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publié par Mickaël Adamadorassy, Natalia Algaba le 25/11/18
Bon Iver - Pitchfork Music Festival Paris 2018 - 03/11/2018

On ne va pas se mentir, c’est surtout pour revoir Bon Iver que j’étais venue au Pitchfork Paris ce samedi. J’avais prévu de le voir en janvier 2017 mais la tournée européenne avait été annulée et c’est finalement en septembre de l’année dernière que je l’avais vu à la salle Pleyel pour son troisième album 22, a million. Un disque complètement inattendu, où Justin Vernon rompait avec la folk mélancolique pour nous offrir une folk futuriste et robotique à base de samples, des bruitages et de la déconstruction de sa voix. Un album qu’on a appris à aimer, qu’on a apprivoisé au fur et à mesure des écoutes et qu’on a fini par adorer.

À 21h15, Justin Vernon et ses musiciens débarquent sur scène. Le public, qui a commencé à s’amasser devant les barrières bien avant la fin du concert précédent, les attend avec impatience. Ils sont sept dans cette incarnation live de Bon Iver : deux batteurs, l’un face à l’autre au fond, deux cuivres à peine visibles derrière Justin, un guitariste à sa droite, et, à sa gauche, un multi-instrumentiste qui s’occupe du clavier, de la basse et joue aussi des solos de saxos captivants.

Le concert commence avec trois chansons du dernier album ; Justin est face au public, on le sent plus à l’aise et en forme qu’il y a un an, même s’il reste caché derrière son clavier. Peu de lumières pour l’éclairer malgré les nombreux projecteurs sur scène. Après la quatrième chanson, « Heavenly father », il s’adresse enfin au public : «  Merci d’être venus, merci d’être là. J’espère que vous passez un excellent weekend en sécurité. Il est important de se sentir en sécurité. Merci d’être ici ! ». On sent dans ces paroles la mélancolie et l’émotivité qui le caractérisent.

La cinquième chanson arrive, « 29 #Strafford APTS », et on est ravi d’entendre sa voix grave, sans artifices. Il laisse ensuite sa guitare électrique un instant pour reprendre sa guitare folk et chanter « Beach Baby », de 2009, à laquelle se succèdent quatre chansons de l’album Bon Iver(2011) qu’il adapte cependant en changeant le rythme. Les titres s’enchaînent sans pause. Sa voix est parfaite, le groupe également : on aime le clavier sur « Wash », la puissance des deux batteries qui jouent de concert sur « Perth », on a le frisson quand Justin hurle encore et encore « never gonna break » à la fin de « Minnesotta, WI ». Le remarquable solo du saxophone dans « Michicant » qui laisse la salle plongée dans le silence, comme envoutée.

Puis c’est le temps à nouveau des chansons de 2016 : « 8 (circle) » et « 33 GOD ». Chauffé par un lightshow qui est monté en puissance, comme le jeu des deux batteurs, le public est maintenant à fond et se manifeste bruyamment à la fin de chaque morceau, tout en respectant un silence religieux pendant. Justin enchaîne avec « Blood bank » et ensuite « ____45______ », avec comme seuls instruments son clavier et le saxophone. Il remercie à nouveau le public. « Merci beaucoup d’être ici, j’espère que tout le monde est cool envers les autres », dit-il. Le public applaudit. Ce seront ces derniers mots.

On est à plus d’une heure de concert et pour la fin, trois anciennes chansons : « Creature Fear », « Calgary » et « Woods », celle dernière chantée à capella au vocoder, en faisant des loops ; il est seul au milieu d’une scène plongée dans le noir, tous les spots convergent vers lui et il est illuminé tel un Messie. Derrière moi, une fille hurle : « This is so fucking cool ». Et puis la fin arrive, avec « 22 (OVER S∞∞N) », accompagnant son interprétation de belles gesticulations. Les musiciens disent au revoir avec un signe de la main et disparaissent. Il n’y aura pas de rappel.

Le concert aura duré une heure trente. Dix-huit titres se sont enchaînés sans pause, sans beaucoup d’interaction avec le public et avec une grande discrétion de la part de Justin Vernon. Il ne nous a présenté ni les chansons ni les musiciens et il n’a pas enlevé le casque qui lui sert de retour durant tout le concert. On aime ou n’aime pas. Moi, il m’a conquise. La setlist est bien adaptée aux grandes salles et aux festivals, avec un parfait équilibre entre anciennes et nouvelles chansons.

Justin et ses musiciens ont transmis en live des émotions qu’on avait du mal à retrouver dans son dernier album. Malgré sa retenue d’artiste tourmenté, il a su nous offrir une prestation exceptionnelle, moins chaotique qu’elle ne pouvait paraître. En quittant la salle, j’entends dire « That was an amazing show » (et oui, il y avait plein d’anglais ce samedi soir au Pitchfork) et je ne peux qu’être d’accord. Justin n’a pas fini de nous surprendre. C’était un concert exceptionnel !

Texte de Natalia et photos de Mickaël

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