Le canton suisse du Valais est atypique à plus d’un titre, et pas seulement parce qu’il est germanophone en amont de sa vallée du Rhône et francophone en aval : c’est aussi là que se tient chaque année le PALP Festival.

Véritable OVNI culturel, le PALP Festival s’est donné pour mission de valoriser le terroir à travers des évènements uniques dans des lieux aussi divers que des appartements privés, des châteaux historiques, un amphithéâtre romain, des lacs et cabanes de montagne, des jardins publics, des centres urbains ou encore des alpages de plusieurs communes et régions valaisannes : musique, expositions, gastronomie, spectacles et activités littéraires débutent chaque année au printemps, battent leur plein en été et se terminent en automne.

Si les plus connus sont la Rocklette du val de Bagnes et l’Electroclette de Verbier qui, comme leur nom l’indique, associent respectivement rock et electro avec raclette et fendant [1], les événements du PALP recèlent nombre de pépites à débusquer, tel le concert de Stephan Eicher entre une église fortifiée et un château médiéval dans le cadre de la "Schlösser" de Sion.

Délaissant pour un temps grandes formations et grandes salles, Stephan Eicher a en effet accosté à Sion avec son "Radeau des Inutiles" (référence à la culture qualifiée de "non essentielle" pendant la pandémie), une tournée en extérieur placée sous le signe de la convivialité et de l’intimité, avec une scène surmontée d’une voile et des bancs pour un public de 200 à 300 personnes.

A chaque escale, Eicher invite un artiste différent à partager la scène avec lui ( Rodolphe Burger, Raphaël, Hania Rani...) et ce soir-là il avait convié Birds On a Wire, le duo formé par Rosemary Standley et Dom La Nena que nous avions adoré l’an dernier au CosmoJazz Festival (voir notre article ici).

Alors que la lumière estivale baisse tranquillement, les spectateurs arrivent en avance par le petit sentier qui monte depuis la vieille ville de Sion, pour pouvoir déguster leur assiette de raclette, arrosée de fendant comme il se doit, sous l’œil de Stephan et des ses musiciens installés eux aussi sur un banc.

Le concert débute au coucher du soleil avec une série de morceaux récents ("Sans Contact Part I") et classiques ("Combien de temps ?") interprétés dans des arrangements acoustiques qui les mettent particulièrement bien en valeur par Eicher et son groupe, rejoints ensuite par Dom et Rosemary pour quelques covers très réussies, l’alchimie étant flagrante entre les musiciens. Le duo reste ensuite seul en scène à son tour, enveloppé par la nuit sous un éclairage tamisé, et la magie opère toujours entre le violoncelle et la voix.

L’atmosphère est poétique, intimiste, et le public se laisse flotter avec délice autour de ce radeau providentiel qui déborde de talent, de bienveillance et de générosité.

L’arrivée de tambours bâlois et de deux danseuses en costume traditionnel qui viennent rejoindre les musiciens sur le radeau annonce la fin de cette soirée hors des sentiers battus, et on espère que maintenant, après cette tranquille démonstration de ses talents tant de compositeur que d’interprète, Stephan Eicher va pouvoir aller dîner en paix. Raclette et fendant ?