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publié par Mickaël Adamadorassy le 27/10/21
Maya Kamaty - Les Femmes s'en mêlent 2021 - 22/10/2021

Après un belle première partie assurée par Lisa Ducasse, c’est à Maya Kamaty d’investir la scène du Point Ephémère dans le cadre de cette soirée "En Attendant les Femmes s’en mêlent" qui se tient deux bonnes semaines avant le reste de la programmation La salle finit de se remplir et il suffit de prêter l’oreille aux conversations en créole, aux intonations, pour se confirmer ce qu’on savait déjà : il y a un paquet de réunionnais dans la salle mais pas de souci pour les autres, Maya le garantit dès les premières minutes du concert : à la fin tout le monde parlera le créole réunionnais.

La méthode pour cet apprentissage éclair s’appelle "Sovaz" (ce qui se traduirait par "méchant", "cruel", "mal-élevé", à ne pas confondre avec "Soval" qui est juste un cheval, pas forcément méchant, crue, mal-élevé). C’est donc le nom du nouveau projet de Maya, accompagnée sur scène par deux musiciens : à gauche, derrière un kit imposant qui le cache presque entièrement, Julien Tekeyan un très bon batteur et si son CV ne suffit pas à le prouver, voici deux arguments implacables : 1 - il est capable en un instant de passer d’une rythmique binaire "classique" à un rythme maloya ternaire (une forme musicale classée au patrimoine immatériel de l’humanité quand même), 2- dans les nombreux éléments de sa batterie, il y a une boite de lait premier âge Gallia (cf la dernière photo de la galerie en bas de page). A droite, on retrouve une guitariste, Mathilda Haynes, qui n’a pas d’accessoires rigolos, juste une Telecaster, mais c’est tout ce qu’il faut pour jouer n’importe quel style de musique.

Et c’est exactement le casting qu’il fallait pour "Sovaz" : si le fameux Kayamb est présent sur scène, si Maya puise en partie son inspiration dans cette musique, ce n’est qu’une facette parmi beaucoup d’autres, dans un projet qui foisonne, n’a aucun complexe à partir dans toutes les directions : dès le premier morceau , on oublie toute préconception d’un concert de maloya "moderne", non on est clairement dans le hip-hop voir le gangsta rap avec la veste bling bling qui brille, la gestuelle et les mimiques typiques du genre. Et en même temps dans le rap, on n’a pas un batteur comme ça, on a pas cette guitare qui peut se faire très rock ou plus créer des ambiances, alors est-ce que Maya a ressuscité ce qu’on appelait "fusion" dans les années 90, la rencontre du rock et du rap ? Oui mais pas que : il y a aussi de l’électro, de la pop, du maloya forcément, on change d’un morceau à l’autre, parfois dans le même morceau.

Tout cela avec une énergie qui ne retombe que pour quelques courts interludes où Maya poursuit la leçon de créole en parlant des chansons extraites de son album Pandiyé sorti en 2019, qui amorçait déjà un changement de cap vers une musique aux influences plus vastes. Mais ce n’est que le calme avant le dancefloor : au bout de quelques titres, la moitié du public du Point Ephémère s’est mis à danser, rejoint à un moment par Maya, et ce jusqu’à la fin du concert. Et peu importe si vous êtes réunionnais ou pas, que vous compreniez le créole ou pas, vous êtes emportés par la même vague, l’énergie, la qualité et l’inventivité de la musique n’ont pas besoin de traduction, d’être d’ici ou de là-bas*.

P.-S.

* : comme le dirait Chevalrex.

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