Dans ce deuxième extrait de Caillou, premier album de Gisèle Pape succédant à l’envoûtant EP Oiseau, la mélodie est accrocheuse mais les sonorités inquiètes et oppressantes. « Je plonge, je nage, je gagne, je ne suis plus qu’un corps », chante-t-elle d’une voix neutre qui ne fait que souligner ce que le texte a de terrible, laissant les boucles frénétiques en traduire la détresse sous-jacente. « Les Nageuses » s’inspire de l’histoire des athlètes est-allemandes des années 70, de ces corps qu’on détruit en même temps qu’on les façonne pour la victoire.
Le clip réalisé par Marine Longuet et Gisèle Pape reprend ce motif du corps déshumanisé, transformé en objet qu’on modèle, qu’on déplace, qu’on traite en mannequin davantage qu’en être humain, dans une chorégraphie mécanique et stylisée. Là encore, l’aspect distancié des images souligne la violence de ce qui s’y joue. Le morceau comme son clip sont remarquables dans leur immédiateté, leur efficacité à partir de peu d’effets.
Caillou sort le 29 janvier, c’est un très bel album à la hauteur des espoirs suscités par Oiseau, et « Les Nageuses » en est sans doute l’un des titres les plus forts.