Quasiment deux ans jour pour jour après une première Cigale en mode covid (assise, un siège sur deux, masquée), on retrouve Marie-Flore sur scène pour un nouvel album, Je Sais pas si ça va, tout aussi pop et jubilatoire que le précédent, avec toujours ce paradoxe, que les textes ne sont pas particulièrement gais. En fait, sur ces nouvelles chansons, moins de "sucre pop", de sonorités synthétiques parsemées sur l’instrumentation, celle-ci fait la part-belle au piano et aux cordes, tout en gardant une rythmique solide, une basse qui groove. Mais on a l’impression que cette touche de spleen Marie-Florien, présente dans les textes de Braquage mais moins dans la musique ( à raison c’est un projet où il fallait y aller "all in"), est de retour.
Cela explique peut-être que dans la Cigale qui affiche complet depuis un bon moment, le public de Marie-Flore semble un peu changé par rapport à notre dernière date avec elle, aux Etoiles : les premiers rangs ne sont plus quasi-exclusivement féminins et "vingtenaire". Marie-Flore introduira d’ailleurs, "20 ans" en s’adressant aux gens avec des cheveux blancs dans la salle. Un des meilleurs titres du disque, qu’elle commence seule comme une ballade mélancolique au piano et qui monte progressivement avec le groupe qui la rejoint pour un final énergique et dansant. Un groupe où on retrouve des habitués : Gael Galzin et Léo Agapitos qui étaient déjà à la précédente Cigale et Steffen Charron qui était aux Étoiles et qui cette fois-ci fait la guitare, la basse et des claviers.
Ce qui permet à Marie-Flore de se consacrer presque exclusivement à son micro, qu’elle pose parfois sur son pied au milieu de la scène mais le plus souvent elle arpente la scène de long en large avec un grand sourire, va chercher le "yeux dans les yeux" avec les fans du premier rang, dont une bonne partie connait tous les textes par cœur. Le concert débute sur un "Je sais pas si ca va pas" suivi de "Braquage" qui donne le ton : on va se parler sérieusement ce soir, ça va pas toujours être gai mais la meilleure façon d’exorciser tout ça c’est avec la musique, l’énergie, le groove, les coups on les encaisse mais on les donne aussi. Le concert comporte la quasi-totalité du dernier album et les gros tubes du premier, conjugue très bien les décharges d’énergie, les moments dansants avec des séquences plus calmes. Pour le rappel, Benjamin Biolay viendra chanter "Je sais qu’il est tard" avec Marie-Flore et on se quitte sur "Tout ou rien" que tout le monde attendait et offre au groupe comme au public une dernière bouffée d’adrénaline.
Les deux derniers albums de Marie-Flore ont une très bonne production, qui n’est pas évidente sur le papier à retranscrire en live mais l’exercice est désormais parfaitement maitrisé par la formation de ce soir : on connait très bien le premier album et déjà plutôt bien les arrangement du deuxième et à aucun moment on ne se dit qu’il manque quelque chose, en fait on ne pense même pas à comparer au disque, les versions live ne sont plus des "versions" justement mais juste les chansons alors c’est le bonheur complet, on a beau aimé pinailler, on n’a pas de critique à faire.