On connaissait déjà Gauthier Toux en trio ou en clavier de Guillaume Perret (photolive ici), on l’a découvert en ouverture du festival Jazz à Vienne dans une incarnation tout particulièrement innovante : For a Word.

Après un premier album éponyme en quartet, le groupe est sélectionné pour l’opération Talents Adami Jazz, qui propose à un(e) jeune artiste de jazz de collaborer avec un(e) artiste de renommée mondiale de son choix en vue d’un concert diffusé dans les festivals partenaires, et Gauthier a choisi d’inviter le trompettiste norvégien Nils Petter Molvaer, explorateur sonore des confins du jazz et des musiques électroniques.

La collaboration avec ce dernier s’est, Covid oblige, faite à distance, mais il a suffit de deux jours de résidence au théâtre de Vienne juste avant le début du festival pour que l’alchimie opère entre les générations, avec à la clef un concert étonnant et détonnant, transportant le public d’un territoire musical à l’autre au gré des morceaux et même à l’intérieur de ceux-ci, avec des changements de direction, de tempo et de style aussi inattendus que jouissifs.

For a Word fait souffler un vent de liberté qui ignore superbement les frontières fictives entre genres musicaux, navigant allègrement du jazz à l’électro en passant par le funk, la pop indé et une architecture sonore onirique et comme venue du fond des âges, laissant toute sa place au souffle et au silence.

Léa Maria Fries joue de sa voix comme d’un instrument, Nils Petter Molvaer souffle sur le micro de sa trompette, Gauthier Toux ne fait qu’un avec ses claviers et le tandem Julien Herné / Valentin Liechti colore le tout de rythmiques hypnotiques.

Si les morceaux explorent (avec bonheur) des territoires musicaux très différents, une unité sonore propre au groupe se dégage et le public ne s’y est pas trompé qui a fait un triomphe justifié à For A Word.