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publié par gab le 27/05/15
The Apartments
- No song, no spell, no madrigal
No song, no spell, no madrigal

Pendant très longtemps The Apartments a été pour moi le groupe de deux morceaux enregistrés en concert chez Lenoir sur France Inter (en 1993 ou 94), "Mr Somewhere" et "The goodbye train". Et quels morceaux. Deux sommets intemporels qui vous transpercent de part en part. Deux âmes sœurs. J’en suis resté là pendant au moins 10 ans et puis à la lecture d’une biographie sur les Go-betweens j’ai découvert les liens étroits qui unissaient au départ ces deux groupes de Brisbane (Australie) et comme au même moment l’album Drift était réédité, je me suis laissé tenter. Je ne vous cache pas que j’ai été un peu déçu en le découvrant. Par le son déjà, très marqué par son époque, et par les morceaux ensuite puisqu’à part "The goodbye train", le reste, loin d’être désagréable, ne m’a pas plus remué que ça, de l’inconvénient des attentes un peu trop élevées.

découvert

C’est pourquoi l’annonce du retour de Peter Milton Walsh en concert il y a un an ou deux puis d’un nouvel album de The Apartments au printemps ne m’ont pas plus fait réagir que ça. Puis j’ai vu la pochette apparaitre à droite à gauche et la curiosité a pris le dessus, je me suis lancé (lors d’une session de crêpes Kozelek, comme quoi ça marche aussi). Et voilà comment en une écoute j’ai été scotché. Scotché par cette immense interprétation, j’y retrouvais le chanteur que j’avais découvert à la radio, tellement habité, tellement présent. Musicalement pas de dépaysement, on est en terrain connu, à noter tout de même énormément de classe dans les instrumentations et le ressenti. L’association chant/musique fonctionne d’ailleurs étrangement bien quand on y pense, loin de se sentir mal à l’aise dans un environnement plutôt propre, la voix éraillée de PMW s’empare des rênes et dompte tout ce qui passe à sa portée, auditeur et musique igual. Voilà donc le genre d’album qu’on s’attendait à découvrir à l’écoute de Drift. La surprise aujourd’hui n’en est que meilleure.

distance

Mais je m’interroge, comment parler d’un disque sans en évoquer le sujet ? J’aurais aimé m’en tenir là, ne pas rentrer dans la vie privée de Peter Milton Walsh, garder une distance respectueuse. D’autant qu’à la première écoute, j’étais loin de me douter, ce pouvait être un disque de séparation, un disque d’absence relativement classique. Et puis on s’en imprègne et puis les paroles font leur chemin, et cet enfant disparu est là et bien là. Comment parler du disque sans lui ? Je suis assez époustouflé d’ailleurs de l’absence de pathos, de la juste distance à laquelle il se place, même après quinze ans. L’émotion est là mais avec la retenue qu’il faut pour ne pas mettre l’auditeur mal à l’aise. « Longing to let go now » nous répète le superbe "No song, no spell, no madrigal" en ouverture de ce disque d’au revoir. Et on est tous là pour accompagner ce départ.

 

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publié par le 27/05/15