accueil > articles > albums > Sheeduz

publié par Mickaël Adamadorassy le 29/09/11
Sheeduz
- All Be True
All Be True

La plupart du temps quand vous recevez un disque, pour savoir ce qu’il y a en dehors de la musique vous avez juste le petit (ou le grand) blabla de promo fourni avec, ça va de la biographie factuelle aussi marrante que de retenir des dates pour le bac d’histoire, en passant par la bio marrante ou encore l’auto-flagellation, jusqu’au délire grandiloquent pas du tout second degré (« notre groupe combine la puissance et le lyrisme de Muse à la subtilité intellectuelle de Radiohead »).

Spoiled

Avec Sheeduz comme avec certains groupes qu’on suit depuis longtemps sur Le Cargo !, on peut zapper ces préliminaires douteux, car les groupes on les connaît, les morceaux on les a découvert en live, on les a vus évoluer, dans le cas du All Be True dont il est question ici, depuis les mises à plat (c’est à dire le résultat des sessions d’enregistrements pas encore vraiment mixé et sans aucune "post-prod") jusqu’au disque fini qu’on met dans son lecteur CD. Et donc je savais déjà en mettant ce disque qu’il contenait quelques brûlots rock bien catchy qui fonctionnent très bien en live (Sheeduz est d’abord un groupe très doué pour la scène ) et avec un gros potentiel pour tourner sur des radios de bon goût. Mais si vous reprenez ma chronique de leur premier EP, c’était déjà le cas il y a 7 ans et le groupe n’a fait que progresser depuis.

Carton plein

Il restait donc juste à savoir si la production et au travers de celle-ci la vision du groupe pouvait réaliser pleinement le potentiel de chansons comme « All Be True », « Time » ou « Perfect&Destroyed », les chansons très rock qui vous accrochent immédiatement en live ; et puis apporter des respirations et de la variété dans la palette sonore qui font qu’un album de 40 minutes ne lasse pas.

A l’écoute du disque, on peut se dire que c’est presque le carton plein, le mix est très bien fait, le son de guitare que je trouvais un peu trop metal sur le premier EP sans perdre en puissance a trouvé un grain beaucoup plus agréable et "naturel", les riffs gardent leur côté assez grunge mais se donnent une texture qui fait plus penser au son "stoner"/garage, un peu moins de saturation mais un son qui a en échange plus de corps.

La batterie j’aimais déjà bien le jeu et le son, l’équipe n’a pas changé sur ce disque alors ça fonctionne toujours aussi bien. Et enfin sur la voix, on sent tout le chemin parcouru depuis le premier EP. De l’alternance chant susurré façon femme-enfant/ chant énervé grungy on est passé à une palette beaucoup plus large, à la fois au niveau technique et dans les émotions qu’Audrey-chant arrive à faire passer et rien que ça ça permet beaucoup plus de choses : Sheeduz n’est pas coincé dans la power-pop ou le grunge plié en 3 minutes et 3 couplets-refrains, la plupart des morceaux évoluent vers de longues plages atmosphériques qui font la part belle aux délires vocaux ou de bonnes parties instrumentales (Dirt, son piano, son violoncelle... miam !).

50-50

En fait c’est même presque moit-moit : il y a presque autant de morceaux "bourrins" que de chansons plus posées qui laissent de la place au son clair et aux claviers, pour des ambiances plus sombres, un côté plus "moody" ; pas toujours si sombres que ça d’ailleurs, il y a quelques touches un peu plus lumineuses sur le disque comme le très joli « Feel Free » et son piano électrique délicat. Des touches macabres aussi avec « Daily News », son riff principal dissonant, le clavier discret mais important et le refrain très heavy.

Jusqu’au boutisme

Bon c’est le moment de faire les comptes : bonne prod’, groupe qui joue bien, des chansons catchy et en même temps de longs instrumentaux, de la variété dans les atmosphères, des arrangements discrets mais judicieux qu’on découvre au fur et à mesure ? comme je vous disais plus haut c’est presque carton plein. Presque ? je vous parlais au début de la vision du groupe et de comment elle se reflète dans la production, parce qu’une bonne chanson qu’on adore en live ne rentre pas automatiquement dans un disque, l’énergie n’est pas une bête qui se laisse facilement enfermer sur une bande magnétique ou un disque dur.

Ce qui manque parfois à Sheeduz sur ce disque c’est de ne pas toujours avoir poussé le délire assez loin, que parfois l’instrumentation et la production donne l’impression de ne pas suivre la voix jusqu’au bout du délire en question. Mais bon il faut bien laisser quelque chose pour le disque suivant non ? Celui-là en attendant compte déjà de très bons morceaux qui sont encore transcendés en live par un groupe que je vous conseille vraiment d’aller voir et d’écouter !

Partager :

publié par le 29/09/11
Derniers commentaires
FVC - le 29/09/11 à 21:01
avatar

belle chronique et super session qui m’a donné envie de découvrir ce groupe

Jeremy - le 26/01/12 à 00:42
avatar

Génial, merci