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publié par Sfar le 30/01/08
The Mars Volta
- The Bedlam In Goliath
The Bedlam In Goliath

“the record that did not want to be born”

"Après un voyage à Jérusalem, Omar aurait ramené avec lui une planche de jeu de style Ouija et l’aurait offerte en cadeau à Cédric. Le groupe aurait souvent joué avec le jeu après des spectacles (ndr : lors de la tournée avec les Red Hot Chili Peppers). Selon eux, ils seraient entrés en contact avec l’esprit Goliath qui leur aurait dicté des mots et expressions, dont quelques uns ont été utilisés pour l’album. Malheureusement, plus tard, durant leur tournée, The Mars Volta ont connu quelques malchances ... Le groupe croit que les événements ont été causés par le Soothsayer et Omar a donc enterré la planche de jeu à un endroit qu’aucun autre membre du groupe ne connaît. The Bedlam in Goliath est la façon, disent-ils, de dissiper la malédiction tombée sur eux, en l’envoyant à la population. Ils qualifient même cet album de maudit."

Voici quelle serait la genèse de ce nouvel album de The Mars Volta. Car ce groupe a ceci de fascinant : chacun de ses albums est un concept album et trouve ses inspirations dans histoires souvent basées sur des faits réels détournés en aventures plus étranges, dramatiques et surréalistes les unes que les autres. Pour De-Loused In A Comatorium il s’agissait d’un jeune homme (ami du groupe) plongé (véritablement) dans le coma qui vivait des histoires incroyables à travers ses rêves. Frances The Mute partait de la découverte d’un journal intime à l’arrière d’un taxi dont chacun des personnages décrits à l’intérieur servait de trame pour les chansons de l’album. Et donc là pour The Bedlam In Goliath nous voilà plongés au cœur d’une fabuleuse malédiction qui planerait sur le groupe.

Depuis Amputechture les albums et les produits dérivés de The Mars Volta s’accompagnent d’un artwork au goût certes discutable mais dont l’atmosphère sied à merveilles aux morceaux du groupe. Ici on devine à la lecture des images les ambiances nord africaines et le côté fantastico-délirant (des insectes géants sont portés sur la tête d’une africaine) que nous retrouverons dans la plupart des morceaux de l’album.

“So please, by all means, take our music”

La difficulté majeure concernant une chronique d’un album de The Mars Volta réside dans la complexité des morceaux que le groupe propose. Il faut généralement de très nombreuses écoutes, voire des mois et même des années avant d’en saisir la force réelle ou toutes les subtilités intrinsèques. Un esprit peu habitué au style grandiloquent des morceaux, à ce mélange détonnant de rock progressif, punk rock latino aux effets spéciaux étranges risque d’être vite rebuté même en faisant preuve d’une motivation extrême. La longueur des morceaux (pourtant beaucoup plus abordable que sur Amputechture) les cassures de rythmes incessantes, ont de quoi dérouter et faire décrocher rapidement les auditeurs les plus inattentifs. Car oui je le dis, je le crie même haut et fort l’écoute d’un album de The Mars Volta ça se mérite, ça se travaille et ça ne se fait pas comme ça en quelques minutes en zappant rapidement d’un morceau à un autre histoire de dire « oui j’ai écouté c’est nul ! ». Taratata On écoute d’abord une première fois histoire de se familiariser avec la chose et puis on commence la découverte morceau par morceau... et dans l’ordre s’il vous plait ! Dans une interview récente Omar Rodriguez Lopez, deuxième tête pensante du groupe expliquait qu’il n’avait aucun souci avec les gens qui téléchargeaient illégalement leur album, qu’il n’avait pas été choqué que l’album ait été leaké 15 jours avant sa sortie officielle. A partir du moment où ceux qui le récupèrent, l’écoutent, prennent du plaisir à le faire et s’y intéressent. C’est cela l’essentiel pour un artiste (Hallelujah Omar !). D’après lui, même si on « vole » un album sur le net quoi de plus gratifiant que de voir les gens qui l’écoutent se passionner aussi pour son origine, le sens caché de ses paroles, les illustrations qui l’accompagnent...

C’est aussi pour toutes ces raisons qu’il est bien difficile d’évoquer The Bedlam in Goliath comme cela dans une chronique de quelques lignes. Moi-même qu’ai je pu retenir et véritablement comprendre des ces écoutes intensives durant une dizaine de jours ? Alors que je n’ai commencé à saisir véritablement le sens de morceaux d’Amputechture et les subtilités d’orchestration de certains titres qu’une année après la sortie de l’album. The Mars Volta ne proposent pas de ces albums kleenex qui s’essoufflent en trois écoutes, qu’on a vite fait d’effacer de son disque dur ou de ranger dans une cdthèque pour ne les ressortir que lors d’un déménagement. Un album de The Mars Volta on le laisse mûrir, on se laisse le temps d’apprécier des morceaux qu’on a au premier abord détestés. On a la curiosité de passer des soirées entières à essayer de comprendre pourquoi à 3’ 50 la batterie repart de plus belle. On essaye de comprendre le sens caché de ce travail (si cela est de l’ordre du possible) ou du moins on essaie de se laisser emporter dans les mêmes délires qui ont inspiré Cedric Bixler lors de l’écriture et de la composition des morceaux. On ne doit pas avoir peur de se laisser complètement envoûter et guider par une musique parfois un peu pénible mais dont l’accoutumance va venir vite, très vite.

“something much more aggressive”

Il est peut être temps d’aborder enfin les morceaux qui font The Bedlam In Goliath. Comme le confie Omar Rodriguez, l’album semble aux première écoutes beaucoup plus agressif que les précédents. D’ailleurs, fait cocasse, il n’y a pas ici la fameuse balade douce, que l’on retrouve sur chacun des autres albums. Point de Televators, de The Widows ou encore de Asilos Magdelena sur ce disque. Et pourtant ! Elle existe cette chanson douce, il s’agit d’un morceau inédit qui a même été joué lors du fameux concert du New Years Eve le 31.12.2007 et dont une version acoustique circule sur le net. Alors pourquoi ne la trouve-t-on pas dans cet album ? ça me dépasse et ça m’énerve même qu’elle n’y soit pas. La prochaine fois il faudra que Bixler et Rodriguez me demandent mon avis sur les track list et je leur dirai quoi mettre dans leur album. Il y a bien un morceau un peu plus calme que les autres, “Tourniquet man”, mais il n’a pas l’intensité de ceux qu’on pouvait trouver sur les albums précédents. Il est même desservi par un abus d’effets en tout genre sur la voix de Cédric Bixler.

The bedlam In Goliath commence de manière très nerveuse avec un “Aberinkula” qui pose déjà le côté bien agressif de l’ensemble. “Metatron” enchaîne dans un rythme aussi nerveux et tient bien ses 8 minutes sans faiblir. par contre, ce qui pourrait déjà rebuter certains ce sont les effets de distorsions sur la voix de Cédric Bixler qui font que par moment on a l’impression d’entendre Donald Duck. Disons qu’au bout d’une certaine dose d’écoutes on s’y fait. “Ilyena” surprend : déjà parce qu’on est peu habitués à ce genre de morceau un peu rock dance avec quelques pointes presque disco chez les garçons d’El Paso et on saisit d’ailleurs assez mal comment ce morceau s’imbrique avec le reste de l’album. “Wax Simulacre”, premier single, remet bien vite les choses en place : on y retrouve l’énergie des premiers titres, le morceau est très court et très rock. Avec “Goliath” on sent les prémices de ce que sera le final de l’album, le jeu des percussions y est déjà phénoménale (il faut d’ailleurs souligner que Thomas Pridgen nouvelle recrue à la batterie depuis Amputechture s’en sort à merveille sur tout l’album), les riffs de guitare sont hallucinants tout comme la voix de Bixler qui semble partir dans des délires hystérico-acidulés surprenants. Une pause survient avec le "faux morceaux doux" de l’album “Tourniquet Man” ; une jolie mélodie accompagne un chant plaintif et tortueux et même distordu... tellement distordu qu’on croirait que Bixler vient d’inhaler massivement 2 litres d’hélium. S’ensuit un morceau qui laisse pour l’instant la plupart des auditeurs sceptiques, le long (trop long) “Cavalettas”. Rares sont ceux qui ont été touchés par ce titre, c’est un peu le morceau fourre tout, en fait on atteint là les limites de l’expérimentation "Mars Voltienne". Il me semble qu’arrive un moment où il faut savoir se limiter sur quelques points. On est prêt à suivre Bixler dans tous ses délires mais quand ça part vraiment dans tous les sens, sans véritable ligne mélodique agréable, une voix bien trop trafiquée, des percussions qui pour le coup sont quasiment inexistantes et bien c’est décevant. Il s’agit sans aucun doute du moins bon morceau de l’album. On poursuit notre écoute et là nous commençons à atteindre les perles de ce quatrième album avec déjà “Agadez” dont la dernière minute trente est vraiment exceptionnelle de puissance et d’intensité. Puis s’ensuivent les premières paroles de “Askepios” terriblement angoissantes. Ce morceau est l’un des plus accessibles de l’album, il s’apprécie dès la première écoute, son jeu de basse est assez époustouflant. L’intensité monte crescendo avec “Ouroborous” où on se laisse emporter sur des rythmes endiablés qui nous mènent de manière effreinée jusqu’à un final mêlant le chant doux aérien de Bixler répondant à une voix grave irréelle semblant venir d’outre tombe. Toute cette partie de l’album devient de plus en plus étrange et il est difficile de formuler correctement toutes les sensations perçues. C’est à la fois déroutant et terriblement plaisant de se laisser porter dans des délires musicaux qu’on ne maîtrise pas tout à fait. “The Southsayer” se présente comme l’un des morceaux les plus surprenants que Mars Volta n’ait jamais réalisé . Dépaysement total, ambiance moyen orientale, on entend des prières, des bruits de rue, des instruments à corde, puis s’interfère la musique du groupe avec ses jeux de guitares orientaux, le retour des cordes pour une ambiance totalement déracinante. On passe de moments tout en douceur à des flashs musicaux d’une rare violence. “Conjugal Burns” achève The Bedlam In Goliath de façon magistrale .

Pour résumer l’album démarre de manière énergique, présente quelques faiblesses pour prendre toute sa véritable nature et sa force sur les 5 dernier morceaux dont l’intensité ne retombe jamais.

Des Bonus ? En veux-tu ? en voilà !

En parallèle de The Bedlam In Goliath, The Mars Volta nous propose sur des face B ou différentes éditions de l’album 6 covers et une version vidéo magnifique de “Cygnus...Vismund...Cygnus (Live)” de plus de 20 minutes. Concernant les covers il y en a pour tous les goûts : du rock punk de circle Jersk avec “Back Up Against the Wall”, une version époustouflante de “Birthday” de The SugarcubesBixler prend la voix de Björk. Puis aussi pèle mêle on peut trouver une reprise des Pink Floyd “Candy and a Currant Bun”, du Nick Drake avec “Things Behind the Sun” , du Soft Machine avec “Memories” et un très étonnant “Pulled to Bits” de Siouxsie & the Banshees.

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publié par le 30/01/08
Derniers commentaires
gab - le 01/02/08 à 09:34

ben dis donc, tu vas avoir un emploi du temps de wonderwoman si tu dois faire le track-listing de tous les groupes que t’apprécies ;-p

Jipi - le 22/02/08 à 23:20
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Bien écrit ! beau travail !

The Mars Volta est un groupe sensationnel qui évolue on ne sait comment dans le milieu des Majors.

Sfar - le 24/02/08 à 12:29
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Merci beaucoup Jipi

ce commentaire me touche d’autant plus que je tiens beaucoup à ce groupe et à ce qu’ils font ...

Max - le 10/03/08 à 15:32
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SALUT A VOUS

Bien ecrit, excellente intro, un peu long, mais vu la qualité de cet album pour les initiés, ca se comprend et voir meme, on peut trouver ca encore un peu court.

Par contre, j’ai été déçu par ton commentaire sur la 7 de ce fameux Bedlam in Goliath : le long (trop long) “Cavalettas / Je le trouve pourtant excellent, je dirais meme que je l’adore ce morceau ! ce décrechendo progressif, whaouuuu ... et si je me mets à parler des autres tracks, ....
allez si ... je le lache, de tous les albums de Mars Volta, je trouve, que ce dernier né est bien le début d’un nouveaux TMV qui me plait encore plus encore, ils viennent de passer une étape ! Un Cap Majeur dans leur façon voir leur composition et je trouve ca magique ! Le fait de mentionner les extra cinématographique de Omar Rodriguez Lopez créer directement un rapprochement avec le sentiment que l’on peut ressentir à l’écoute de cet album, on a l’impression de vivre une épopée, un voyage auprès des MArs Volta, et la ca devient mysthique ! Pour moi cet album s’écoute comme un livre (ds l’ordre)

A Ecouter en ENTIER sans modération, un pure chef d’oeuvre, un album qui mérite réellement d’être acheté, et voir meme 2 fois, un pour la maison un autre pour la voiture !!!

ET A L OLYMPIA !!! ... bleuffant, dmg que le public fut un peu mou ! on a pas eu le droit au slam de Cedric... tampis pour une prochaine.
PS : Petit bemole à l’ingé du son (c vrai que c pas facile ac leur explosion qui partent ds tous les sens) Les boules kies etait impérative pour apprécier toutes l’ingéniosités du groupe ! Aigus trop Perssant ! dur à saisir !

Informations

Sortie : 2008
Label : Universal Music Group

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