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publié par Mathilde Vohy le 25/09/20
Mr Giscard - Je veux montrer les choses telles qu’elles sont dans la vie, librement et sans filtre !

Hier, à bord de notre Cargo TV nous vous présentions « Pho », premier titre de Mr Giscard. Sur une prod solaire et mélancolique, l’artiste y chante les périples d’un jeune couple dont l’histoire d’amour oscille entre sexe, tendresse et brimades. Particulièrement séduits par ce morceau et par le clip de Thibault Dumoulin qui l’accompagne, nous avons contacté Mr Giscard pour recueillir ses impressions quelques jours avant la sortie et lui faire passer par la même occasion le baptême de la première interview. Nous avons beaucoup ri, beaucoup entendu "c’est un truc de ouf" et surtout pris beaucoup de plaisir à discuter avec un jeune artiste vivant ses rêves les plus fous.

Salut Valéry ! Tu vas sortir ton premier clip ce jeudi, peux-tu nous le présenter et nous raconter son histoire ?

Déjà, je trouve que c’est vraiment un chef d’oeuvre. A la base on avait contacté Thibault Dumoulin sans vraiment savoir s’il faisait encore des clips, parce que j’étais tombé amoureux d’un de ses projets. Il a aimé le mien et c’est bien avec lui qui a réalisé mon clip. Il m’avait dit que le plus important serait le casting. Moi, tu sais, j’en revenais déjà pas que ce soit lui le réalisateur ! Et là le mec me sort Rod Paradot et Jade Legrand comme acteurs, j’étais fou ! Le tournage s’est super bien passé en plus. Je sors de ma chambre donc j’ai juste que tout le monde s’éclate et que ça ne soit pas un vrai travail. Rod et Jade, Thibault et toute l’équipe m’ont dit qu’ils avaient passé un super moment, c’était important pour moi.

Je parlais de premier clip mais finalement cela fait longtemps que tu fais de la musique “dans ta chambre”. Est-ce que le fait d’avoir signé chez RCA est un accomplissement ?

En fait, ça ne fait pas longtemps que je fais ce que je fais. Avant je faisais pas mal de prods, j’étais beatmaker et j’étais dans la scène Soundcloud quoi ! C’était surtout des trucs pour des jeunes rappeurs codéinés qui avaient des tatouages sur le visage et une auto-tune assez vénère ! (rires) Ca c’était mon gros kiff, et à côté de ça je faisais de la guitare. Et un soir de lendemain de cuite, j’ai mélangé le deux, je me suis mis à chanter et bim il y a eu « Pho » qui est sorti comme ça. C’est pas très vieux finalement. Ce n’est donc pas vraiment un accomplissement, je n’ai pas l’impression d’avoir cravaché des années pour avoir ça, tout s’est dégoupillé super rapidement. Encore maintenant je réalise pas le délire, pendant qu’on tournait le clip je réalisais pas que c’était mon clip à moi. (rires) Et là encore une fois je réalise pas que donne ma première interview ! C’est chanmé mais j’ai toujours du mal à réaliser les choses cools qui m’arrivent et à être dans l’instant présent.

Je vois, tu as plus l’impression que cette réussite est un heureux enchaînement d’événements en fait ?

Oui voilà ! Après je pense qu’on a tous des rêves inavoués. A vrai dire j’ai toujours rêvé que ca arrive parce que j’ai toujours fait de la musique mais pour moi c’était trop inaccessible. Signer chez Sony il y a quelques temps je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! (rires) Alors vivre de la musique je ne m’imaginais pas du tout du tout. Et Rod Paradot dans un clip, c’est un délire total franchement ! C’est inespéré ce qu’il se passe ! J’ai pas l’impression d’être un imposteur mais j’ai un peu ce truc où d’un côté j’ai quand même taffé de ouf mais de l’autre je ne me rends pas compte parce que c’est que du kiff.

Tu me disais avoir écrit « Pho » dans ta chambre, le titre a-t-il été retravaillé à ta signature chez RCA ?

Non quasiment pas, juste le mastering mais ce sont juste des normes de son donc il n’y a pas vraiment eu de changement visible. J’ai essayé de le retravailler mais ce n’était jamais concluant. Quand le morceau existe c’est un peu ton bébé, tu n’arrives pas à le modifier. En plus, mon entourage avait adoré le son alors j’avais trop peur de le dénaturer.

D’ailleurs, pourquoi “Pho” ? Juste pour le jeux de mots avec “Faux” et la sonorité ou il y a une vraie histoire avec ce plat vietnamien ?

Déjà j’adore manger, je suis un épicurien, je bois et mange beaucoup. A côté de mon taf il y a un Pho où je vais tout le temps et à un moment j’y allais tellement que la nana s’est mise à m’appeler Monsieur Pho. Il n’y a pas de vraie anecdote, c’est un peu nul tu vois. D’ailleurs j’ai appris trop tard que ça se disait “pheu” mais tant mieux parce que sinon la chanson n’aurait peut-être pas existé ! (rires) Du coup je vais le prononcer comme ça toute ma vie et je veux que désormais tout le monde en fasse de même.

© Shelby Duncan

Si on s’intéresse un peu plus à la prod, il est dit dans ta bio que grâce à ton parcours de vie, tu as été à la fois inspiré par la musique brésilienne, la trap et la musique électronique. Selon toi est-ce que ce premier morceau est un mix de toutes ces influences ?

Oui carrément. Comme je t’ai dit c’est le premier morceau où j’ai mélangé mes prods et ma guitare et que je me suis mis à chanter. Je sors beaucoup sur Paris donc je suis assez bouleversé par l’électro et la trap. Comme je fais de la guitare je suis aussi inspiré indirectement par la musique brésilienne et la bossa.

Je trouve que la trap ressort notamment dans ta musique par ton côté “non-chalant”. Tes proches te définissent-ils comme cela en dehors de la musique ?

Comme quelqu’un de non-chalant ? Pas du tout ! Je suis quelqu’un d’assez stressé et d’assez rigide. Je suis autoritaire et relou en vrai ! Faut que les choses soient faites à ma manière. (rires) Moi je pense que je suis surtout bridé par la mumble. J’écoute des mecs tellement codéinés qu’ils sont endormis quand ils chantent, moi ça doit se retranscrire en non-chalance ! Hamza, Lala &ce, XXXTentacion… toute cette scène m’inspire. Ce que je fais ça doit etre de la mumble pop ! Après les gens ne connaissent pas forcément donc ils peuvent se dire que c’est du Mathieu Boogaerts électro aussi ! (rires)

Pour le coup je trouve que dans le clip Rod Paradot respire parfaitement cette non-chalance. C’était comment de travailler avec lui ?

A vrai dire ça s’est fait via mon réal donc moi je l’ai rencontré directement sur le tournage. C’était un truc de fou ! T’es à l’hôtel, et le matin tu te lèves, tu vas prendre ton petit dej et là il y a Rod. On s’est naturellement bien entendu, et je pense que c’est dans nos personnalités. On ne se prend pas la tête, on est libre, sans pression que “ça marche”. Si on ne s’aime pas c’est pas grave et pour le coup on s’aimait bien donc c’est cool ! Et il ne faut pas oublier Jade, Jade est dans l’ombre de Rod mais c’est une fille extraordinaire. Elle a un talent de ouf, les deux crèvent l’écran. Et d’ailleurs toute l’équipe était trop sympa en fait !

C’est le premier morceau et le premier clip que tu sors. Tu n’avais pas envie d’être acteur principal du clip afin que les gens mettent un visage sur ton nom et t’identifient plus facilement ?

Arrêtez de vouloir que je devienne une star ! (rires) Je trouve que la pop est trop formatée sur ce genre de truc. Des fois tu vas avoir un court métrage et au milieu ca va cuter pour faire apparaître un mec en train de chanter en playback dans un décor qui n’a rien à voir. Ca n’amène rien à l’oeuvre si ce n’est qu’on voit la tête de l’artiste. Moi je veux faire des trucs forts et intemporels mais surtout, ça ne faisait pas sens. Le clip est magnifique comme il est. Si à un moment on me voit intervenir en chantant c’est nul ! Au début je voulais pas du tout être dans le clip et finalement je fais une petite apparition sur le canap’ à côté de Rod.

Enfin, je trouve qu’il y a également beaucoup d’érotisme dans ce titre, tant dans les images que dans la manière de chanter. C’est une chose à laquelle tu es sensible ?

Rod et Jade sont jeunes et fous amoureux donc forcément il y a de l’érotisme. C’est en ça qu’on s’est bien entendu avec Thibault, on veut montrer les choses telles qu’elles sont dans la vie, librement et sans filtre. J’ai adoré ce contraste entre les moments où tu crois que leur relation est exclusivement sexuelle et ceux où ça pue la tendresse et le romantisme. C’est intéressant d’exposer cette dualité dans notre génération Tinder de consommation du sexe. En vrai on cherche tous à être fous amoureux et on le tombe sans le vouloir.

Pour finir, la suite c’est un EP pour 2021 c’est ça ?

Oui tout est prêt ! On verra si c’est avant ou après janvier. Si ça ne tenait qu’à moi tout sortirait déjà à vrai dire. (rires) En plus j’ai dû retirer tout ce que j’avais sur Soundcloud donc mes potes sont demandeurs de nouveaux sons !

Ca y est t’es déjà attendu en fait ?

Par cinq personnes ouais ! (rires)

Merci Valéry !

Si t’as kiffé le clip je suis trop content ! Merci de soutenir les jeunes artistes c’est hyper cool, je suis content d’avoir fait ma première interview avec vous !

P.-S.

Merci à Valéry pour sa confiance et son temps ainsi qu’à Victoria pour l’organisation de cette rencontre ! Vignette © Shelby Duncan

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publié par le 25/09/20