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publié par Mickaël Adamadorassy le 16/10/18
The Posies - La Maroquinerie, Paris - 09/10/2018

The Posies est l’un de ces groupes de rock alternatif américains classés un peu trop vite dans la vague grunge. Rétrospectivement celle-ci en tant que style musical bien défini n’a jamais vraiment existé, c’était plutôt le résultat d’une forme de paresse journalistique et d’un marketing opportuniste. Ce fut quand même une chance pour la formation créée par Ken Stringfellow et Jon Auer (guitare et chant tous les deux), qui se fait alors connaître avec le single « Dream All Day », beaucoup entendu en France sur les radios rock de l’époque. Mais le revers de la médaille c’est qu’au delà du single, les morceaux même s’ils sont copieusement arrosés de guitares saturées, sont loin du format grunge, la sensibilité qui s’y exprime très différente de la noirceur d’un Nirvana. Leur album Frosting On the Beater sorti en 1993 contient bien d’autres pépites que « Dream All Day » et mériterait certainement un peu plus de reconnaissance des (nombreux) amateurs de la musique des 90’s voir des mélomanes en général.

La suite n’a pas été toujours rose pour le groupe, ils ont perdu leur major, se sont séparés un moment pour se consacrer à des projets solos mais ils ont fini par se retrouver. Pour célébrer leurs trente ans de "vie commune", Ken et Jon ont voulu reconstituer le line-up de Frosting On the Beater, c’est à dire Mike Musburger à la batterie et Dave Fox à la basse et monter une grosse tournée aux USA et en Europe. Parmi les quatre-vingt dates , il y en avait une à la Maroquinerie et on ne pouvait pas la louper même si William Fitzsimmons jouait le même soir.

On se retrouve donc dans la fosse de la Maro alors que Oaks (qui est le groupe de l’ancien bassiste de Melville) a bien entamé son set. La salle est déjà pas trop mal remplie, la moyenne d’age est un peu plus élevée que d’habitude, beaucoup de 35/40 ans mais pas uniquement. Quand les Posies arrivent sur scène un peu plus tard, on jette un coup d’œil circulaire et si la Maroquinerie n’est pas complète, la salle est sensiblement plus remplie que notre fois précédente avec eux, pour la tournée Blood/Candy.

Avoir un public qui répond présent en nombre, qui connait les chansons et manifeste son enthousiasme, c’est tout ce qu’il faut pour qu’un bon groupe déjà bon en live se dépasse. Les Posies nous offrent donc un concert à la fois débordant d’énergie et même temps chaleureux car ils prennent le temps de parler entre les morceaux, raconter un peu l’histoire du disque, de se vanner gentiment. Leur prestation est impeccable musicalement mais ça n’empêche pas le groupe de faire le show : Jon qui brandit sa Gibson SG, la balance au plafond, la maltraite tellement lors du final qu’elle finit avec le chevalet arraché et les cordes en vrac. Ken aka The Spit Machine son truc c’est plutôt de sauter dans tous les sens, pas une fois , pas deux mais pendant presque tout le concert quand il n’est pas en train de chanter.

Le bassiste Dave a un superbe costume deux pièces recouvert de bruitages de BD aux couleurs vives et même s’il est un peu en retrait, près du batteur en fond de scène, il se remue autant que les autres (on ne sait pas si c’est pour la cohésion du basse-batterie ou si le groupe a convenu tacitement d’une "spit zone" réservée à Ken). Le batteur n’est pas en reste non plus, quand il ne commence pas le morceau en montant sur sa grosse caisse, il lance régulièrement ses baguettes en l’air... sauf qu’il n’est pas très bon dans l’exercice et que ça passe de justesse à chaque fois pour enchaîner derrière !

La setlist, le son massif, le chaos contrôlé sur scène, tout cela ramène évidemment aux années 90 et le groupe excelle dans ce domaine, en fait à voir les Posies jouer on se rend compte à quel point le rock rentre-dedans, énergique, les performances scéniques débridées, ces groupes qui vous donnent l’impression que tout est spontané, qu’ils donnent tout pour que chaque moment surpasse le précédent, tout ça on l’avait peut- être perdu avec la vague électro, la nouvelle chanson, le revival des sons 80’s. Et c’est sacrément bon de revenir à tout ça.

Même si les Posies sont loin de se limiter aux titres les plus "bourrins" et aux titres de Frosting on the Beater : on aura aussi le plaisir de retrouver nos deux titres préférés de Blood/Candy : « The Glitter Prize » et « Licenses To Hide » avec en invitée au chant Nina Savary.Le groupe a gardé les titres les plus connus pour la toute fin du concert et après sa femme qu’il a fait venir sur scène un peu plus tôt, c’est avec beaucoup de fierté que Ken nous présente sa fille Aden qui va jouer avec eux un Dream All Day envoyé avec de grands sourires et de beaux moments de complicité "familiale".

On termine le concert, heureux et repus avec « Solar Sister ». Comme toute bonne chose, on en aurait repris un peu, on en aurait repris toute la nuit mais donc ils ont déjà tellement donné, y compris l’envie de retrouver en live plus souvent cet esprit rock, cette débauche d’énergie comme eux savent si bien faire.

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