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publié par Mickaël Adamadorassy le 08/01/05
sheeduz
- the barefoot fairies
the barefoot fairies

Où est la frontière entre le rock et le hard-rock, entre le hard et le heavy ? Pas facile, facile et c’est presque mission impossible depuis qu’un certain Kurt Cobain a mis son grain de sel là-dedans, dévoyant des harmonies pop à coup d’accords de métalleux, reprenant led zep (cf le coffret sorti récemment) et des vieux bluesmen façon mur du son. Sheeduz est un peu à la frontière de tout ça, dans des eaux où le cargo va rarement... mais comme le dit notre capitaine,le cargo ça marche par coups de coeur. et finalement ça pourrait être ça sheeduz... des coups et du coeur.

Du coeur

Quand j’ai reçu the barefoot fairies de sheeduz, mes oreilles ont été assez catégoriques : « ça sonne bien, ça fait headbanger mais c’est carrément métal »et c’est pas trop le truc du cargo ça. Néanmoins on sent que c’est surtout une histoire de son et qu’avec une prod’ moins « in your face » ça rendrait tout à fait différemment. Le groupe ne se considère d’ailleurs pas comme un groupe de métal. On est prêt à les croire sans problème à l’écoute de welcome to mine et son piano ou simplement des lignes de chant qui d’une manière générale ne tombent pas dans les clichés métal. D’ailleurs la voix d’Audrey, la chanteuse de sheeduz est un des gros points forts de l’EP,elle a vraiment un timbre très particulier, entre douceur un peu plaintive façon femme-enfant et assurance, une richesse dans les intonations qui fait qu’elle perce sans problème le mix.

Des coups

Là où le bât blesse ce n’est pas la batterie où Audrey fait des choses très bien mais la guitare d’Audrey. Bon là j’imagine que vous comprenez plus trop ou alors vous pensez qu’Audrey est une femme-orchestre. En fait, j’ai volontairement omis de dire que sheeduz était un trio composé de trois Audrey (chant, guitare et batterie... donc pas de bassiste comme dans this is the girl). Pour en revenir à la guitare, c’est surtout de là que vient l’impression métal : le son saturé énorme, l’abondance d’effets dessus. A vrai dire, je ne crois pas qu’il y ait une seule partie de guitare avec un vrai son clair sur le cinq titres. C’est aussi ce qui crée l’ambiance de l’ep, le côté un peu oppressant, un peu malsain tout droit issu du grunge mais je trouve un peu dommage d’avoir ce type de son sur tout l’ep, y compris sur le piano. Tout ça a un côté un peu chimique, un peu lassant, comme le gros son permanent. Ca manque un peu d’air voir d’horizons différents.

Pour l’avenir

Cependant n’oublions pas qu’il s’agit d’une première démo dont le groupe a une moyenne d’âge de 21 ans. Avec une qualité de jeu comme ça, avec une voix qui possède autant de personnalité, on se prend à rêver d’une rencontre avec un nigel godrich français, capable de donner une nouvelle dimension à leur musique (le sieur godrich en plus de radiohead a quand même transformé en merveille de mélancolie romantique the man who de travis alors que leur précédent album, sympathique lui aussi, était plutôt brailleur et sentait bon la pression au pub du coin). On les verrait bien tourner comme fuck-off machete qui allie aussi le gros son à une très belle voix féminine.

En attendant, the barefoot fairies est un premier ep plutôt réussi avec un gros tube potentiel, rescue spirit qui n’attend qu’un programmateur avisé pour prendre d’assaut les ondes. La suite de l’histoire ? D’abord ça sera en live pour décider si cet ep rend justice au groupe. Ensuite c’est à vous de voir, après tout le gros son n’est pas incompatible avec l’indé (shellac par exemple). Et c’est au groupe de voir la direction qui lui plait. Espérons juste qu’elle suive le cap du cargo.

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publié par le 08/01/05