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publié par Mélanie Fazi, Mickaël Adamadorassy le 13/06/18
Demi Mondaine - Petit Bain, Paris - 12/06/2018

On attendait avec impatience, et une pointe de nervosité, ce premier concert parisien de Demi Mondaine depuis un an – le premier depuis l’aventure The Voice. On ne savait pas trop ce qu’on retrouverait intact ou transformé, sur scène comme dans le public. Dans un Petit Bain quasiment plein, beaucoup de visages familiers, beaucoup de nouveaux venus aussi, qui se mêlent assez naturellement. Du concert lui-même, on gardera après coup l’impression d’un patchwork bigarré, collage de moments et d’images hétéroclites qui puisent dans le passé du groupe comme dans des acquis plus récents. De l’imprévu, du classique, des tentatives de faire se rencontrer les mondes et les humeurs, des tâtonnements aussi – un concert imparfait, mais ce n’est pas la perfection qu’on vient chercher chez Demi Mondaine, d’autres font ça beaucoup mieux. C’est dans le lâcher-prise et le chaos qu’ils sont le plus à l’aise, comme ils le démontreront encore ce soir.

Si l’on retrouve avec plaisir de purs morceaux de scène dont on ne se lasse jamais (« Intempérance », « Garde fou »), c’est peut-être dans ce que l’on voit s’esquisser de nouveau que le concert nous captivera le plus. Des gestes inattendus, plus posés, des essais de mise en scène (de l’ouverture où la voix de Béatrice résonne longuement depuis les coulisses, au changement de costume pendant le final d’un morceau), des titres repris de la récente expérience télévisuelle : le « Crazy In Love » de Beyoncé, sensuel et émouvant, et une version habitée du « Au suivant » de Brel que Béatrice et le groupe s’approprient totalement. Quelque chose se lâche différemment dans la voix sur ces morceaux-là, dévoilant d’autres facettes que le répertoire habituel. Un autre candidat récent de The Voice, Edouard Edouard, les rejoindra pour « Paris sous la neige » pendant lequel ils chahuteront comme des gamins hilares.

Et puis, vers la fin, quelque chose monte en puissance. Les meilleurs moments, ce soir, seront ceux où le groupe s’autorise à prendre le temps d’étirer les morceaux, de les tordre, de les faire rugir et hurler. « Garde fou » était déjà jubilatoire, mais ce sont à deux titres de l’album Paris-Désert qu’on doit les plus belles fulgurances de la soirée : « Opium » tout en ruptures de ton, en équilibre entre rock et hip-hop, qui atteint des sommets furieux, et puis « Junk Kiss » au refrain répété comme un mantra par une Béatrice de plus en plus animale, toujours aussi monstrueusement charismatique, tandis que Mystic, Erwan et Allan lâchent les fauves derrière elle. On voudrait que ça ne s’arrête jamais, on retrouve le groupe tel qu’on l’a connu dans ses moments les plus sauvages, tel qu’on vient chaque fois le retrouver sur scène – mais quelque chose perce derrière, une amorce de mutation dont on ne prend pas encore bien la mesure. Deux beaux nouveaux morceaux entendus ce soir, puis l’intégration de ces reprises qui sonnaient aussi juste ici que sur le plateau de TF1 – il y a là quelque chose qui frémit, qui surprend et renouvelle, quelque chose que l’on a hâte de voir se développer. Un concert de transition, peut-être, riche de promesses et de possibles.

(Photos : Mickaël, texte : Mélanie)

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