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publié par Mickaël Adamadorassy le 24/06/19
les 15 ans de New Noise, jour 2 - le Trabendo, Paris

Après une première soirée d’anniversaire consacrée à la face punk/rock/garage de la planète Noise, New Noise nous mettait au défi pour la deuxième d’aller en explorer la face obscure, des endroits où le Cargo ! a un peu moins ses habitudes, où d’étranges créatures aux noms complexes et terrifiants rodent mais votre serviteur avant d’embrasser la folk, le chant choral et les guitares en bois a longtemps traîné ses docs dans les concerts de métal alors même pas peur ! (mais sortons quand même une bonne paire de protections auditives)

Fléau

La seule fois de l’année où on prend le tramway, il fallait qu’il y ait un voyageur malade... On a donc loupé une bonne moitié du set de Fléau . Le programme nous décrivait le projet comme de la "synthwave horrifique"... zut c’est tellement bien résumé qu’on va devoir paraphraser et passer pour un mec sans imagination. Enfin bref... Fléau c’est Mathieu Mégemont qui se fait appeler aussi "le Mage" et qu’on retrouvera plus tard à la batterie chez Year of No Light. En solo, les outils du Mage sont un laptop et quelques machines et sa magie, la plus noire qui soit, est électronique : sons synthétiques égrenés par un arpégiateur ou déroulés en nappes dissonantes, boite à rythme sans chichi, qui pose la pulsation avec le kick et reste sobre sur le reste. Orgues et sons aigus extirpés du vocabulaire des classiques de l’horreur. Le tout avec un gros gros son qui n’aura pas à avoir des complexes par rapport au gros gros son des copains qui suivront. Intéressant quand on arrive à s’immerger, pour les atmosphères, pour la densité du son et son impact quasi-physique. Mais un film d’horreur ce n’est pas que des ambiances, il y a aussi une dramatisation des "BOUH !!!!! Le méchant était derrière la caméra et tu l’avais pas vu", il manquerait peut être ça à Fléau mais en quelques morceaux difficile d’en juger, pour une mise en bouche en tout cas c’était très bien !

White Heat

C’est White Heat, qu’on avait vu et beaucoup aimé sur scène sous le nom de I Love UFO, qui nous avait fait nous intéresser à cette soirée et c’est à peu près le seul groupe où l’on savait à quoi s’attendre et on a pas été déçu : Butch Mc Coy et ses acolytes (batterie + synthé) ont délivré une prestation bruitiste, intense, à base de Fender Jaguar lourdement saturée et de chant souvent plus hurlé que chanté, entre grunge et psychédélique mais décidément très noisy. Tout n’est pas parfait dans le son (beaucoup de guitares et de batterie, très peu de chant et de claviers mais précisons qu’on était tout devant face à l’ampli...) comme dans la mise en place mais l’important n’est pas là, White Heat restitue parfaitement l’urgence, quelque chose qui est encore à vif, il y a quelque chose de vrai dans les yeux de Butch, dans sa façon d’attaquer ses cordes de guitare, d’exploser ses cordes vocales. C’est un concert qu’on vit à fond les ballons, devant la scène un mec avec des dreads n’en peut plus et headbangue violemment juste en face de Butch, le reste du public est un peu plus sage et apparemment connait le projet vu les murmures appréciateurs quand Butch annonce qu’ils vont finir le concert avec un titre de I Love UFO. Lui finira dans la fosse à s’éclater en mode bon enfant avec quelques pogoteurs. On ne saurait pas trop vous décrire de manière analytique chaque morceau de White Heat, on l’a vécu comme un même assaut ravageur sur les sens et les tympans. Pour notre plus grand plaisir.

Year of no Light

On était curieux de découvrir ce que c’était du "post-metal cyclopéen". De prime abord, on dirait que ça ressemble pas mal à du post-rock : une musique essentiellement instrumentale et des musiciens nombreux : avec pas moins de 3 guitares, 2 batteries, 1 basse et 1 clavier, répartis entre 7 musiciens (le claviériste joue aussi de la batterie selon le moment de la chanson ... ou l’humeur ?). Le début ne nous dépayse pas trop : on est proche du doom-metal : c’est à dire que le tempo est très lent et les guitares très lourdes, proche d’un grondement saturé sur toutes les fréquences audibles voir plus. De temps en temps on entend les claviers, la basse contrairement a beaucoup de groupes de metal n’est pas un murmure moche dans le bas, peut être parce que c’est une Fender tout à fait classique ? Mais bon ce qu’on entend surtout c’est les deux guitaristes de gauche et la batterie ou les deux batteries. C’est déjà de quoi passer un bon moment parce que le mur du son est là et que petit à petit le groupe montre à la fois une grande qualité technique et une capacité à ne pas être coincé sur la même formule (on a même un riff en son clair un peu math rock), ce qui manquait en "dramatisation", en scénarisation à Fléau, là on y est, la musique raconte quelque chose, ce ne sont pas des chansons mais il y a bien une histoire qui est racontée. Mais là j’ai l’impression qu’il me manquait la moitié du son du disque, on ne jettera pas la pierre à l’ingé son néanmoins, sonoriser quatre groupes bruyants dont un set-up compliqué à 7 musiciens n’est pas évident surtout que les concerts s’enchaînent rapidement. Mais bon l’impression globale, comme pour les deux autres groupes est plutôt bonne. Par contre à la fin du concert malgré nos protections auditives, on commence à avoir les oreilles qui fatiguent un peu.

Hangman’s Chair

Un groupe dont le bassiste arbore fièrement un T-Shirt de Type O Negative, forcément on ne pouvait que partir avec un bon a priori dessus. Qui s’est largement vérifié : Hangman’s Chair est un quatuor parisien qui maîtrise très bien son sujet, où le son massif n’empêche pas un côté très mélodique d’émerger. Dans un style finalement peut être moins "exotique" que les formations qui les ont précédé sur scène mais par contre à part quelques problèmes de grosse caisse au début du set, le son est bon. On sent qu’il y a de la bouteille chez ces quatre musiciens, un "classique" chant/guitare, guitare lead, basse, batterie, où tout le monde joue vraiment bien à commencer par un chanteur qui a une voix plutôt "clean" entre Seattle et le Stoner voir quand l’ambiance est sombre un petit peu de Tool ?. Le batteur a la frappe bien lourde, le grosse caisse/caisse claire est envoyé comme un marteau-piqueur qui jouerait au tréfonds du temps, sur des tempi volontiers lents facon doom et Type O Negative cité ci-dessus. La guitare lead et la basse sont aussi irréprochables, dans le son, joli clean pour la guitare, bonne assise et notes bien articulées pour la basse. On se régale, d’ailleurs on sent qu’il y a plus de monde pour eux et que le public se bouge en masse dans la fosse, ça partira en pogo une fois ou deux mais tout le monde n’est pas dans ce délire (il y a des métalleux dans le public mais la soirée a attiré un public beaucoup plus large que celui du métal). Le groupe existe depuis 2005 et on se demande comment on a pu le louper, heureusement c’est réparé !

Testé et approuvé

Honnêtement ça fait longtemps qu’on ne suit plus vraiment le métal, on se contente tout au plus d’aller voir Paradise Lost ou Therapy ? à chaque tournée mais les nouveautés sont souvent pas franchement notre tasse de thé, trop bourrin, trop hurlé ou trop classique. Cette soirée New Noise c’est exactement ce qu’on attendait : l’occasion pour nous de découvrir des groupes affiliés à ce style mais avec les qualités qui font qu’ils peuvent plaire au delà des chapelles et des goûts acquis.

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