accueil > articles > lives > Pomme

publié par Mathilde Vohy le 06/03/20
Pomme - La Cigale, Paris - 28/02/2020

Pomme et Le Cargo !, c’est une belle et indestructible histoire d’amour qui dure depuis maintenant cinq ans. Alors quand on a appris que la chanteuse allait faire plusieurs dates à Paris vous vous doutez que nous n’allions pas nous contenter d’aller voir un seul de ses trois concerts. Alors, après le premier acte fin janvier, voici le récit du deuxième passage de Pomme à la Cigale.

La Cigale, Paris

Quelques heures avant le début du concert l’excitation est à son paroxysme. Premièrement parce que, personnellement, mon dernier concert de Pomme remonte à sa date au Trianon en janvier 2019. Également parce que nous sommes impatients de découvrir les chansons des Failles dans leurs versions live. Mais aussi et surtout parce que Pomme vient d’annoncer que la première partie serait assurée par Safia Nolin.

Safia Nolin, pour ceux qui n’en auraient jamais entendu parler, c’est l’alter ego de Claire Pommet. Leurs voix, leurs affinités musicales, leur amour du Québec et plus simplement leurs vies se complètent depuis quelques années. L’année dernière, c’est déjà elle qui avait ouvert son Trianon. Entre temps, elles ont notamment collaboré sur le titre « Lesbian Break-up Song », et sur une reprise de « Ma meilleure amie » de Lorie. Pas compliqué de constater que les deux chanteuses sont inséparables, donc.

Il est par ailleurs bon de rappeler que Safia Nolin n’est pas que l’acolyte de Pomme. Elle est avant tout une chanteuse talentueuse et prometteuse. Et nous ne sommes pas les seuls à le penser quand on voit à quel point le public acclame son arrivée sur les planches de La Cigale. Safia Nolin nous salue et nous prévient qu’elle chantera 6 chansons. On reconnaît notamment « Lesbian Break-up Song » dont nous vous parlions plus haut, mais également « Les Dagues » extrait de Dans le Noir et « La Laideur » de son premier album Limoilou. L’année dernière, la québécoise nous racontait ses péripéties de randonnée entre ses chansons, cette année, ce sont ses Sim’s qui sont au centre des discussions. Sa simplicité et son humour sont, eux, inchangés. Pour clore son passage en beauté Safia Nolin nous fait la surprise d’inviter son ami Benjamin Hekimian aka Waxx sur scène. Le musicien, producteur et compositeur vient l’accompagner à la guitare sur une magnifique reprise de « The Reason Is You » des Américains d’Hoobastank.

Les chansons sombres de Safia Nolin et sa voix chargée de mélancolie ont réussi, en seulement une demie-heure, à ramollir notre cœur. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines puisque c’est au tour de Pomme de faire son apparition sur scène.

Des émotions Grandiose(s)

Pomme fait son apparition sur la scène alors plongée dans le noir et commence, sans un mot, par jouer « Anxiété » et « Je ne sais pas danser ». Ces deux titres phares du nouvel album nous sont proposés dans une version électrique et épurée. Pas de fioriture, juste quelques notes au clavier ou à la guitare et la voix de Pomme. Impossible de passer à côté de la pureté de cette voix quand on assiste à un concert de la chanteuse. Son timbre est brut et organique. Chaque mot prononcé nous transperce tout droit et atteint directement notre cœur. Les notes résonnent dans nos entrailles et nous prennent aux tripes.

Les émotions sont d’ailleurs encore plus fortes quand on s’intéresse aux paroles des chansons. Les failles de Pomme prennent encore plus de sens en live. On entend et comprend ses peines amoureuses, ses questionnements sur la mort, ses difficultés à trouver sa place en société. Le public connaît les textes par cœur et passe pour complice en les récitant en même temps que la chanteuse.

Entre les morceaux, notre relation devient un peu plus intime. Claire se livre. Elle nous raconte la création de son dernier album Les Failles, sorti le 1er novembre 2019 et de Les Failles Cachées, la réédition parue le 14 février. Respectivement le jour de la fête des morts et des amoureux, tiens donc. Avant de jouer sa nouvelle chanson « Les cours d’eau », Pomme nous dit qu’elle se sent bien ici avec des gens qu’elle connaît, bien mieux que sur les plateaux télé qu’elle est tenue de fréquenter depuis son prix de l’album révélation aux Victoires de la Musique le mois dernier. Il n’en fallait pas plus à la Cigale. Un quart de seconde plus tard le public est debout et remercie l’artiste d’une standing ovation. Pomme nous regarde émue et laisse couler ses larmes sans rien dire. Nous avons la chair de poule et du mal à nous remettre de ce moment unique.

On pensait pouvoir reprendre nos esprits sur les morceaux où Pomme ne parle plus en son nom mais nous étions bien dupes de penser une chose pareille. Que ce soit lors de sa version française de « Bad Guy » de Billie Elish ou de sa reprise d’« Itsumo Nando Demo », BO du film d’animation Le Voyage de Chihiro, nous avons de nouveau le souffle coupé face à tant de grâce.

Un spectacle qui a De quoi me plaire

Si la voix de la chanteuse est si hypnotisante c’est aussi qu’elle est de mieux en mieux accompagnée. Pour la première fois, un groupe, composé de Caroline Géryl aux percus et Clémence Lasme à la basse et aux claviers l’entoure sur scène. A ces instruments se rajoutent les guitares de Pomme, ses boîtes à son et sa célèbre auto-harpe. Elle s’amuse même de constater que cette dernière a plus de succès qu’elle auprès de ses fans.

Deux musiciennes sur scène ça peut paraître peu mais leurs accompagnements changent radicalement le visage des chansons. Avant, Pomme, en live, c’était une guitare et une très belle voix. Nous pouvons désormais affirmer que des chansons comme « La Lavande » ou « Ceux qui rêvent » ont de vraies versions live avec écrin musical différent de l’album.

Enfin, Pomme fait même le pari de réinterpréter son plus gros succès, la célèbre « On Brûlera ». Pour ce faire, elle invite Safia Nolin à revenir sur scène. Assise sur un tabouret haut, Pomme joue les premiers accords de la chanson dans un silence religieux. Les deux chanteuses se relaient sur les couplets de la chanson. Elles entonnent ensuite le refrain ensemble, chacune à son octave. Les voix sont complémentaires, les regards complices et le public définitivement conquis.

Partager :

publié par le 06/03/20