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publié par Mickaël Adamadorassy le 15/11/18
Pitchfork Music Festival 2018 - Jour 3

Troisième et dernière journée de l’édition 2018 du Pitchfork Music Festival Paris, ce samedit s’annonce plutôt bien avec deux des concerts qu’on attendait le plus : la révélation Snail Mail et bien sûr Monsieur Bon Iver, la tête d’affiche du jour. Au programme aussi Stephen Malkmus, une valeur sûre et Unknown Mortal Orchestra une proposition intrigante sur disque dont on est curieux de voir le live.

Muddy Monk

Le plan pour Muddy Monk c’était d’y aller juste quelques chansons pour voir si par miracle le live sauvait la musique electro 80’s de ce suisse dont le principal crime est une voix de tête permanente pas mal qui chante des choses assez bof. La réponses est... alors oui c’est moins pire en live que tout ce qu’on a pu entendre, pas de quoi s’arracher les tympans ou s’arracher tout court, on tient sans problème deux ou trois titres, des morceaux plutôt dansants, quelques personnes qui dansent , la salle est déjà un peu remplie même s’il est tôt. Mais bon ce n’est quand même pas très bon et cette voix brrrrr on en parlera encore aux enfants pour leur faire peur dans trois générations (oui on est un peu dans la mauvaise foi et l’exagération quand on aime pas)

Snail Mail

Avec celle de Bon Iver un peu plus tard, la prestation de Snail Mail c’était le moment qu’on attendait le plus dans le festival, tout déçu qu’on était d’avoir loupé le concert de la Villette Sonique : on a découvert (et adoré) l’album peu après... mais heureusement le Pitchfork nous offre une deuxième chance inespérée de voir le groupe en live !

Mais... on a beau aimer le disque, aimer la voix de Lindsay, on ne peut pas dire que la prestation de Snail Mail ait été très bonne : c’est peut être la fatigue, peut-être de l’appréhension face à une grande scène, le manque d’expérience, les lights ne sont pas terribles non plus. Mais le groupe semble recroquevillé sur lui-même sur scène, ça manque d’énergie, d’impact, la musique ne décolle jamais, ne prend jamais vraiment d’ampleur. Heureusement que la voix "fait le job", belle, expressive avec cette mélancolie, ce spleen lancinant qui rend le disque si mémorable, on finit donc par rentrer dans le concert et on fait de son mieux pour ne penser qu’aux belles choses mais il y a donc de gros progrès à faire en live.

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Stephen Malkmus & The Jicks

Chez Stephen Malkmus, le mythique leader de Pavement, les cheveux ont blanchi depuis la Route du Rock 2012 mais la classe est toujours présente, à l’instar de l’autre tour de contrôle du rock indé, Thurston Moore, qui après avoir été un grand ado pendant 50 ans, a soudainement un peu plus paru son âge. Les deux en plus d’être des icônes du genre ont aussi en commun d’avoir gardé leur voix intacte et que cette voix on ne peut pas l’entendre sans tout un tas de réminiscences. Ça touche à l’identité même de ce qu’est le rock indé. Enfin on sent quand même qu’on est plus dans les vétérans que la jeune pousse : la musique vous bouscule rarement, le groupe lui-même est assez statique mais Stephen fait le spectacle avec sa guitare, jouée dans le dos à la Hendrix, à bout de bras, pointée en l’air, en bas, en feedback devant l’ampli. Classe donc, pas extraordinaire mais plus que plaisant, on regrettera juste que le bonhomme ne soit pas très communicatif et qu’on ne verra pas ses yeux du concert, planqués qu’ils sont sous ses cheveux.

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Unknown Mortal Orchestra

On avait eu du mal à cerner Unknown Mortal Orchestra sur disque, on y sentait des influences jazzy, psychédéliques, un peu de funk/R’n’B aussi, un joyeux melting pot fonctionnant plus ou moins bien selon les titres. Sur la scène du Pitchfork, la musique que nous offre le quatuor guitare-basse-claviers-batterie correspond assez bien d’instruments, on sent les accords jazzy et en même temps le clavier est gavé de phaser et de saturation, la guitare aussi, et si le chanteur/guitariste Ruban Nielson n’a pas franchement une voix puissante ou un très beau timbre, il a un bon sens du groove et il y a de l’expressivité. Par contre, il manque peut être un peu de charisme ou alors ce sont les parties de chant qui sont rarement passionantes. Mais donc c’est surtout instrumentalement que le groupe nous a marqué : un très bon batteur mais qui sait se limiter et envoyer fort quand il faut, par moment de très bon riffs de guitare, un superbe passage façon mur du son avec le claviériste qui fait hurler son saxophone. On n’est pas devenu fan de Unknown Mortal Orchestra à l’issue du concert, certains morceaux nous ont laissé de marbre en terme de style mais la plupart ont une bonne énergie, un groove contagieux et musicalement il se passe toujours quelque chose d’intéressant.

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Bon Iver

Le concert de Bon Iver aura duré une heure trente. Dix-huit titres se sont enchaînés sans pause, sans beaucoup d’interaction avec le public et avec une grande discrétion de la part de Justin Vernon. Il ne nous a présenté ni les chansons ni les musiciens et il n’a pas enlevé sa casquette durant tout le concert. On aime ou n’aime pas. Moi, il m’a conquise. La setlist est bien adaptée aux grandes salles et aux festivals, avec un parfait équilibre entre anciennes et nouvelles chansons. Justin et ses musiciens ont transmis en live des émotions qu’on avait du mal à retrouver dans son dernier album. Malgré sa retenue d’artiste tourmenté, il a su nous offrir une prestation exceptionnelle, moins chaotique qu’elle ne pouvait paraître. En quittant la salle,on entend dire « That was an amazing show » et on ne peut qu’être d’accord. Justin n’a pas fini de nous surprendre. C’était un concert exceptionnel !

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That’s all folks !

Et voilà c’est fini pour nous le Pitchfork Paris 2018, on laisse la place au peuple de la nuit, venu groover toute la nuit dans la grande Halle. On ressort de cette édition 2018 très satisfait, les têtes d’affiches se sont montrés à la hauteur, les révélations ont pour la plupart montré de belles choses, quelque soit le style musical il n’y eu quasiment aucun groupe qui provoque chez nous le rejet immédiat et globalement cette édition a été plus rock que celles des dernières années. De quoi être donc satisfait, on pourra à la limite trouver que la programmation est moins audacieuse et moins avant-gardiste et donc pas franchement de découverte ou de coup de coeur surprise mais d’un autre côté on éviter le syndrôme, récurent au Pitchfork, du groupe qui propose un premier très bon disque et se retrouve catapulté sur une scène trop grande pour ses capacités en live. Cela dit des surprises il y en aura eu... on n’aurait jamais parié sur Étienne Daho et il a très bien assuré et même si ce n’était pas vraiment une découverte, on ne s’attendait pas à ce que Dream Wife mette autant le feu, la progression de Car Seat Headrest en tant que groupe de scène est impressionnante aussi et bien sûr il y a les valeurs sûrs CHVRCHES et Bon Iver qui ont comblé de bonheur les matelots du Cargo dépêchés sur place !

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