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publié par Mickaël Adamadorassy le 18/02/19
Therapy? - La Maroquinerie, Paris - 10/02/2019

Première surprise en arrivant devant la Maroquinerie en ce dimanche soir : une file d’attente très longue, en fait comme on en avait jamais vu depuis qu’on va voir Therapy ? en concert. Ce qui nous ramènerait à la tournée Suicide Pact You First qui était passée au Club Dunois en 1999. Dans la queue, quelques têtes connues, des métalleux, des fans en T-shirt T ? qui parlent anglais et beaucoup de gens dans la tranche 35-40 ans, un public plus "pop-rock" que d’habitude... Est-ce du à l’anniversaire de Troublegum, à la recommandation du concert par Telerama ou simplement au dernier album, Cleave, très réussi ? Sûrement un peu des trois mais le principal est que la salle est bien remplie et réserve un accueil chaleureux à nos irlandais préférés (avec Glen et Lisa bien sûr).

Le concert commence comme il se doit à fond les ballons avec deux titres phares de Cleave, « Wreck it like Beckett » et son riff ravageur puis « Expelled » qui nous fait toujours un peu penser au « Radio-Friendly Unit Shifter » de Nirvana. En face, le public s’agite déjà mais on est à qu’à l’échauffement là... Notre dernière avec Therapy ? remonte à quelques années déjà mais sur scène la configuraition n’a pas trop changé : Michael "Evil Priest" McKeegan à la basse et aux chœurs, au centre Neil "Drum like a motherfucker" Cooper et bien sûr Andy Cairns au chant et à la guitare.

Une petite nouveauté quand même (pour nous) : Stevie, le technicien guitare d’Andy joue pas mal de parties de soutien, parfois c’est juste perceptible parfois cela fait une grosse différence : sur disque, les guitares sont doublées, quadruplées voir plus mais sur scène depuis le départ de Martin McCarrick en 2004, c’était compliqué pour certains morceaux, y compris des titres emblématiques comme Nowhere dont le riff rend beaucoup moins bien sans une autre guitare. Stevie fait très bien ce boulot de support en apportant une assise, une densité supplémentaire quand c’est nécessaire mais sans non plus se mettre en avant : il est bien présent sur scène mais sur le côté, s’occupant des guitares et de l’ampli d’Andy quand il ne joue pas.

On enchaîne avec « Die Laughing », qui fait hurler de joie une partie du public (dont votre serviteur). Ce deuxième tube de Troublegum est généralement dédié à Kurt Cobain et dans la fosse, dont on avait un peu peur qu’elle soit calme, c’est le début du pogo dont les vagues viennent régulièrement bousculer les premiers rangs, où on gueule tous les paroles des refrains. Ça sera pareil pour les sept autres extraits de Troublegum (« Nowhere », « Screamager » qui sont de tous les concerts mais aussi « Turn », « The Knives » et quelques autres).

Cleave sera lui aussi très bien servi : les deux "singles" du disques « Crutch », « Callow », « Success is survival », « Kakistocracy » qui sera l’occasion pour le groupe de dire tout le mal qu’il pense du Brexit et de la classe politique britannique. Andy est très en forme ce soir et même si T ? va jouer plus de deux heures, il prend un peu plus que dans notre souvenir de parler avec le public même si son français c’est de "la merde" (et son anglais aussi affirme-t’il), de le remercier de sa fidélité. Comme tout le monde me direz-vous, mais dans les yeux et dans le ton, on sent que ça compte et pour avoir vu T ? dans des salles beaucoup plus petites mais avec la même bande d’acharnés qui est toujours là , même au Plan à Ris Orangis, c’est clair que si le groupe peut fêter ses trente ans l’année prochaine c’est aussi grâce à cette fan base qui lui reste acquise album après album.

Dans la fosse, il fait bien chaud, on s’est déjà pris pour notre plus grand plaisir dix titres bien énergiques, la foule a mis quelques chansons pour démarrer le pogo mais il ne semble pas parti pour s’arrêter et pourtant Andy calme le jeu d’un coup en amorçant en son clair (peut être la seule fois dans la soirée ?) les premiers accords de « A Moment of Clarity », une des chansons généralement les moins aimées de l’album le moins aimé du groupe (Infernal Love) mais moi une des plus belles choses que Andy ait écrite. Elle a peu ou pas été jouée live depuis la tournée de l’album et c’est une surprise et un bonheur immense de l’entendre en concert dans une version qui est en plus très réussie. Le groupe semble plus ou moins réconcilié avec l’album lui-aussi, en tout cas il en jouera deux titres : « Diane », la version "punk" sans les cordes du disque et plus inattendu « Bad Mother », un titre sympathique d’Infernal Love mais quitte à choisir on aurait pris « Misery » ou « Stories ».

On finit le concert (ou plutôt la première partie du concert) de manière assez "traditionnelle" : du Troublegum (« Screamager » et « Stop it... » et Potato Junkie, passage obligé, pour se casser à la voix à hurler “James Joyce is fucking my sister” encore et encore. Et le groupe reviendra pour un long rappel avec entre autres « Nowhere » et « Knives » et puis on se quitte heureux, fatigués, dégoulinants, avec plus beaucoup de voix mais un tas de beaux souvenirs. Et on se dit même en descendant la rue de Ménilmontant que c’est certainement le meilleur concert de Therapy ? auquel on a assisté.

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