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publié par Emmanuelle Nemoz le 18/09/22
Herbie Hancock + Thomas de Pourquery et Supersonic - Jazz à Vienne 2022 -Théâtre Antique, Vienne -12/07/2022 -

Cette année, le Cargo n’a pu se rendre à Jazz à Vienne qu’une seule soirée, mais quelle soirée !

Alors que le soleil descend lentement derrière la scène en teintant le Théâtre Antique d’une lumière dorée, Thomas de Pourquery & Supersonic l’enflamment à coup d’irrésistibles grooves issus de leur dernier album, Back to the Moon.
Le set est tout aussi jubilatoire que lorsque nous l’avions découvert l’an dernier pour la release party de Jazz à La Villette (compte-rendu ici).
Aussi à l’aise dans les furieuses envolées que dans les volutes planantes qui forment cette musique mutante, cosmique, les six membres d’équipage du vaisseau Supersonic font d’un maelström de références et de genres un style singulier, immédiatement reconnaissable comme le leur.
Comme à son habitude, Thomas de Pourquery joue du sax et de la voix, dialoguant avecFabrice Martinez ou Laurent Bardainne, Arnaud Roulin règne sur les claviers et Edward Perraud est toujours aussi impressionnant à la batterie, assurant une rythmique hors du commun avec la basse de Frédérick Galiay.
Après un "Give the Money Back" (issu du précédent album, Sons of Love) incandescent, Supersonic atterrit en douceur avec sa reprise onirique du "Love in Outer Space" de son mentor, Sun Ra.

Le temps du changement de plateau (véritable ballet mené de main de maître par l’équipe du festival qui ne peut que susciter l’admiration de qui veut bien l’observer), la nuit est tombée sur le Théâtre Antique et l’excitation est palpable dans le public : Herbie Hancock, légende vivante du jazz révélé par Miles Davis et auteur de morceaux incontournables devenus des standards comme "Cantaloupe Island", est de retour à Jazz à Vienne pour sa quinzième participation depuis les débuts du festival en 1981 (un record !).
Du haut de ses 82 ans et avec une telle carrière, a-t-il encore le feu sacré ? Manifestement oui : dès qu’il monte sur scène, il est clair qu’Herbie a envie d’être là et de jouer, rien à voir avec certaines stars américaines qui "font le show" mécaniquement comme si en coulisse quelqu’un avait appuyé sur un bouton.
Herbie Hancock est un explorateur, même à l’intérieur de ses propres compositions, qu’il revisite inlassablement, faisant de chaque concert une expérience musicale passionnante, et il n’a rien perdu de la virtuosité et des fulgurances qui rendent ses solos époustouflants.
Avec son groupe (les surdoués Terence Blanchard à la trompette et Lionel Loueke au chant et à guitare, James Genus à la basse et Justin Dyson à la batterie), Herbie part à l’aventure, entraînant le public dans son sillage de rythmes complexes, de strates stylistiques et sonores et de voix désincarnée par le vocoder (qu’Herbie arrive à rendre poignant sur "Come Running to Me").
Une fusion extraordinairement réussie entre jazz, pop, funk, hip-hop et electro qui constitue la marque de fabrique d’Herbie le "Chameleon" expérimental, curieux de toutes les formes de musique [1].
"Chameleon" sera d’ailleurs le rappel explosif du concert, avec un Herbie tout sourire, arpentant la scène en jouant de sa keytar devant un public en transe, dansant jusqu’aux plus hauts gradins du Théâtre Antique et jusqu’à la dernière note.

Comme l’a parfaitement exprimé Thomas de Pourquery, contemplant les gradins du Théâtre Antique, "on dirait que tout a été conçu pour que l’être humain se délecte de la musique dans ce lieu". C’était tout particulièrement vrai ce soir-là.

Notes

[1] raison pour laquelle il était également cette année sur la Pyramid Stage du Glastonbury Festival !

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