en l’absence de pogos.
We hate you please die
Après la tempête We hate you please die, retour à un peu plus de calme avec le trio parisien Nyoko Bokbae. On laisse donc le headbanging pour la danse d’un projet original entre le zouk et le RnB. Même si leurs productions ne sont pas spécialement à notre goût, le groupe a le mérite de se distinguer par ses chants, en wolof, français et anglais et grâce à ses deux leaders et mannequins, John Grace et Boy Fall.
Nyoko Bokbae
Un énième changement de plateau et la lumière se retrouve de nouveau tamisée. Et pour cause, nous accueillons désormais l’attendu et émouvant Terrier. S’il n’a pour l’instant officiellement sorti que deux morceaux, le vendéen s’est déjà fait une petite place au sein de la scène francophone et impressionne un peu plus à chaque concert. Accompagné de son ami Gaspard à la batterie, David, de son vrai nom, nous émeut avec « Traversée Punk » ou « Naissance », une chanson qu’il dédie à sa mère. Les mots sont aussi puissants que les notes et nous rendent encore plus impatients de découvrir ce que nous réserve l’artiste dans son futur premier opus.
Terrier
Puis soudain on regarde notre montre, 23h15, c’est déjà l’heure du dernier passage. Derniers sur la timetable du festival mais premiers (à égalité avec We hate you please die) au classement du nom de groupe le plus original. Le duo qui déboule désormais sur scène s’appelle en effet Taxi Kebab et compte bien profiter de sa demi-heure pour nous mettre une dernière fois des étoiles dans les yeux avant fermeture. Pour ce faire, Léa Jiqqir et Romain Henry misent sur un mix audacieux entre musique orientale et traditionnelle, et électronique et contemporaine. La jolie voix et le bouzouki de la chanteuse s’accordent parfaitement avec les sons bruts de la table de mixage de son acolyte. Un set final ambitieux et maîtrisé !
Taxi Kebab