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publié par Mickaël Adamadorassy le 27/12/19
Starcrawler - Petit Bain, Paris - 20/11/2019

Cédric avait raison. On ne le savait pas au moment où on se plante tout devant la scène de Petit Bain en attendant Starcrawler et qu’il nous dit qu’il va plutôt se placer hors de la fosse sur le côté. Mais il avait raison. Tandis que nous on préfère rester au "cœur de l’action", on a déjà vu Starcrawler en concert et si cela chahute un peu, rien de bien méchant quand même.

Mais quelle erreur ! le gentil pogo du Point Ephémère de 2018 s’est transformé en mêlée intense et parfois brutale. Il semblerait que ça va avec le changement de public : il y a un an, il y avait un mélange de public rock indé pointu : pas mal de gens plutôt calmes, le genre qui suit les canaux permettant de découvrir un tout jeune groupe californien quasi-inconnu et qui hoche légèrement la tête dans un silence respectueux et quelques agités qui expriment leur joie un peu plus physiquement, sans atteindre une masse critique qui transforme la fosse en zone de guerre et donc c’était cool, grosse ambiance mais possibilité de se concentrer à 100% sur le concert.

En 2019, Starcrawler n’est déjà plus un "the next big thing", à force de buzz, essentiellement autour de Arrow et de son personnage très trash sur scène, mais aussi pour la musique d’un deuxième album qui est vraiment bien et plus fouillé que le précédent. Le public est donc beaucoup plus varié, en partie rajeuni et donc dès les premières secondes de "Home Alone", il transforme une bonne partie de la fosse en moshpit où d’abord on danse et on saute joyeusement mais très vite tout çà s’anime, ça se bouscule "gentiment" et les mouvements de foule viennent s’écraser sur les premiers rangs. Qui généralement rigolent et repoussent les assaillants dans l’autre direction. Ce que tout le monde fera sauf un mec. Qui finira par s’engueuler avec un autre, et c’est le roadie du groupe qui traversera la scène en mode ninja pour éviter de justesse que les deux n’en viennent aux mains.

De quoi mettre un peu une drôle d’ambiance, surtout quand vous êtes juste à côté et que vous voyez que la baston risque de repartir. Préventivement vous essayez de faire tampon, d’empêcher que l’idiot inconscient bouscule l’ahuri qui s’énerve parce qu’on le bouscule dans une fosse où ça pogotte. Et pour cette bonne action vous êtes récompensé par quelques coups (involontaires) et surtout un écrasage de pied bien douloureux. Dans ces conditions, il nous faudra nous décaler un peu pour sortir de la zone de turbulents, attendre un certain temps et un peu de fatigue qui calme naturellement les gens pour profiter pleinement du concert. Qui passe à toute vitesse : Starcrawler n’a pris qu’un an et quelques depuis la dernière fois mais le show est très pro et les morceaux rapides s’enchaînent sans temps morts. La section rythmique, c’est le calme et la solidité, derrière les fûts, le batteur Austin Smith avec son look de métalleux fait simple, fort et précis tandis que le bassiste Tim Franco avec sa chemise très rodéo et sa concentration studieuse donne une bonne assise aux morceaux, crée le groove ou le fil rouge bien utile quand tout le chaos se déchaîne autour de lui, tant l’autre partie du groupe le guitariste Henri Cash et la chanteuse Arrow rivalisent d’énergie à arpenter la scène, s’arc-bouter sur sa guitare pour l’un et se déformer le corps dans les postures les plus bizarres pour l’autre, s’échangent des sourires de maniaques et de regards de malades mentaux, viennent chercher à la limite de la scène leur public pour le pousser à faire encore plus la fête et à se lâcher.

A la guitare, malgré les grimaces, les postures et toute l’énergie consacrée à chauffer le public, Henri assure une prestation impeccable aussi et il a toujours un son aussi massif et réjouissant (et beaucoup plus de guitares que la dernière fois il me semble). Pour Arrow le bilan sera un poil plus mitigé : elle est toujours aussi impressionnante visuellement avec sa longue silhouette androgyne, presque douloureuse dans sa maigreur, habillée d’une sorte de camisole blanche qui part en lambeaux tâchée de rouge. Elle sait aussi parfaitement faire le show, provoquer en crachant, en laissant couler du faux-sang le long de sa bouche, en faisant semblant de s’ouvrir les veines ou de s’insérer le micro dans ses parties intimes. Ça n’arrête quasiment jamais en fait mais du coup le chant n’est jamais de très haut niveau non plus or depuis le single "No More Pennies" on sait qu’elle a les capacités pour le faire, pour vraiment chanter et nous régaler non pas avec l’énergie mais avec l’émotion dans la voix. Ce rendez-vous est malheureusement raté pour cette fois-ci. Heureusement l’énergie déployée par ailleurs, la qualité d’exécution des morceaux et l’ambiance, même si donc le début était un peu trop éprouvant pour nous, font que Starcrawler aura quand même offert un concert mémorable au public nombreux de Petit Bain.

On appréciera lors du rappel ce petit truc sympa de Henri qui fait monter sur scène deux fans à la toute fin du concert et leur prête à chacune une de ses guitares et leur cède la place quelques minutes.

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