Cela faisait un long moment qu’on avait pas vu Marie-Flore en concert et avec le tournant très pop pris sur son excellent dernier album Braquage, on était vraiment curieux de voir comment ses nouvelles chansons à la production très bien léchée, très électro aussi, allaient prendre vie en concert. Comment la Marie-Flore qu’on connaissait rentrerait dans la peau de la fille du disque, traumatisée par une histoire d’amour de merde, comme elle l’expliquera entre deux morceaux, qui se raconte sans fards voir de façon très explicite, sans le bouclier des métaphores plus ou moins cryptiques.
Patientez quelques lignes pour la réponse à ces questions, pour l’instant on est devant les Etoiles, que Marie-Flore investit trois lundis de suite (Au moment où on publie ces lignes, vous pouvez encore venir aux dates du 2 et du 9 décembre). Et on est déjà impressionnés : il y a eu une queue trèèès longue, comme on en a jamais vu pour cette salle. Il faut dire que l’album est sorti chez Six et Sept, le label de Pascal Nègre, distribué par Believe et en plus d’un bon accueil dans notre microcosme indé, les webzines et autres blogs, Marie-Flore a aussi les honneurs de la presse généraliste voir féminine genre Elle. Pas étonnant donc de voir un public nombreux et dans les premiers rangs de la salle, en majorité féminin, qui connait les paroles de tous les "tubes" du disque par cœur.
Autre chose qu’on ne peut pas louper avant que le concert ne démarre, comme pour les concerts à Bercy etc mais en version "mini", il y a une petite plate-forme pour s’avancer "dans le public". A l’échelle de la salle, l’idée est un peu bizarre, la chanteuse l’utilisera quelque fois mais sans la conviction d’un Bono ou d’un Jagger.
Non pas que la foi et le flamme n’y soit pas, bien au contraire, dès la première chanson, on découvre une Marie-Flore sobre et élégante tout en noir, sans instrument. Ne pas avoir une guitare ou un clavier pour se "cacher", cela peut être perturbant mais là on sent la chanteuse très à l’aise dans l’exercice, totalement raccord avec son répertoire et ses paroles. Elle s’approprie tout le devant de la scène, bouge beaucoup et va chercher le public du regard sans complexes. A ces côtés il y a un groupe, pas juste un playback ou 90% de laptop, composé d’un claviériste, un batteur et à la basse et la guitare, Steffen Charron (déjà présent dans la précédente version live du projet) qui finit le morceau par un solo bien noisy et bien vénère.
Les arrangements du disque sont respectés, tous les sons, les petits gimmicks qu’on commence à connaître par cœur sont bien là mais comme tout ou presque est joué live, il y a de la place pour nuancer, prendre un peu différemment certaines mélodies, pousser un peu la voix par moment, bref c’est tout aussi "live" et spontané que les précédentes prestations de Marie-Flore.
Tout comme sous les arrangements et la production du disque, les chansons de Braquage ne sont pas si radicalement différentes, d’ailleurs pendant le concert Marie-Flore en joue une bonne partie au piano et on se dit qu’elles pourraient pour beaucoup fonctionner dans des versions "unplugged" centrées sur cet instrument.... Sauf qu’on les aime comme elles sont, très pop, dansantes, avec des paroles savoureuses, les "QCC" (dont on aura confirmation qu’il n’y a rien derrière ces initiales), "Braquage", "Tout ou rien", "Casse-toi". Une setlist focalisée uniquement sur le dernier album donc, les versions live s’étirant pour donner une grosse heure de concert clôturée d’un rappel où Marie-Flore viendra chanter et danser au milieu du public.
Avec son dernier disque, Marie-Flore a réussi à se réinventer encore, un peu comme Le Prince Miiaou qui a joué dans son groupe sur quelques dates, elle a ce talent qui fait qu’elle est capable de vous emmener avec elle explorer des genres musicaux qui ne sont forcément ceux qui vous préférez. Elle le fait bien, sans perdre son identité, tout ce qu’il y a d’unique dans sa voix et ses textes. Le choix d’avoir un excellent groupe autour d’elle permet à la fois d’avoir tout ce qu’on aime sur le disque et encore plus. On vous conseille donc fortement d’aller la voir en concert et d’écouter le disque.