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publié par Mickaël Adamadorassy le 06/02/19
Kadebostany - La Maroquinerie, Paris - 31/01/2019

Cinq années se sont écoulées depuis notre session session avec Kadebostany, filmée en 2013 pendant la promotion de leur deuxième album, Pop Collection. Depuis la chanteuse Amina qui nous avait tant séduit a quitté le projet avec perte et fracas pour fonder Flèche Love. Cette histoire-là connaîtra une fin juridique que Kadebostan (Guillaume Jérémie à la ville) , producteur, compositeur et désormais seul dirigeant de la république de Kadebostany, préfère désormais oublier. Heureusement il y a aussi une histoire musicale, un nouvel album intitulé Monumental, un qualificatif largement mérité, que ce soit par la longueur de l’album (13 chansons pour presque 50 minutes de musiques) que pour le côté massif de la production, un travail d’orfèvre où s’enchaînent avec une réussite insolente hymnes grandiloquents, blindés de synthés bien gras et de cordes symphoniques larger than life, et balades acoustiques poignantes. Et pour ne rien gâcher les paroles sont raccord : prenons le refrain de « Soldier of love » qui ouvre le disque : "My army is invincible / I fight till I reach the Valhalla highland". Totalement second degré et jouissif.

C’est justement avec ce titre que le groupe entame son concert à la Maroquinerie, pas complète mais plutôt bien remplie, avec des fans qui connaissent par cœur tous les tubes du groupe. Dans un déluge de lumières stroboscopiques, entre noir total et blanc aveuglant, on distingue quatre silhouettes en uniforme qui se préparent à la bataille (de l’amour ?) : Kadebostan aux claviers et à la MPC, la chanteuse Kristina Yakovleva qui a la difficile mission d’interpréter en live toutes les parties des chanteuses ultra-douées qui officient sur le disque, aux pads et à la batterie, Marc Veuthey, très à l’aise sur la musique très électronique et produite du groupe et capable de lui donner un côté très rock et très live. Et enfin la bonne surprise (on n’avait jamais vu le groupe en live auparavant), la présence au trombone de Ross Butcher.

C’est plutôt rare de voir une formation avec un seul cuivre et quand c’est le cas c’est souvent un sax ou une trompette. Mais là le trombone est un choix judicieux, adapté à la thématique "monumentale" ; il soutient le gros son massif que le groupe arrive à construire à quatre avec un résultat beaucoup plus brut que le disque. Un peu comme Haelos vu récemment, les quatres musiciens réussissent à sonner live, à donner l’impression non pas d’un artiste et de ses musiciens mais vraiment d’un groupe qui joue et qui maîtrise clairement son sujet. Que ce soit les solos de guitare de Kristina, rayonnante et souriante dans son uniforme, les interventions du trombone ou les bidouillages aux synthés de Kadebostan, il se passe toujours quelque chose d’un peu différent du disque mais en même temps on en retrouve la richesse et la puissance, le tout soutenu par un lightshow très élaboré.

On s’en rend vite compte, le groupe a décidé de commencer par une offensive frontale massive (de l’amour ?) ce soir : il enchaîne les morceaux les plus connus du nouveau disque et les "oldies"les plus appréciés des fans en début de setlist : après « Soldier of Love », on a droit à « Mind if I Stay », superbe balade acoustique à la fois poignante et planante, « Voodoo Love », morceau un peu plus dansant et autre tube potentiel du disque, « Crazy in Love », leur reprise de Beyonce , utilisée pour 50 nuances de Grey puis des "vieux" tubes : « Teddy Bear » et « Castle in the Snow ». Dans les premiers rangs, on sent qu’il y a des connaisseurs, Kristina qui profite du large espace à l’avant de la scène pour aller au contact du public quand elle n’est pas à la guitare découvre, surprise et ravie qu’il y a quelques bons chanteurs/chanteuses dans le lot et elle les fait participer à la fête en leur tendant son micro quelques secondes. Elle nous donnera encore un dernier frisson avec l’autre belle ballade de Monumental, « Save Me ».

Vous vous dites là qu’elle accapare un peut toute l’attention cette Kristina mais Kadebostan n’est pas en reste non plus, il ne reste pas planqué derrière ses claviers ou le nez dans sa MPC, il y a beaucoup de communication visuelle entre lui et les autres musiciens, il adopte une gestuelle très théâtrale quand il le peut et il chante aussi deux morceaux avec Kristina. Pendant le premier rappel, il viendra même sur le devant pour s’amuser avec le public, faire s’accroupir toute la salle ou la faire chanter. Comme sa chanteuse , il a un grand sourire aux lèvres et l’air sacrément heureux de retrouver son public français et d’être accueilli aussi chaleureusement. Le groupe joue encore deux titres de Monumental ainsi que « Summertime Sadness » de Lana Del Rey dans une version lugubre presque cold-wave voir lynchienne avec juste deux voix et des claviers.

Le rappel sera aussi l’occasion pour Kristina de brandir pour la deuxième fois le drapeau de la République de Kadebostany avec toujours ces éclairages puissants qui vous brûleraient presque la rétine. Le public n’est pas rancunier pour autant et l’ovation est telle que le second rappel s’impose, le groupe revient pour un ultime titre avant de saluer ses fans. On regarde l’heure : viennent de s’écouler environ une heure et demi de concert intense avec une formation live séduisante qui a à sa disposition une belle brochette de tubes imparables.

Pour faire la fine bouche, on regrettera juste de ne pas avoir eu une version live de l’impressionnant « I still believe »... même si on comprend que malgré tout son talent, Kristina ne peut pas reproduire l’interprétation très personnelle et carrément sublime d’Anna Kova sur disque. Mais bon ce n’est qu’un détail, on ressort de ce concert de Kadebostany plus que repu et ravi de continuer sur cette lancée de groupes très arrangés et très électroniques qui réussissent à faire du vrai live, excitant et différent du disque sans en trahir pour autant l’essence et l’identité sonore.

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