En ce dimanche de début octobre, Françoiz Breut était au Café de la Danse pour nous présenter son septième album, Flux flou de la foule, un titre en forme d’exercice piégeux de prononciation, qui en fait roule très agréablement sous la langue. La production, les ambiances s’y distinguent d’entrée de ses prédécesseurs, par un côté plus électro, plus pop même, mais comme eux il s’est fait tout naturellement une place dans nos playlists. Le mieux à ce sujet est quand même de lire la chronique du disque par Mélanie, nous on va vous parler plutôt du concert et du combo "haut de kimono agrémenté de pandas" - cycliste.
En effet, c’est la tenue de scène de Françoiz ce soir, qui au début nous interroge quelque peu mais la suite apportera une explication satisfaisante mais totalement inattendue à cette énigme (si avec ça vous n’allez pas jusqu’au bout du texte...). Mais reprenons, la chanteuse est accompagnée sur cette tournée par Marc Melià aux claviers, Roméo Poirier à la batterie et François Schulz à la guitare et la basse. On connaissait déjà les deux premiers d’un précédent concert de Françoiz au Point Ephémère, le "petit nouveau" est un multi-instrumentiste qui joue aussi dans Hoquets ( (dont on vous conseille la session très barrée à Montmartre).
Quatre musiciens cela pourrait sembler peu pour retranscrire la richesse du disque (voir d’envisager de parcourir toute la discographie de Françoiz à travers une setlist) mais dès la première chanson, "La Chute des damnés", l’ambiance lancinante, étrange, fantomatique du titre s’installe sans peine dans un Café de la Danse chaleureux, qui semble rempli de "connaisseurs" et dont le son jamais trop poussé permet de profiter idéalement de la voix de Françoiz, des subtilités des claviers ou encore du plus beau son de guitare électrique du monde (celui d’une Jazzmaster dont on égrène les cordes).
On enchaine directement avec "Mon dedans vs mon dehors", un des titres les plus électro du disque mais aussi un des plus accrocheurs pour son refrain, la ligne de guitare lumineuse qui l’accompagne, le contraste qui se crée avec les couplets plus dépouillés. Avec "La conquête" , on passe à l’album précédent sans changer d’univers. En fait la prestation de ce groupe qui semble très soudé et bien rodé, avec une maitresse de cérémonie tout aussi captivante par sa présence que par la beauté de son chant, sonne de manière très homogène alors qu’il y a des ambiances différentes au sein même du dernier album qui constitue la moitié du set. Avec bien sûr l’excellente "Juste de Passage" mais aussi "La Fissure", pour laquelle Françoiz nous explique qu’il est question de centrale nucléaire, apparemment la Belgique a le même problème de vieillissement que la France. Pour nous remettre tout cela en perspective, elle nous demande à combien de kilomètres se situe la centrale la plus proche de Paris. Quelqu’un dans le public le savait très précisément. Ce qui en soit était marquant, plus que l’information elle-même, qu’on a oubliée mais les internets sont là pour ça.
Mais on arrive à la fin et vous ne savez toujours pas pourquoi le kimono-cycliste. Si vous avez déjà vu Françoiz Breut en concert, vous visualisez un jeu de scène qui s’apparente à une danse langoureuse, des regards fiévreux, des mains sans cesse en mouvement. Rien ne vous prépare donc à un "Vingt à trente mille jours" en version très rock, son passage instrumental où Françoiz se met à courir à fond les ballons sur son bout de scène, en lâchant ses cheveux et les secouant comme un fan de death metal au premier rang face à son groupe préféré. Une débauche d’énergie totalement inattendue, totalement géniale et pour laquelle le cycliste était tout à fait la tenue appropriée, mais attention le cycliste-kimono, l’exubérance et la classe.