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publié par Ben Gaston, Natalia Algaba le 25/10/19
Shannon Wright - Le Trianon, Paris - 14/10/2019

Shannon nous a mis deux claques en 2019 : une très noise aux Femmes S’en Mêlent au printemps et une autre plus intimiste mais tout aussi intense ce lundi d’octobre.

Permettez-moi de commencer cette chronique par une confession : cette rentrée, remplie de longues et intenses journées de travail, m’a épuisée. Autant vous dire que le sublime concert de Shannon Wright au Trianon a été la pause parfaite dont j’avais besoin, une belle échappée loin de la vie frénétique parisienne. Mais je vous dévoile la fin, revenons donc au début.

D’abord le cadre : le concert, en configuration piano solo, a lieu au Trianon, un beau théâtre parisien, au pied de la butte Montmartre, du début du XXème siècle qui rend l’atmosphère d’un caractère solennel, majestueux. Dès qu’on rentre, nous croisons des amis, des têtes connues et cherchons notre siège ; on sent qu’on va assister à un spectacle bien différent de notre dernier concert de Shannon Wright lors du festival LFSM. Nous ne nous attendons donc pas à voir la torride et sauvage Shannon Wright, par terre les jambes en l’air avec sa guitare, même si, on le souhaite un peu au fond et qu’on est super contents de voir sa Jazzmaster à droite de la scène. Cependant, être assis est sans doute la meilleure façon de découvrir en live le nouvel album de l’américaine, Providence, sorti en septembre dernier et chroniqué par gab.

Après une première partie assurée par Emilie Zoe, Shannon Wright s’avance sur une scène plongée dans le noir en dehors d’une faible lumière au plafond qui découpe les contours de l’imposant piano à queue « Steinway and sons ». Habillée d’un jean bleu clair et un chemisier blanc, elle salue discrètement le public en hochant la tête et s’assoit face à son instrument tandis qu’une lumièreà contre-jour l’illumine peu à peu, créant un aura autour d’elle. L’éclairage est très beau ce soir, trois lampadaires l’entourent, recréant une ambiance intimiste idéalement conçue pour cette performance. Shannon, comme à son habitude, enchaîne les titres, habitée par sa musique, sans parler à l’audience qui reste dévouée et applaudit, alors que l’américaine, regarde timidement, sourit et on entend à peine les « thank you » sortir de sa bouche. Elle a l’air presque surprise d’entendre les applaudissements, comme si on la sortait de sa bulle et qu’elle remarquait tout d’un coup qu’elle n’est pas toute seule dans sa chambre.

Shannon, on la sent timide, cachée derrière se cheveux, mais dès qu’elle chante, elle donne tout, sa voix est tantôt douce, tantôt sauvage, tantôt tendre, tantôt enragée et elle nous emmène non seulement à travers les titres récemment composés ("Fragments" , "Somedays", "Close the door, Providence, These Present Arms") mais aussi à travers d’autres titres plus anciens écrits au piano ("Soft noise" et "Wayward" de son album précédent Division de 2017, "Bleed" de l’album In Film Sound (2013), "Defy this love" tiré de Let in the light(2007), "Avalanche" de Over the sun (2004) ou encore ’Vessel for a Minor Malady’ de 2001). Qu’elle soit à la guitare ou au piano, on l’adore. Et pour les rappels on était ravis de la voir se lever et prendre sa guitare pour le titre "In the morning" (Let in the light, 2007), chanté doucement, un peu dans la retenue, s’éloignant du micro parfois et criant, et Birds ("Over the sun", 2004), chanté également sans micro, l’occasion de s’émerveiller de la puissance vocale hors pair de la chanteuse.

Le set fut un beau parcours à travers sa carrière musicale de plus de 20 ans déjà et une belle pause pour cette vie frénétique que nous menons. Shannon nous a emportés avec elle. Les yeux fermés, nous avons voyagé, frémis, frissonné. Elle nous a fait vibrer et ressentir un tas d’émotions et c’est pourquoi nous aimons la musique, et sa musique. A la fin, discrètement encore, elle a remercié le public, d’une voix presque inaudible en contraste avec la puissance de son chant. On la sent émue également lorsque le public se met debout et applaudit.

A très bientôt miss Shannon Wright.

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