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publié par Céline Non, Mickaël Adamadorassy le 28/01/20
Süeür - la Boule Noire, Paris - 23/01/2020

Süeur figurait en bonne place dans nos découvertes à creuser du MaMa 2019. Ce soir, dans une Boule Noire remplie de fans enthousiastes, ce groupe francilien fondé en 2017 a confirmé tout le bien qu’on pensait déjà de sa musique hybride entre hip-hop et rock, qui se nourrit aussi bien de rap old school que de trap, de rock ou de chanson française. Qui vous enveloppe dans son ambiance sombre, envoûtante installée avec des textes déclamés comme un réquisitoire sans appel, parfois parcourue de déflagrations, d’emportements soudains et jouissifs.

Le groupe avait donné rendez-vous à ses fans pour la release party de leur première "mixtape"... ce que les gens un peu âgés ou pas dans le coup seraient tentés d’appeler un gros EP ou un mini-album, voir même un album : à 35 minutes ça se discute !

Le concert commence avec une intro instrumentale qui fait monter la fièvre lentement, une nappe entêtante dans les basses et une clarinette qui tisse une atmosphère, les instruments entrent progressivement, la batterie de Léo, la basse de Florian et bien sûr en tout dernier le chanteur Théo, la capuche bien enfoncée sur un visage où c’est le regard intense, direct qui frappe. Son arrivée fait monter en flèche l’enthousiasme du public et c’est parti pour un set intense qui ne laisse aucun répit au public comme au groupe.Celui-ci maîtrise totalement son sujet : même si l’essentiel est joué live, certaines parties sont enregistrées et cela nécessite beaucoup de rigueur, même si on a l’impression que c’est le chaos sur scène.

Avec Süeür ça a l’air facile grâce à un batteur impeccable de bout en bout, sans esbroufe mais parfait pour rendre indiscernable percussions live et électroniques. Le reste de l’instrumentation live c’est donc essentiellement le sautillant Florian dont la basse souvent saturée se charge autant du support rythmique que de la partie mélodique. Théo qui arpente le devant de la scène, déclame, chante, invective avec sa voix grave, alterne entre débit mitraillette de rappeur avec les gimmicks et les jeux de mot, chant plus classique et scansion poétique de type slam. Tout n’est pas toujours réussi mais tenter des choses ambitieuses c’est aussi ce qui rend Süeür intéressant et différent, un tout jeune trio capable de faire la synthèse de trap, du rap , du rock et de la (grande) chanson (Le groupe reprendra d’ailleurs le "Thank You Satan" de Léo Ferré).

Süeür enchaîne les morceaux de sa mix-tape, on découvre de nouveaux titres, retrouve des sons entendus au MaMa, l’imparable et implacable "Quand la logique" dont la lourdeur du son fait écho aux paroles glaçantes du prophète Théo, le gros tube "MTM" qui sera joué deux fois, la deuxième avec le guitariste invité qui balance la grosse guitare saturée, ça fonctionne tellement bien qu’on se demande d’ailleurs pourquoi il n’a pas fait ça plus souvent, plutôt que de juste glisser quelques notes en intro de certains morceaux.

Avec donc juste une mix-tape de 35 minutes au compteur, Süeür ne peut bien sûr pas offrir un concert-fleuve mais ce n’est pas ce qui compte, leur set est bien maîtrisé, intense, il y a une personnalité singulière, un mélange inédit d’influences et une sacrée ambiance, le résultat d’un travail d’équipe entre un frontman charismatique et un public chauffé à blanc. Musicalement et surtout vocalement il faut certainement faire encore un peu le tri, entre ce qui marche et ce qui marche moins. On apprécierait un mix qui mettrait un peu moins la voix en avant au profit de l’instrumentation et que pourquoi le quatrième larron , venu en guest ce soir, rejoigne le groupe à plein temps, sans que cela ampute la partie électro/trap. En attendant on vous conseille d’écouter la fameuse mix-tape de Süeür !

(texte de Mickaël et photos de Céline)

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