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publié par Renaud de Foville le 06/01/05
Pop Mart Tour - Parc des Princes, Paris
Pop Mart Tour — — Parc des Princes, Paris

Cet article a été écrit en 1998 pour un fanzine consacré à U2, Abel. Il est à la base de la création de Cargo. C’est pour le 6e anniversaire du rafiot que nous avons décidé de le mettre en ligne. Il est aussi long qu’interminable. Bon courage pour les plus déterminés !

Pour en finir avec le Pop-Mart.

Nous ne vénérons pas U2, nous n’adorons pas au sens religieux du terme Adam, Bono, Edge et Larry. Nous aimons profondément et sincèrement leur musique et ce que nous pensons connaître d’eux. La différence, c’est la sincérité et, j’espère, un peu d’objectivité dans nos rapports avec le groupe et dans notre jugement. Ce qui nous permet en même temps de dire, par exemple, que le concert du 6 septembre 1997 au Parc des Princes était tout simplement magique mais aussi de faire un bilan global de la tournée Pop Mart très mitigé.

N’est pas Elisabeth Tessier qui veut !

The Edge, en février 1997, au cours de la fameuse conférence de presse au K-Mart de New York, déclarait « Nous ne voulons pas que cette tournée soit juste un "Greatest hits tour ". Nous trouverions cela très lassant et je ne pense pas que notre public apprécierait non plus ». Force est de constater que les prédications de The Edge ne se sont pas vraiment réalisées : le 25 avril 1997, pour l’ouverture du Pop Mart Tour à Las Vegas, 14 chansons sur 22 sont des singles ou des futurs singles. Neuf sont tirés des albums "pré-Pop" : I will follow, Even better, Pride, I still haven’t found, Where the streets, with or without you, Hold me..., Mysterious Ways, One. Seul Hold Me... représente une nouveauté puisque ce morceau n’a jamais été joué en concert alors que tous les autres sont des « classiques » des tournées précédentes. Cela ressemble déjà plus ou moins à un "Greatest hits tour", mais il y encore 10 des 12 chansons du nouvel album, Pop, que tout le monde attend d’entendre live. Projetons-nous maintenant à mi-tournée, par exemple et au hasard au concert du Parc des Princes. Le 6 septembre 1997. Nous en sommes maintenant à 15 singles, dont 11 anciens : All I want is you et New year’s day sont apparus aux dépens de Do you feel loved et If God will sends his angels. Les propos de The Edge au K-mart sonnent de plus en plus faux. A partir du concert de Sarajevo c’est carrément la fuite en avant : Fini l’incroyable Miami, The Edge et son karaoké à la porte, place à Desire, tiens un single et ... Sunday Bloody Sunday ! Oui, oui l’hymne qui ,avec New year’s day, a donné son statut international au groupe en 1983, celui qui a fait couler tant d’encre, le symbole de la période engagée de U2. Ce morceau qu’ils avaient juré de ne plus jamais jouer après le Joshua Tree Tour (promesse déjà bafouée quelquefois en 92/93). Bono et sa bande qui ont tout compris des problèmes de la vie quotidienne en Yougoslavie ont décidé de faire à Sarajevo un concert comme les autres de la tournée Pop Mart, un vrai concert de Rock, le premier d’un groupe aussi énorme depuis le début de la guerre dans ce pays. Alors qu’ils changeaient que très rarement la set list ils jouent pour ce concert qui doit faire oublier aux yougoslaves les horreurs de la guerre Sunday Bloody Sunday et Miss Sarajevo... Finesse quand tu nous tiens... A propos de Sunday Bloody Sunday The Edge tente de se justifier, se sentaient-ils coupables, à Mexico en expliquant qu’ils avaient « redécouvert » (sic !) la chanson. Incroyable, non ? U2 a commencé le Pop Mart Tour il y 6 mois, les résultats de la première tournée américaine sont moins bons que prévu et brusquement, par hasard, U2 cherche dans ses fonds de tiroir (caisse ?) et redécouvre LE TUBE : Sunday Bloody Sunday, tout cela à quelques dates de la seconde tournée américaine ! Mais ce n’est pas suffisant : ils redécouvrent aussi Desire, gros succès à l ‘époque aux U$A. Le monde est rudement bien fait...

Greatest Hits tour

C’est la fin de la tournée et maintenant le show est un véritable "Greatest Hits tour", 17 des 22 chansons sont des Singles, dont 13 anciens. Il ne reste que 7 chansons de Pop (Ndr : le concert de référence est celui de Mexico du 03/12/97). Nous sommes dangereusement proche de la conception des tournées selon les Rolling Stones. Explication officielle : ce sont les chansons que le groupe a envie de jouer actuellement... Encore heureux ! Explication officieuse U2 devait assurer pour remplir les stades et rien que des stades, les fameux « fans de la première heure » n’étant pas assez nombreux pour remplir à l’infini ces arènes démesurées il a bien fallu attirer le public le plus large possible. Pas celui qui achète tous les albums, non ceux qui pourraient acheter un best-of quoi ! On rajoute New year’s day, puis All I want is you, et encore Sunday bloody sunday ou Desire et même une partie de Bad ! On a peur de rien. Pour battre des records d’affluence, y aurait il des recettes.

Quelque chose de plus.

Attention nous comprenons que les fans aient envie d’entendre certains grands succès du groupe, notamment tous ceux pour qui cette tournée représentait la première occasion de les voir sur scène. Nous savons aussi que certains de ces titres font parties des passages « obligés », des figures imposées d’un concert de U2. Mais on attend toujours quelque chose de plus, de différent de U2 sur scène. Là on restait carrément sur notre faim. Est-ce qu’un Ultra Violet, un Exit, un émouvant One Tree Hill, ou un Acrobat de temps en temps cela n’aurait pas eu de la gueule. Et encore on n’ose même pas piocher dans les premiers albums, car nous savons bien que The Edge ne sait plus les jouer. Malgrè quelques superbes versions à la fin de la tournée de 1993, aucun chanson de l’illustre prédécesseur de Pop, l’incroyable Zooropa n’a trouvé grâce aux yeux du groupe dans cette set list Pop-martienne. Quand certains journalistes abordent le sujet avec Adam, Bono, Edge et Larry les réponses entendues sont franchement peu convaincantes : U2 n’a pas le temps en un concert de jouer toutes ses chansons (Ha bon !), il faut donc choisir (Non !!). Ou bien : certaines de ces chansons pourraient poser des problèmes de voix à Bono, et encore plus drôle : on ne résonne pas en terme d’album, mais on regarde si telle ou telle chanson a un sens dans le contexte du Pop Mart... La on frise le délire. Personne ne pourra nous convaincre que With or Without You ou Pride avaient plus leur place que Dirty day, ou Zooropa au sein de cette tournée. Vous avez sûrement remarqué l’autosatisfaction un peu facile de Bono quand il s’avance sur la mini scène lors de New year’s day ou Where the streets have no name. Ces chansons ont une vertu et non des moindres : elles permettent au groupe de se rappeler que si U2 n’est peut être plus le groupe le plus important du monde, il l’était quand même il y a encore peu de temps. U2 est un groupe hallucinant sur scène, mais il y a un coté un peu facile à faire frémir le public, pourtant déjà conquis d’avance, avec tous ces tubes et quel que soit la qualité du concert. Pour le premier concert de Londres, disons assez « plat » pour être gentil, quand Bono s’affiche avec ce large sourire (que l’on retrouve à chaque concert quasiment) ce côté content de soi, on peut se demander s’il n’est pas tout simplement en train d’essayer de nous convaincre que nous assistons bien à un "super-méga-concert-ouahhh-c’est-génial-les-filles". Vous avez vu la tête que je fais, j’en reviens pas tout ce monde qui chante c’est trop beau. Vraiment vous avez de la chance d’être là à 300 balles la place, car ce soir, ah ce soir...Et sincère ou pas, ça marche.

Karaoke

"Nous ne croyons pas en la méthode qui consiste à préparer un show A et un show B. Où que vous alliez voir U2, ce sera exactement pareil ". Là, hélas, ils ont tenu leur promesse. A notre grand désespoir. Hormis les quelques retouches plus stratégiques (pour rester gentil) qu’artistiques dont nous venons de discuter, la set-list était pratiquement identique d’un concert à l’autre. Les deux seuls changements étaient la chanson choisie par The Edge pour le Karaoke et les deux ou trois couplets de chanson que Bono chantait seul sur scène pour clôturer le show. Un peu maigre non. D’autant que le Karaoké de Edge ou la chanson de King B. étaient choisis parmi les 6 ou 7 mêmes titres et qu’on les retrouve donc régulièrement. Cette sensation de voir deux fois le même concert est encore plus concrète pour ceux qui sont allés, par exemple, à Wembley ou à Rotterdam les deux soirs. U2, qui nous avait habitués à mieux que cela, reprenait cette mauvaise habitude qu’ils avaient pris lors du Zoo Tv Tour. Il semble que le groupe ait subitement oublié que les fans vont en général voir toutes les dates dans la même ville voir dans plusieurs villes, en espérant justement entendre des chansons différentes. D’ailleurs The Edge semblait aussi oublier que lors du Lovetown Tour il y avait un show A et un show B,. et même un C, un D, un E... On pourrait bien sûr nous répondre que le show du Pop Mart est tellement compliqué techniquement qu’une fois les bons enchaînements trouvés (dont le fabuleux Please/Where the streets, par exemple ), ils ont préféré conserver la set list tel quelle. Mais rien n’empêchait d’avoir plusieurs show, ni de jouer des morceaux différents chaque soir sur la mini scène. En échange d’un Party Girl délirant, d’un apocalyptique Exit ou du magnifique Stay on les aurait volontiers écouté dans le noir complet avec deux bougies et une télévision de 70 cm à la place de l’écran géant. Les concerts de u2 devraient rester des show live, imprévisible, humain et chaleureux et pas une exhibition à la Spice Girl ou à la Michael Jackson où tout est prévue à la seconde près.

Une scène trop petite.

Ce qui nous amène tout naturellement à évoquer la spontanéité du groupe sur scène. Ceux qui ont eu la "chance" de voir plusieurs dates du Pop Mart ont eu la désagréable impression que tout était réglé au millimètre, à la seconde près. De Pop Musik à One tout semble prévu, réfléchi. On est bien évidemment loin des premiers concerts ou du Joshua Tree Tour, mais même si certains de ces défauts (set list et spontanéité) se retrouvait dans le Zoo Tv tour ici tout est proche de la caricature. Nous avons été assez nombreux à trouver que les déplacements et les gestes de Bono sur plusieurs chansons étaient « chorégraphiés ». Même si on se dit que pour Miami Bono joue un personnage et que ceci explique cela, on se demande pourquoi les mêmes gestes sont répétés sur Mofo tous les soirs et aux même endroits. Ou encore pourquoi Mister B. court sur la mini scène toujours au même moment sur Where the streets, pourquoi se retrouve t’il toujours à gauche de la mini scène sur Mysterious Ways et pourquoi tous les geste de Hold Me... sont ils rigoureusement les mêmes chaque soir. Seule différence entre deux concerts qui se suivent c’est à quel moment The Edge va t’il faire une fausse note ! La prestation de U2 au Tibétan Free Concert à été très révélatrice à cet égard : ils, et surtout Bono, semblaient perdu, manquant manifestement de repère sur scène. Bono ne savait pas quoi faire sur cette scène trop petite pour lui, sans l’habillage du Pop Mart sans l’incroyable armada qui accompagne désormais leurs concerts. Ce soir là ils étaient seul tous les 4 face à leur public, pas d’écran, de bandes, de synthés, pas tous ces roadies pour les assister et en dehors d’un One très émouvant cette prestation était incroyablement pauvre.

Supermarché futuriste

Revenons encore une fois à la conférence du K-Mart. Une opération de pur marketing, une première dans la carrière de U2. Ce qui n’est pas de très bon augure. U2 nous dévoile le concept de la tournée à venir devant un parterre de journalistes internationaux médusés, dans une ambiance totalement surréaliste. L’idée de la future tournée est simple : transformer la scène en un supermarché géant. Une version futuriste des hypermarchés qui défigurent les extérieurs des grandes villes et que nos quatre amis fréquentent assidûment...c’est sûr, cela sent le vécu. Une sorte de Zoo-K-mart. Bono annonce des tonnes de surprises. On pouvait légitiment s’attendre à quelque chose d’énorme, de grandiose, partant dans tous les sens, exploitant le thème riche et subversif à souhait du supermarché du troisième millénaire. Tout était possible : le kitsch, la politique, la poésie et même l’humour (vous savez le fameux second degrés que Bono et ses amis ont découvert dans les années 90), faisant appel à des artistes de tous les horizons, à des techniques de pointe et comme c’est désormais le cas pour u2 à des tonnes de matériel, des centaines de camion patati patata... Et puis n’oublions pas le Zoo T.v., revoyez les images de cette scène inspirée de Blade Runner. Un choc visuel comme on n’avait jamais eu en concert. Il y avait tellement de choses à voir qu’on en découvrait encore en regardant la vidéo de Sydney. Pour le Pop Mart c’est un peu le contraire, nous sommes ici plutôt dans le minimalisme. Que reste t’il du concept, de ce supermarché ? Que reste t’il du nom Pop Mart ? Il y a bien à la fin d’Even Better than the real thing quelques images représentant l’évolution de l’homme de l’âge de pierre à la société de consommation, avec un caddie à la main. Il y avait aussi le très étrange et néanmoins excellent film d’animation de Brian Wood qui à d’ailleurs raccourci durant la tournée (Le film pas B. Wood). Voilà c’est tout. C’est dans un autre sens, comme on nous l’a fait vite comprendre, qu’il fallait interpréter le concept Pop Mart : U2 s’assume totalement comme énorme groupe de rock formant une véritable multinationale avec de nombreux intérêts et nécessités commerciales à respecter. On n’entrera pas dans le débat U2 est il devenu un groupe commercial qui nécessiterait un article à lui tout seul, mais comme concept de tournée, c’est finalement un peu léger. Le P.D.G Bono et sa bande nous ont asséné des chiffres et des records pour se retrouver avec un concept de show assez « bâtard ». On ne fait pas dans la démesure façon Zoo T.v mais en même temps on est loin du dépouillement luthérien du Joshua Tree tour. Un peu comme l’album Pop, qui lorgne en même temps vers les périodes 84/87 pour certaines chansons et d’autres sonnent comme du Achtung Baby ou du Trip Hop à la sauce Prodigy. C’est incroyable la faculté qu’à U2 de faire une tournée en parfaite symbiose avec son dernier album... Tiens j’ai déjà lu cela quelque part. En fait tout le show tournait autour du plus grand écran vidéo du monde (difficile de faire autrement d’ailleurs ?). Bien que très impressionnant, soyons honnête il fait plus imposant que ma télé, il fait moins grand qu’on pouvait l’imaginer. C’est vrai que pour une fois, quand on voyait le groupe sur l’écran, il permettait à tout le monde de voir ce qui se passait sur scène et les premières places n’étaient pas toujours les meilleurs pour apprécier le spectacle. En fait chaque place devant la grande ou la mini scène, en arrière ou dans les gradins apportaient une vision et une ambiance très différentes du concert. Qu’en est il de l’utilisation même de cet écran ? La proportion entre les images du groupe et disons, les images « extérieures » était assez équilibrée. Les images « extérieures » étaient franchement plus ou moins appropriées, spectaculaires ou intéressantes... Quelques grandes réussites l’intro du concert avec le jeu autour de la lettre O de Pop (décidément les intro de u2 sont toujours impressionnantes ! ), les images des palmiers et de mer pendant Miami, le film d’animation de Brian Wood, les avions de Roy Lichtenstein pendant l’incroyable solo de Bullet the Blue sky et les dessins de Keith Harring pendant One, ou pour ceux qui ont eu la chance de la voir l’apparition de Lara Croft (que l’on peut voir dans le clip du Mofo Phunk Force remix)... Par contre les images du très underground Andy Warhol ne sont ni d’une originalité, ni d’un esthétisme (sur cet écran) convaincantes (le summum ayant été atteint avec les horribles portraits pouvait il en être autrement, de Diana au concert du Parc des Princes, quant aux images illustrant Where the streets ou les portraits de Hold Me... tout cela est assez pauvres et sans grand intérêt.

Citron géant, Olive et kitsch

A l’inverse l’idée du citron, souvent décrié par la presse, c’était Kitsch, c’était mégalo, ce n’était pas totalement nouveau, mais c’était tellement marrant, tellement totale éclate. Un sommet, une image inoubliable. Le Karaoké de Edge : franchement une idée grandiose, un moment de récréation et de spontanéité dans ce show millimétré, une bulle d’air et la consécration pour l’une des belles plus voix du rock (euh, enfin presque... ! ). Le succès de ce Karaoké dépendait en grande partie de la chanson choisie par Edge pour faire chanter le public chaque soir. Deux exemples simples : le bide flagrant de Suspicious Minds à Paris, qu’une très faible partie du public connaissait, on leur avait pourtant dit qu’en France c’était Obispo ou rien, et à l’inverse le tabac fait par The Edge en reprenant le grand tube local Radar Love à Rotterdam et le spectacle de près de 45916 personnes reprenant en cœur le refrain de cette merveilleuse chanson, de la très grande pop hollandaise. N’empêche que si à Paris Edge avait repris L’île aux enfants ou un truc du genre Fais comme l’oiseau de M. Fugain on aurait nagé en plein délire. Je vous laisse imaginer l’ambiance.

Partenariat avec Mc Do ?

Reprenant (comme beaucoup de groupes ou d’artistes depuis) le concept de la mini scène du Zoo Tv, Bono en a certainement un peu abusé cette fois-ci, mais cela reste tout de même un moment très fort avec cette impression, de certains endroits du Stade, que le groupe marche littéralement sur une mer de fans. U2 est le premier groupe à avoir utilisé le concept de mini scène à sa vraie valeur et cela fait maintenant partie des ingrédients indispensables de tout concert réussi en stade. Reste l’arche de 30 mètres de haut. Qu’a t’elle apporté ? Certaines mauvais langues disent qu’elle faisait partie du contrat de sponsoring secret passé entre U2 et Mac Donald’s. Mad Cow aurait même fait mine de vouloir intenter un procès à U2 pour plagiat pour faire taire les rumeurs sur cet accord confidentiel très lucratif. Franchement, quel milieu tordu ! Bon évidemment on peut toujours parler de révolution technique (qui aura quand même échappée à 99.99% du public) qu’est de mettre les enceintes au centre et non de chaque coté comme cela se fait habituellement. Quitte à avoir une équipe impressionnante, à toujours vouloir battre des records de câbles et de je ne sais plus quoi, pourquoi juste une arche ? Oui esthétiquement c’est pas mal, mais franchement n’est ce pas un peu pauvre, une arche, un citron et une olive sur son pic... C’est cela toutes les trouvailles de U2 et de Willie Williams... La première fois cela en jette, ensuite on est franchement moins surpris. Sans vouloir toujours revenir à Zoo Tv, en le voyant 10 fois de suite on se remet toujours pas de ce décor, de ce fourmillement d’idées, de trouvailles et de surprises... Définitivement il manquait quelque chose à cette scène du Pop Mart.

Costumes ou déguisements ?

Parlons maintenant des costumes de scène, ou devrait-on dire des déguisements utilisés par Adam, Bono, Edge et Larry pendant les concerts du Pop Mart. Quand on engage de tels moyens dans une tournée et autant de personnes censées les conseiller pour le show on aurait pu s’attendre à ... autre chose ! Soyons clairs ce n’est évidemment pas pour nous un élément déterminant d’un concert de rock. De deux choses l’une où ils veulent vraiment accorder de l’importance aux vêtements qu’ils portent et ils sortent vraiment le grand jeu, où alors qu’ils fassent comme la majorité des groupes de rock, qu’ils portent des vêtements simples, ceux de tous les jours (le pire c’est que pour certains cela semble être le cas, n’est ce pas M. the Edge) on s’en fout et qu’ils se démarquent par leur musique, leur présence, leur charisme, leur génie... Or il semble bien que depuis quelques années le groupe y accorde une importance particulière, cela mérite donc, pffff, qu’on s’y attarde. Point positif : cela fait du boulot pour la costumière, Sharon Blankson, et son équipe. Petite parenthèse qui n’a rien à voir mais ceci est évidemment primordial : il y avait un physiothérapeute dans l’équipe du Tour... sûrement pour l’E.P.O d’Adam. Points négatifs : quand vous voyez Bono faisant des allées et venues sur l’avancée qui mène à la mini scène, chaque fois dans des habits différents, vous ne trouvez pas qu’il ressemble un peu (le un peu à son importance, nous ne rentrerons pas dans les détails !) à un mannequin sur son podium de mode ? Nous sommes désormais en droit de nous demander si c’est « Helena Christ en scène » qui lui a appris sa nouvelle démarche. Lors de la dernière tournée, Bono changeait deux ou trois fois de costumes de scènes mais c’était pour une raison bien précise : chaque costume correspondait à un personnage déterminé que Bono interprétait, de The Fly à Mc Physto, et c’était particulièrement impressionnant. Pour le Pop Mart le « déguisement » de Bono n’avait sa place qu’à deux reprises : d’abord la tenue de boxeur, qui symbolisait l’état d’esprit de U2 pendant cette tournée : nous avons crée le Pop Mart pour nous lancer un défi à nous même (Ndr : non ne riez pas...), puisque nous sommes les seuls à relever le défi du Zoo Tv tour, d’où l’image de Bono boxant dans le vide, contre son ombre, face à un public tout acquis à sa cause. Ensuite le personnage joué par Bono pendant Miami, c’est à dire le touriste se promenant sur fond de palmiers, il à d’ailleurs eu le temps ces dernières années pour s’entraîner à jouer ce rôle, c’était visuellement et musicalement très fort, malheureusement le groupe à décidé de supprimer Miami de la set-list à partir de Sarajevo. En dehors de ces deux « costumes » de scène c’était souvent une catastrophe : que dire du déguisement, comment appeler cela autrement, de Bono pendant Even Better, son Tee Shirt rose de Musclor, le pantalon et les écrases merde noires, et ses ravissantes lunettes rouges pour couronner le tout ? Qu’en dire... que cela ne vaut pas le costume reptilien, genre grosse cloques noires, qu’il arbore entre Discothèque (quelle boite l’accepte avec ça sur le dos ?) et Mysterious Ways ? Le pire c’est que ces costumes ont été confectionnés, sûrement pour très cher, par un célèbre styliste. The Edge s’est lui aussi distingué, aussi bien habillé sur scène qu’à la ville et ce n’est pas peu dire, on l’a vu notamment avec son costume blanc du chapeau aux santiags (ha les santiags !). Adam, hehe Adam, sacré Adam, lui à rapidement compris que son accoutrement orange, genre ouvrier sur un chantier, n’avait pas particulièrement déchaîné les passions et il est revenu à des couleurs plus classiques et plus discrètes mais avec toujours son déguisement à la Pet Shop boys en intro du concert. Quant à Larry, fidèle à lui-même, il a opté pour un style militaire somme toute discret, genre camouflage. Ha oui, si l’un d’entre vous peut nous trouver un rapport entre ces « déguisements » et le concept de base du Pop Mart (voir plus haut) on lui envoie un super cadeau.

Ca fait du bien le plein air.

Le Pop Mart marque un tournant dans l’histoire de U2 : c’est la première tournée où le groupe ne joue que dans des espaces en plein air. Cette politique a été très critiquée par la presse et par certains fans. Principal argument avancé par Bono et souvent aussi par Paul Mc Business, euh Mc Guiness, notre musique n’a pas de toit (c’est beau, c’est con aussi mais c’est beau !), nous avons été toujours meilleurs en stade qu’en salle. Ha bon ? Donc cela signifie que les trois-quarts des concerts de U2, ceux qui ont eu lieu en salle, ont donc été moins bons, voir mauvais, que ceux en plein air. Non seulement cette idée ne tient pas debout mais elle nous met carrément hors de nous. En poussant encore un peu plus loin on peut y comprendre qu’à performance égale le concert en stade sera toujours meilleur que celui en salle. Prenons les tournées « mixtes », salles et stades, qui permettent des comparaisons quasi "scientifiques" : le Joshua Tree Tour et le Zoo Tv Tour. Que dire des concerts du Zénith, de Belfast ou de Bruxelles de 87 ou des fabuleux concerts de Bercy, Boston ou Stockholm pour le Zoo Tv Tour. Par gentillesse je ne préfère même pas commencer ici la comparaison avec le très fade concert de Vincennes de 1993. Rappelons ce que Bono disait à propos du Concert de Kiel en 1992 (plus petit concert de la tournée devant 7000 personnes totalement déchaînées) : « je pense que c’est un grand concert de rock’n’roll, il fait si chaud qu’on ne peut pas respirer, c’est ce qu’il faut pour notre show ». Revoyez aussi Rattle and Hum, revoyez chaque morceau tournés en salle, au Mac Nichol’s Arena de Denver et les versions éternellement parfaites de Sunday Bloody Sunday, Exit ou Pride. Comment expliquer que la majorité des morceaux live de l’album (4 sur 6) ou du film (7 sur 13) ont été enregistré en salle... Et je me permets de vous renvoyer à l’article sur U2 en France qui parle de la tournée en salle (excepté en Australie et en Nouvelle Zélande) du Lovetown Tour.

So far away, so close.

U2 ne devrait pas se sous estimer comme cela : il ne sont pas si mauvais que cela en salle ils n’ont pas toujours besoin d’écran géant ou de citron pour faire des concerts à vous damner le sein (ou du moins ils n’en avaient pas besoin il y a encore peu) et les quelques images du mini concert de Belfast en juin dernier nous ont laissé sur notre faim. Bono dit qu’ils n’étaient pas bon en club, on ne leur demande pas de faire leur prochain concert parisien à l’Arapaho où à la Cigale mais deux Bercy ou trois Zénith, ça nous déplairait pas... Autre argument massue que Bono aime à répéter (il n’en manque jamais ! ) : il a vu des groupes en club à quelques mètres de lui en ayant l’impression d’être à des années lumières d’eux, on ne sait pas ce qu’il avait pris ce soir là ! La proximité n’est pas physique. Oui, d’accord Bono, mais va dire cela au 74 999eme spectateur du concert de Wembley, oui celui qui était debout, la haut, tout au fond... Comment tu ne l’as pas vu... T’en fais pas lui non plus ! Et si l’argument était à double sens : si on se sent proche de U2 en étant à 158 mètres d’eux, qu’est ce que cela doit être à Bercy quand on est à 10 mètres. Et puis merde, Bono regarde Rattle and Hum, le film, admire un peu l’ambiance sur les morceaux en salle, l’incroyable performance que vous avez accomplie ce soir là, ce concert hors du commun que Phil Joanou à si bien capturé et compare le avec le gigantesque Sun devil Stadium, cette foule compartimenté et cette légère impression de raideur que vous donnez sur scène... Comme on dit souvent à ABEL "y’a pas photo... !" Mais si on était pop méchant (excusez nous c’est ridicule), ce qui n’est franchement pas le cas, on pourrait aussi se dire qu’une tournée en stade, hummmm, ça rapporte, vous voyez un autre moyen de se faire autant de pognon en deux heures.

Faute professionnelle ?

Tout cela est assez inquiétant, cette tournée de stade, cette obsession par rapport aux Etats Unis, U2 a toujours tout fait pour être N°1 la bas, pour y faire le maximum de dates et de fric et toujours en revenant en Europe en y critiquant les USA et les américains... Un peu facile non. Et puis on pourrait aussi se dire que, en dehors de Brian Eno à Sarajevo, il n’y a pas eu un seul invité sur scène, pas de duo, rien. Encore une première et il n’y a pas de quoi en être fier. Quand vous voyez qu’ils n’ont pas répéter ou presque avant Las Vegas. Vous connaissez sûrement cet grande théorie U2-esque : nous avons besoin de travailler dans l’urgence, une épée de Damocles au-dessus de nos têtes pour donner le meilleur de nous même. Cette fois-ci, le groupe a reconnu qu’ils ont peut être poussé ce raisonnement un peu loin. D’abord l’album, qui prend un an pour être écrit et qui est finalement terminé dans la confusion, voire, le bordel le plus total, et surtout les débuts épiques du Pop Mart (baptisé à l’époque le Flopmart par la presse anglaise) : comment est il concevable que le groupe ait si peu eu (ou pris) de temps pour préparer une tournée aussi énorme et avec 10 nouvelles chansons à maîtriser. Un des membres du groupe, dont nous tairons ici le nom par respect pour son anonymat, a avoué que le groupe n’avait pas encore définitivement arrêté la set-list à quelques heures du concert de Las Vegas. Dans un autre contexte on parlerait de faute professionnelle. Sans dire que la plupart des Sound Check (moment primordiale, cruciale pour le concert) ont été fait par les techniciens (Merci Saint Joe !). Pour la petite anecdote ; nos quatre Irlandais étaient encore à Paris quelques heures avant leur concert en Espagne.

Ca commence à faire beaucoup

Nous avons voulu prendre le recul nécessaire pour analyser toute la période Pop de U2. Car dès le départ, dès la sortie de l’album l’impression était mauvaise. Pop est un album mineur chez U2, maintenant on le sait. Un peu l’équivalent de Rattle and hum, mais là où U2 rectifiait le tir avec une tournée en salle chaleureuse, bordélique et inoubliable ils enchaînent la sortie de Pop avec une tournée monstrueuse, franchement pas maîtrisée et parfois ennuyeuse. Ca commence à faire beaucoup, mais quand on sait qu’en 1998 pour finir ils nous ont asséné coup sur coup une vidéo sans grand intérêt, un best-of (on n’y reviendra même pas !) et sûrement le pire single qu’ils ont jamais commis on se dit qu’ils sont tombés si bas que maintenant ils ne peuvent que remonter. Alors le prochain album qu’il soit cette année ou en 2000, on peut vous dire qu’on l’attend... et nous serons comme tous les enfants gâtés, sans pitié.

Ps 2005 : depuis l’écriture de cet article, beaucoup d’eau a coulé... Cargo a été créé et tout ce qui s’ensuit. Nous mis en ligne cet article car il est à l’origine de la création de Cargo. Depuis U2 a sortit deux albums dont le très mauvais All that you can leave behind, suivi d’une fabuleuse tournée en salle... Comme quoi !

Alex & Air

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publié par le 06/01/05
Derniers commentaires
bleumesmel - le 14/03/06 à 17:40
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je ne sais pas pour qui vous vous prenez pour écrire cet article mais certainement j’epère pour vous pas pour des artistes. D’aprés ce que j’ai lu (au secour) vous êtes un peu limité sur le sujet u2 pour votre lanterne il y a eu des concerts avant zoo tv et pop mart (non stipulé) et je pense d’une trés grande qualité. je trouve celà facile de critiqué gratuitement un groupe comme u2 qui pour moi fait beaucoup de chose pour l’humanitaire et non pas que faire du fric (cf mc buisness) ils ne sont pas nombreux les autres groupes à en faire autant. justement reprenez sur la tournée de zoo tv c’est quand même le seul groupe qui a montré au monde entier ce qui ce passait pendant la guerre à Sarajevo alors que tout le monde s’en foutait des enfants mourraient sous les bombes et graces à u2 des interviews live avec des habitants de Sarajevo ont été faites et on a pu ce rendre compte de l’horreur.
alors avant de faire des critiques on s’informe mieux. vous pouvez dire que certain concert de u2 était limité mais je visite votre site pour la 1er fois il m’a particulièrement écoeuré. De plus c’est bien de faire dans le réchauffé cargo c’était justement un fabuleux bateau où il y avait de super groupes et de la super musique vraiment pas comme vous. Je m’arrête car je ne veux pas faire dans le long et ennuyeux comme votre article.
pour finir votre liste de CD de u2 est minable vous ne stipulé même pas 1/3 des albums. Ecoutez un jour la chanson NLK (chanté en live pendant les concerts de u2) vous en aurez des frissons bande de naze

air - le 21/03/06 à 00:07

Hello Hello Bleumesmel.
Permet moi de te répondre. Déjà merci d’avoir laissé un commentaire, je trouve que c’est un peu trop rare.

En écrivant cet article, comme tous les autres je ne me prends pas pour grand chose et surement pas pour un artiste, sois en sur. Alors pour ce qui est du "sujet u2" comme tu dis, tu aurais du lire le début de l’article qui explique la création du Cargo. Cet article a été mis en ligne très tard, en 2005, mais avait été écrit en 1997, pendant la tournée Pop Mart pour le fanzine du Fan Club de u2 Abel que j’avais crée avec quelques amis... Donc tu as déjà du croire que je parlais de la dernière tournée quand tu me dis qu’il y a eu d’autres tournées comme Zoo Tv ou Pop Mart.

Donc sache que j’ai vu de très nombreuses fois u2 en concert depuis 1987. En fait je n’ai raté aucun de leur cocnert parisien depuis Vincennes en 87. Je ne critique pas du tout grautitement. J’ai passé des mois avec Alex (le co fondateur du Cargo avec notre Captain, terant) à écrire cet article. Je ne pense pas que u2 passe son temps à faire du fric, meme si je trouve que cela devient un peu trop systématique depuis quelques années, mais on pourrait en parler des heures. Quand à l’engagement humanitaire, je le respecte énormement, mais il ne change rien à la qualité du groupe et de leur concert ou de leur album.

Pour ce qui est de Sarajevo, je sais très bien ce que u2 à fait avec leur concert. J’ai beaucoup lu la dessus, pareil on pourrait en parler des heures, mais quoi qu’il en soit on ne peut pas dire que cela soit eux qui nous ont fait connaitre ce qui s’est passé la bas.

Je suis le premier déçu quand je vois un concert de u2 "limite" comme tu dis. Pendant la tournée du Zoo Tv après un concert à Bercy absolument renversant j’ai été très déçu par le cocnert de Vincennes ou le groupe avait l’air de s’ennuyer. Croit moi je suis toujour sle premier déçu, mais quoi qu’il arrive je continue à aller voir u2 en concert, j’etais au deux parc des princes de la tournée Vertigo (bon ca va me poursuivre longtemps d’avouer ça sur le cargo).

Je remarque que si j’ai à peine le droit de critiquer U2 car je suis limité sur le groupe alors que j’écoute depuis 1985, tu as le droit d’étre écoeuré par le Cargo après une première visite. J’aimerai savoir ce qui t’a écoeuré en dehors de cet article sur u2 (as tu lu les autres articles sur bono et sa bande).
Quand au cargo avec la Mano Negra, si c’est cela que tu évoques, le nom de notre webzine ne vient pas de là, mais d’une chanson de gainsbouorg, Cargo Culte.

Quand tu dis que notre liste d’albums de u2 est incomplete au 2/3 tu dois confondre avec les singles...
De plus quand tu nous insultes de bande de naze essaie de le faire bien. La chanson de u2 c’est MLK et pas NLK, il parle de Martin Luther King, et je l’ai entendu plusieurs fois en concert... en ayant à chaque fois des frissons...

Salutation à toi...