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publié par gab le 23/08/11
Killing Bono - Nick Hamm
Nick Hamm

Comme chacun sait, le cargo doit beaucoup à U2. Pas tant sur la ligne éditoriale (encore que, à l’instar des Beatles précédemment, quel groupe ayant grandi dans les années ’80 n’a pas été influencé par des bribes U2iennes ?) que sur son acte de naissance même. Et rock’n’roll avec ça puisque c’est suite à un crêpage de chignon au sein d’un fanzine papier consacré à U2, à propos d’un article à peine assez élogieux au goût de certains, que deux des fondateurs de notre webzine ont fait dissidence, s’en allant voir sur le net ce qu’il s’y passait. C’est donc tout naturellement que le CE du cargo (créé pour l’occasion) décréta lundi dernier jour férié et sortie de groupe obligatoire pour voir Killing Bono au cinéma.

préliminaires

Il était d’ailleurs largement temps de se bouger les fesses puisque ce film, ayant visiblement rencontré un succès foudroyant, ne passait plus que dans trois salles parisiennes deux semaines après sa sortie et vivait même ses derniers jours dans ces salles là. Il en faut plus cependant pour ébranler la confiance de notre équipe cargo (j’ai les noms des tir-au-flancs, vous ne perdez rien pour attendre) et c’est sous les vivats de la foule qu’était accueillie la proposition de sortie, et c’est encore avec des trépignements d’impatience non feints que nous nous retrouvons quatre matelots aux portes de Bercy-village à l’heure (plus ou moins) dite. Je vous passe les détails préliminaires, les petites discussions et le contenu des crêpes, puisque c’est vers la moitié du repas que les choses ont commencé à aller de travers. Est-ce la chaleur ? La fatigue de nuits entières baignant inconfortablement dans sa sueur ? Toujours est-il que nos sens se sont mis petit à petit à nous jouer des tours. Ça a commencé soft avec une déambulation toute naturelle de deux cowboys dans l’allée centrale Cour St Emilion, puis les effets se sont fait plus troublants avec l’apparition inopinée de M. & Mme Renocargo derrière nous (alors que vous pensez bien qu’on avait pris soin de ne pas inviter le patron à notre petite soirée). Ceci dit on sait ce que sont les apparitions, on a fait nos classes Ally-McBealiennes, on opte donc facilement pour la stratégie de l’évitement, on engloutit le reste du repas et on file tout droit vers le cinéma, talonnés de près par nos deux ectoplasmes. Arrivés devant la salle, les affiches ont un je-ne-sais-quoi d’étrange, mais on a du mal à pointer le malaise. On s’installe et on pense même un moment avoir semé nos fantômes mais non, ils finissent par nous rejoindre. Mes collègues semblent mieux gérer la situation que moi, ils ne semblent pas le moins du monde surpris par le fait que nous ayons uniquement des bandes annonces de films d’horreur par exemple (ça commence par un père accusé à tort de pédophilie et finit par trois policiers nous matraquant à coups de sodas). Suis-je le seul à sentir l’angoisse monter lorsque le film commence et que les lumières ne s’éteignent pas dans la salle, comme si quelqu’un prenait bien soin d’inspecter le public avant de faire le noir ? Après d’interminables secondes d’angoisse, l’obscurité se fait, il est trop tard pour reculer.

Killing Reno

Une voiture roule dans la nuit, un homme au volant parle tout seul, il s’est fait voler sa vie par un autre. On croise une affiche, les phares illuminent un visage sur l’affiche … Reno !! (Reno ??!!) puis continuent. La voiture file à toute allure et du coin de l’œil le conducteur voit un attroupement. Dérapage. Il sort de voiture et voit Renocargo filmant une session de Josh Pearson au coin de la rue devant une foule compacte. L’homme lève le bras, un pistolet apparait. Bang. Ecran noir, le titre « Killing Reno » apparait alors que la voix de Josh atteint des hauteurs inédites. Et là, je ne vous cache pas que je n’en mène pas large. Je me tourne vers les autres spectateurs, pas de réaction. J’avale ma salive, des gouttes de sueur font leur apparition, je ne peux que m’accrocher au siège, le film continue. Ceci dit, je ne vais pas vous refaire le film scène par scène, j’ai eu suffisamment peur comme ça la première fois. Un petit résumé suffira amplement. Alors ça semble dingue mais le héros du film connaissait Renocargo (qui ne s’appelait encore que Reno, en toute simplicité) dix ans auparavant au moment où celui-ci se lançait dans l’aventure cargo. Il le connaissait et avait même lancé avec son frère Mickey son propre webzine, chouquettes. Vous conviendrez comme moi qu’ils auraient pu être plus inspiré mais quand on y pense le cargo en soit ce n’est pas très musical (si ce n’est son petit côté Axel Bauer évidemment). Mais Reno, loin de se laisser décontenancer par les railleries des frangins, enfonce le clou d’un tonitruant « Et d’ailleurs je change de nom ! Appelez-moi désormais Renocargo ! ». Le hic, car il y a un hic, c’est que Reno fait passer des auditions et veut recruter Mickey pour son webzine (il a déjà la barbe, il lui faut les grandes oreilles) et il en parle au héros qui lui dit que Mickey n’en voudra pas, qu’il est déjà sur chouquettes, que c’est une histoire de frères. Et il dit à Reno qu’il préfère lui annoncer lui-même la nouvelle qu’il n’est pas retenu sur le cargo. Or bien sur, il n’en est rien. Les années passent, le cargo devient la référence que l’on connait tandis que chouquettes va de galère en galère. Là une certaine torpeur s’installe dans le film, ça traine un peu en longueur sur les démêlés des frangins avec la mafia locale. On ne voit plus trop Reno, ni son cargo alors qu’on est quand même venu en partie pour ça. Et le peu qu’on en voit ne nous parait pas forcément très réaliste, il apparait très sympathique, prenant des nouvelles, proposant des sessions communes, discutant sereinement avec Mickey en fin de film. Oui, car vous vous en doutez, Mickey finit par apprendre qu’il aurait pu faire partie du plus grand webzine du monde et ça chauffe entre les frangins (petite séquence Oasis-bros). La fin est assez impressionnante, le héros à genoux et en larmes implorant Reno de les prendre sur le cargo (après avoir tenté de l’assassiner tout de même), et ce dernier, magnanime, accepte tout en stipulant par contrat qu’ils ne partiraient pas en vacances sur la même île, faudrait voir à ne pas trop se mélanger avec l’équipage tout de même (le saviez-vous, le matelot cargotien a pour obligation de prendre ses vacances sur une île, on en apprend des choses dans ces réalisations). Et au passage je crois bien que je viens de dévoiler la fin du film, oops, désolé les amis (en même temps c’est pas comme si vous pouviez encore aller le voir).

Killing Reno, le retour

Je sors de là hébété, sonné, et ce ne sont pas les deux bières bues dans la foulée qui font passer la stupeur, loin de là (même si les hallucinations de cowboys ont disparu Dieu merci). Ce film raconte ma vie ! C’est ahurissant ! Moi qui ai toujours voulu la vie de star parisienne de Reno, je me morfonds dans notre chère bourgade de Melun. Moi qui ai toujours voulu une barbe fournie comme la sienne, j’arrive tout juste au bout de trois semaines à avoir une barbe de trois jours avec plein de trous dedans. Moi qui ai toujours voulu un Josh comme ça, j’ai un groupe de métalleux du dimanche tous les samedis soirs au bistrot d’en bas (je sais, il y a là une petite anomalie dans le continuum espace-temps là mais qu’est ce que j’y peux moi, n’est pas Reno qui veut !). Moi qui … moi qui … Mais la vraie vie ne se passe pas comme dans les films, Reno. Surveille bien tes arrières ! Où que tu ailles je te retrouverai, je te mettrai un flingue sur la tempe et je te ferai écouter du Sheila jusqu’à ce que mort s’en suive !!!

p.s

Vous venez de lire la dernière chronique d’un de nos collaborateurs qui a été remercié ce matin même et livré aux autorités sanitaires compétentes. Les faits relatés ici ne sont que le fruit de son imagination paranoïaque, tout rapport avec une quelconque réalité ne serait que fortuite. Nous nous excusons platement pour la gêne occasionnée et nous vous souhaitons d’agréables fins de vacances. Par souci de professionnalisme (pour reprendre la devise du cargo comme nous le rappelait notre cher Reno pas plus tard que hier soir autour d’une bière), nous joignons la dernière photo prise par notre ancien collaborateur avec son appareil de fonction. Il s’agit de l’affiche du film Killing Bono. On ne peut que constater qu’il était bien le seul dans sa démence à voir des anomalies sur ces affiches parfaitement normales pour nous tous, sains d’esprits. Voilà en tout cas un collaborateur qu’on ne regrettera pas …

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publié par le 23/08/11
Derniers commentaires
tir-au-flanc - le 23/08/11 à 15:33
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j’ai rien compris mais j’ai bien ri