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publié par Mélanie Fazi le 28/06/16
Demi Mondaine
- Paris-Désert
Paris-Désert

S’il devait n’y avoir qu’une seule raison d’écouter Paris-Désert, elle s’appellerait « Enchanteur ». Un de ces morceaux qui touchent à une forme de grâce absolue : on comprend tout de suite dans nos tripes que ce morceau-là est exactement tel qu’il doit être, dans le mariage parfait de ce refrain-là avec ce riff-là. Un morceau à la fois exigeant dans sa construction et immédiat comme le rock sait l’être. Passé le riff qui vous chope d’entrée de jeu, la chanson se cherche brièvement avant de s’élancer comme un train qui s’emballe. Elle frappe fort, cette chanson-là. Certainement l’une des meilleures de Demi Mondaine, qui avait déjà placé la barre assez haut avec Aether il y a deux ans.

Profession de foi

Si Aether proposait une hybridation passionnante de rock viscéral et de « chanson française » au sens traditionnel (« Paris sous la neige » rappelait notamment le souffle de Brel), Paris-Désert emprunte un tout autre chemin. On y retrouve malgré tout ce qui fait l’identité du groupe, ce mélange finement dosé de sauvagerie et de maîtrise. Car l’essentiel, dans le rock, n’est peut-être pas tant de crier le plus fort que de savoir précisément quand baisser la voix. Mais Paris-Désert s’en va aussi puiser dans d’autres sources d’inspiration – voir l’intro « countrysante » et électrisante de « Junk Kiss » ou le pont quasi disco d’« Enchanteur ». Les chansons surprennent par leur construction toute en ruptures de ton, et c’est finalement ainsi qu’elles nous maintiennent sur le qui-vive : toujours efficaces mais jamais prévisibles.

Pour le reste, tout est là : les riffs hargneux de Mystic Gordon, la voix de Béatrice plus féline que jamais, les refrains qui claquent et cette belle écriture poétique et directe à la fois, riche d’images surprenantes qui paraissent nées au fil de la plume et des pensées. Et puis cette sincérité qui suinte toujours entre les lignes. Quand Béatrice chante, sur « Like I Breathe », « Listen as I sing to get through the day », on croirait y entendre une profession de foi – qu’ils aient la musique dans le sang, qu’elle soit pour eux une raison d’être, on n’en doute pas un seul instant.

Montagnes russes

Paris-Désert est un EP court mais dense, sans fioritures ni faux pas. Tout s’emboîte parfaitement, tout est à sa place. Si, de manière générale, on s’avère plus sensible au chant de Demi Mondaine en français qu’en anglais (parce qu’il y a là, une fois encore, une sacrée belle écriture et une manière de la faire sonner), on s’étonne de compter « Junk Kiss » parmi nos préférées, avec sa structure en montagnes russes alternant couplets incandescents et refrain tout en rage glaciale et contenue. On retrouve ici tout ce qui nous séduit chez Demi Mondaine, tout ce qui nous a convaincus de faire ce bout de chemin avec eux depuis deux ans : une intensité, un vrai perfectionnisme dans la démarche doublé d’une grande générosité – il suffit de les voir sur scène pour s’en convaincre.

Et puis, par-dessus tout, il y a cet « Enchanteur » impérial qui nous promet la lune et nous offre les étoiles. Cet « Enchanteur » qui parle d’ailleurs dorés et de nuits fusionnelles, et au cœur duquel fut cueilli ce titre qui appelle à de si douces rêveries : Paris-Désert. « Couvrons d’oasis tous ces chemins de pierre... »

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publié par le 28/06/16