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publié par Mélanie Fazi le 01/04/19
Emilie Marsh - "Le cœur de ma musique est là, sur scène"

En septembre dernier, nous nous entretenions avec Emilie Marsh en compagnie de Robi et de Katel pour parler de la création de leur label FRACA !!!, de leur démarche générale et de leurs projets à venir, dont le premier album annoncé était, précisément, celui d’Emilie. Nous la retrouvons aujourd’hui pour évoquer cet album dont la découverte, entre-temps, nous a surpris et épatés, de l’efficacité imparable des mélodies à la justesse des émotions – un album qui rend très vite accro et dont nous vous parlions dans une chronique enthousiaste publiée il y a quelques jours. Rencontre dans un café parisien au retour des premiers concerts de la tournée pour évoquer l’histoire de ces morceaux, ses diverses collaborations ou sa participation à Nos vies formidables sorti tout récemment, film bouleversant autour de la solidarité qui unit un groupe de personnes en désintoxication qui s’épaulent pour guérir ensemble, resté indissociable pour nous de la chanson d’Emilie qui figure au générique.

En découvrant l’album, j’ai été frappée par son efficacité et une sorte de simplicité, dans le sens où tout va droit au but, tout est à sa place. Est-ce quelque chose que tu recherches consciemment, ou est-ce que ça s’impose naturellement ?

Cette remarque me fait très plaisir, parce que j’adore l’efficacité. Je ne sais pas si je la cherche mais c’est comme ça que je fais des chansons, assez simples dans la structure, assez efficaces, avec des riffs, des mélodies… C’est quelque chose d’important pour moi, ce sont mes goûts. Après, je peux écouter des choses complètement barrées mais c’est vrai que ce que j’écris a quelque chose de droit au but, c’est ce que je dis aussi dans mes chansons.

Quand tu écris une chanson, quelle est ta première impulsion ?

Ça a beaucoup changé. Au départ, j’étais plus stimulée par l’idée de dire quelque chose, et avec le temps et mes différentes activités de musicienne, mon langage est devenu beaucoup plus musical. Aujourd’hui, il n’y a pas deux chansons que j’ai écrites avec la même méthode mais globalement, une mélodie me vient, je prends mon téléphone, je l’enregistre, je la développe, parfois j’ai un mot avec, une phrase, une idée, mais j’ai une manière d’écrire assez musicale et même rythmique. Par exemple pour les chansons de ce disque, il y en a beaucoup que j’ai écrites à la base sur une rythmique : j’ai fait mes rythmiques sur mon ordi, et c’est ce qui m’a inspiré le reste. Il y a les deux, à la fois cette recherche mélodique, cette recherche rythmique, et évidemment ce dont je veux parler, mais la première impulsion est souvent musicale.

J’ai lu dans des interviews plus anciennes que tu venais d’une écriture plutôt folk au départ et que tu avais découvert la guitare électrique qui avait tout changé. De quelle manière est-ce que ça a transformé ton écriture ?

C’est vraiment qu’à un moment donné, quand j’ai pris la guitare pour jouer avec d’autres gens – c’était pendant les Rencontres d’Astaffort, il y avait plein d’auteurs compositeurs et j’ai accompagné pas mal de gens à la guitare – il y a un truc qui s’est enclenché. C’était très corporel, très sensuel, quelque chose qui s’est mis en place dans mon corps au moment où j’avais cette guitare et qui ne m’a plus quittée, comme un prolongement de moi-même qui me permet de faire de la musique. C’est pour ça que je joue tous mes morceaux à la guitare : sans elle, je ne suis pas vraiment entière. C’est devenu un élément, comme une pièce du puzzle. Et je me suis dit que je ne pouvais plus cacher ça et qu’il fallait absolument que j’écrive un répertoire qui corresponde à ce que je ressentais avec cet instrument, et à ce qu’il m’amenait aussi. À partir de là, j’ai écrit plein de nouvelles chansons, j’ai beaucoup tourné sur scène, mais il y a eu en effet une césure dans ma vie à ce moment-là. Ça paraît anecdotique mais pour moi ça a changé beaucoup de choses.

Sur l’album, on pourrait s’attendre à ce que la guitare soit davantage mise en avant, mais elle ne l’est pas tant que ça. C’est peut-être moins rock que sur scène et les claviers sont peut-être plus présents.

Complètement. Mais pour moi, le rock, ce n’est pas forcément de la guitare électrique : c’est une attitude, une énergie, c’est ce que je suis quand j’ai ma guitare sur scène. C’est vrai que c’est une remarque qu’on me fait souvent, mais mes chansons ne sont pas faites pour être arrangées avec des grosses guitares. Ça donne une couleur qui ne marche pas du tout, j’ai déjà essayé. Sur scène, forcément, il y a une énergie en plus et on retrouve ce côté guitare, mais en réalité ces chansons sont faites pour sonner comme elles sont sur l’album. Si j’avais mis de la guitare partout… Elles sont là, elles sont présentes sur tous les morceaux, mais pour moi les chansons n’appelaient pas à cet arrangement-là. C’est pour ça que je dis souvent que le rock, c’est une attitude, une vision des choses, une façon de vivre aussi. J’ai un personnage très rock, mais dans ce que j’écris je trouve que je suis plutôt dans la variété française, tout simplement, et que cette énergie rock est là, pas forcément dans l’essence des compositions mais plutôt dans l’énergie que j’y mets.

Tu disais aussi dans des interviews que tu t’étais rendu compte à un moment donné que ta voix n’était pas une voix rock au sens où on l’entend généralement et que tu avais mis du temps à comprendre que c’était une force.

Oui, parce qu’au départ, on voit une nana avec une guitare électrique un peu rock, on s’attend à une grosse voix, quelque chose qui envoie, et moi je n’ai pas une voix très puissante. Mais par contre elle change, et en faisant cet album j’ai aussi exploré d’autres choses. J’ai une voix plutôt « légère » par rapport à l’énergie que je peux renvoyer, mais au début oui, c’est un contraste qui me faisait dire « Merde, je n’ai pas la voix de mes goûts, de ce que j’aime », j’ai mis du temps à l’accepter. Aujourd’hui je crois que j’aime ce contraste, le fait d’avoir une voix légère et en même temps une grosse énergie rock derrière. C’est vraiment quelque chose que j’assume et qui est devenu une force. De toute façon on ne choisit pas, tout se travaille mais ma voix c’est ma voix, il faut que je fasse avec.

J’avais lu quelque part que dans la création, ce qui fait notre identité est souvent ce qu’on cherchait à cacher au départ ou qu’on n’assumait pas.

C’est vrai. David Gilmour disait que c’est en cherchant à imiter les sons que tu adores que finalement tu te trompes, tu n’y arrives pas et que c’est là que tu trouves ton son. Ça dit la même chose.

À propos de « Goodbye comédie », tu disais à un moment donné que c’était le morceau qui résumait ta démarche.

Cette chanson parle aux gens de manières différentes, elle peut vouloir dire beaucoup de choses. Pour moi en l’occurrence, l’impulsion de départ, c’était ce changement dans ma musique, le fait de ne plus vouloir me cacher, de vouloir assumer qui j’étais vraiment musicalement. Parfois les gens attendent quelque chose de toi, tu as envie de correspondre à des attentes, et à un moment donné tu te dis : « En fait non, j’ai envie de faire ce que je veux. » C’est à ce moment-là que je me suis dit : « OK, j’y vais, plus de masques, j’arrête de me planquer derrière une musique qui n’est pas vraiment la mienne. » À partir de là, j’ai écrit plein de nouvelles chansons dont « Goodbye » qui résume bien cette envie d’être soi et d’être soi sur scène, cette démarche aussi de le dire aux gens. Après, elle peut évoquer beaucoup de choses pour plein de gens et j’adore que ce soit ouvert à ce niveau-là.

Elle parle de s’affirmer dans sa pratique musicale mais on peut y entendre aussi le fait de s’affirmer dans la vie de tous les jours. Elle est très forte parce qu’elle marche sur les deux plans.

Bien sûr, c’est lié à ça. Quand je parle de la musique c’était aussi un moment où je me suis affirmée davantage dans ma vie parce que j’étais à ma place, au bon endroit, ça a aussi permis que mes rapports au monde soient plus simples.

J’ai entendu des versions live plus anciennes et je trouve que celle de l’album fonctionne mieux car elle est plus directe, plus joyeuse, davantage dans l’affirmation comme pour dire : on envoie tout balader, on y va.

Oui, il y avait un côté mélancolique dans les versions d’avant. Il y a plus un côté conquérant dans cette nouvelle version qui me plaît.

Même si les deux chansons sont extrêmement différentes, on peut entendre une sorte d’écho entre « Goodbye comédie » et « Haut le cœur », qui parlent toutes deux du fait d’être décalé et soit de se laisser atteindre, soit de l’accepter.

C’est vrai, tu as raison, je n’y avais pas pensé. De toute façon, on dit souvent qu’on écrit une seule chanson et qu’on la décline. Je pense que toutes mes chansons parlent un peu de la même chose : à la fois de cette volonté de s’affirmer mais surtout de vivre pleinement le moment, de vivre le présent. Mon album parle du présent et il est écrit au présent, il n’y a pas une seule chanson au futur ou au passé. Pas de nostalgie, c’est vraiment le goût de l’instant avec tous les risques et les dangers que ça comporte. Et « Haut le cœur » c’est aussi pour dire ça, pour dire : « Vas-y ».

Cette chanson figure dans le film Nos vies formidables de Fabienne Godet qui vient de sortir et où tu joues un rôle. A-t-elle été écrite pour le film ?

Pas du tout, je l’avais écrite avant. À la base, on m’avait castée pour un petit rôle dans le film. Au moment du tournage, la réalisatrice pensait que j’étais pianiste (alors que je suis guitariste, mais je fais un peu de piano), elle m’a demandé de jouer du piano sur une scène et de chanter un morceau. Je me suis dit que c’était la chanson qui collait le mieux à l’ambiance du film, une chanson de réconfort. Je me suis mise à la chanter et c’était un moment assez suspendu, assez magique sur le tournage, il s’est vraiment passé quelque chose. Finalement ils n’ont pas gardé la scène où je joue, mais ils ont gardé la chanson qui est au générique.

Dans une version piano-voix qui n’est pas celle de l’album…

Dans la version piano-voix. C’est vraiment la version enregistrée sur le tournage.

Quel souvenir gardes-tu du tournage de ce film ?

C’est irracontable… c’était incroyable. On a tourné il y a deux ans et on est tous restés très proches, on se voit régulièrement, on a défendu le film ensemble le plus possible et on a gardé des liens hyper forts. C’est un film qui parle du collectif, de la solidarité et c’est vrai que la réalisatrice, en rassemblant tous ces gens, a réussi à créer ça aussi au sein de l’équipe. Et je pense que ça se ressent à l’image, qu’il y a beaucoup de liens entre nous. C’était une expérience dingue, on vivait un peu en huis clos dans un lieu unique. Pour moi ça a été un jalon aussi dans ma vie, vraiment, des rencontres folles, cette chanson qui est devenue un peu l’emblème du film…

C’est une chanson qui est déjà très touchante en soi mais le contexte du film, le moment où elle est placée, la rend bouleversante.

Pas mal de gens m’ont dit ça, ça me touche beaucoup. C’est tellement incroyable l’histoire de ce film…

Tu parlais tout à l’heure du présent, de l’absence de nostalgie et le dossier de presse insiste beaucoup sur cet aspect, qui est effectivement très présent sur l’album, mais on peut y entendre aussi autre chose, une forme de mélancolie malgré tout.

J’aimerais bien que tu me dises sur quels morceaux, ça m’intéresse.

« Haut le cœur » justement, ou encore « Vents violents ».

Oui, « Vents violents » que Céline Ollivier a écrite. Mais c’est peut-être la musique qui te fait dire ça…

Oui, davantage l’ambiance que les textes.

Les mélodies qui me touchent sont peut-être des mélodies qui ont des inflexions un peu mélancoliques parfois.

C’est aussi l’impression qu’il y a des failles mais qu’elles n’ont jamais le dessus, ce n’est jamais quelque chose d’écrasant.

C’est exactement ça. C’est une histoire de tension dans l’écriture. Je cherche toujours la tension, le nœud, l’endroit où il y a une émotion dont tu as envie de parler et en même temps, qu’est-ce qui la rend compliquée, qu’est-ce qui la rend viable ou pas. Quand je dis que toutes mes chansons parlent du fait de vivre le présent, ça ne veut pas dire que c’est évident, il y a des situations qui font que ça l’est plus ou moins. Mais ça parle du présent en tout cas.

« Où vas-tu la nuit » est un morceau très fort qui tranche avec le reste de l’album par sa tonalité plus trouble et inquiète, par son côté narratif aussi.

C’est une des plus vieilles chansons avec « Goodbye comédie » et elle a connu plein de versions, de façons de chanter. Je l’ai chantée plus en colère, et maintenant il y a quelque chose d’inquiet mais de latent, quelque chose de désarmé. Elle est plus narrative et puis c’est vraiment une déambulation nocturne, il y a tous les fantasmes qu’on a, tout ce qu’on peut projeter sur une personne. Ça parle de son propre esprit, pas des choses réelles. Après, pas mal de gens pensent que c’est une chanson de jalousie, d’inquiétude dans le couple. Pour moi c’est aussi une chanson miroir, une chanson sur l’inquiétude de ce qu’on peut être nous-même, sur ses propres démons. Il y avait une fin au départ, je disais : « C’est moi que je regarde/Me glisser hors du lit/C’est ma main sur la rambarde/C’est moi qui sors la nuit. » Mais c’était trop explicatif, et j’ai envie de laisser la place à tout ce qu’on peut imaginer. Ça suffit, on n’a pas besoin d’en dire plus. Je suis très heureuse de ce morceau, je trouve qu’il a vraiment une couleur particulière. C’est pour ça aussi que je l’ai mis au milieu dans l’album, c’est un point de bascule pour moi.

Est-ce que ça t’arrive souvent d’avoir un morceau et de chercher sa tonalité dans différentes versions ?

Là ça a vraiment été une exploration : comme elle est plus ancienne, je l’ai jouée sur scène. J’ai souvent joué les morceaux sur scène avant pour les tester, et ensuite je fais des maquettes chez moi. La plupart des morceaux de l’album partent de mes maquettes que je retravaille ensuite avec des réalisateurs. Il y a des arrangements qui changent, des choses qui bougent, les structures de base sont là mais je suis globalement co-arrangeuse sur l’ensemble des morceaux. Donc oui, je cherche pas mal. Après, pour certains morceaux c’est assez évident. « Soleil blanc », « L’aventure », ce sont des morceaux où j’avais directement l’ambiance générale. « Où vas-tu la nuit », comme elle est plus vieille et que je la jouais sur scène, c’est comme « Goodbye comédie » ou « J’embrasse le premier soir », il y a eu plusieurs versions, ce sont des morceaux autour desquels j’ai tourné.

En parallèle de ta propre musique, tu es impliquée dans beaucoup d’autres projets. Tu joues notamment sur scène avec Dani qui interprète d’ailleurs un duo sur cet album, « Sur les ondes ». Comment en êtes-vous venues à travailler ensemble ?

C’est une rencontre, un hasard de la vie, très joli. On s’est rencontrées à la fin d’un concert, je lui ai dit que je faisais de la guitare, elle m’a rappelée, elle avait un concert prévu et n’avait pas encore de musicien sur ce concert-là, et après on a continué. Ça a été une rencontre assez dingue. On a fait beaucoup de choses ensemble, et j’avais envie sur l’album d’avoir une trace de cette collaboration, de cette histoire. Parce que cette chanson – ce n’est pas moi qui l’ai écrite, mais elle parle vraiment de notre lien. Et moi je ne me sentais pas capable d’écrire un texte là-dessus, c’était trop proche de moi. J’ai fait appel à Pierre Grillet qui est un auteur qui travaille beaucoup avec elle.

Tu es souvent impliquée dans des projets très divers, que ce soit comme accompagnatrice (avec Dani ou dans le spectacle Scènes d’amour avec Simon Mimoun d’après des textes d’Eliette Abécassis), ou avec ton groupe Bodie. Est-ce que tu t’ennuies si tu restes sur un seul projet ?

Franchement, oui, j’adore me décentrer. J’adore accompagner des gens. C’est vraiment quelque chose que je ferai toujours dans mon métier, je n’ai pas envie de faire un seul truc. J’adore être sur scène en tant que guitariste, je m’exprime, je ne me sens pas frustrée. Si je peux continuer à toujours faire ça, je serai absolument ravie. Vraiment, ça fait partie de mon ADN. Et puis c’est une autre énergie, c’est quelque chose d’autre qu’on livre, et c’est tout aussi intéressant.

De quelle manière est-ce que ça nourrit ce que tu écris, ce que tu fais de manière générale ?

Ça apporte un vrai recul par rapport au fait d’être tout le temps concentrée sur tes chansons. Tout d’un coup tu fais un pas de côté, tu accompagnes les gens, tu trouves d’autres sons, tu explores d’autres univers musicaux donc oui, ça a forcément une influence sur l’écriture, sur la composition. Ça donne aussi une forme d’urgence, parce qu’on a moins de temps et qu’on a envie de revenir à ses projets quand on rentre de tournée avec d’autres artistes. Ce sont vraiment des vases communicants.

À propos de recul, quand on écoute sur l’album les chansons dont les textes sont écrits par d’autres personnes que toi, on a l’impression que tu les chantes différemment. Sur « Vents violents » notamment.

« Vents violents » c’est aussi que la composition est plus légère et vraiment différente des autres, elle a quelque chose de très calme, de très contemplatif aussi. On m’a déjà dit que ça ressemblait à un traditionnel. On imagine des paysages, elle est assez visuelle. Ça dépend du propos, mais c’est vrai que c’est une chanson que je ne pouvais pas chanter fort. Peut-être en effet que je ne m’approprie pas le chant de la même façon quand c’est un autre texte que le mien. D’ailleurs, souvent, je trouve ça plus facile de chanter une reprise, enfin on a peut-être moins de pudeur.

Pour en revenir à tes différents projets, n’est-ce pas difficile de trouver un équilibre et de ne pas laisser tout ça empiéter sur ta propre musique ?

Oui c’est sûr, c’est pour ça aussi que j’ai mis beaucoup de temps à faire cet album, je n’avais pas beaucoup le temps tout simplement d’entrer en studio, de le faire, de suivre le truc. Donc oui, forcément, en termes de temps il faut parfois mettre des priorités. Là je suis en sortie d’album donc je me recentre un peu, mais c’est quelque chose qu’il faut gérer, ce n’est pas toujours évident.

Tu es souvent impliquée dans des projets en lien avec le cinéma ou la littérature, jamais cantonnée strictement à la sphère musicale. Est-ce que ça t’intéresse particulièrement de tisser des liens entre les différents domaines ?

Oui, dès qu’il y a des lectures, des choses comme ça, je trouve ça hyper intéressant parce qu’on ne fait pas les mêmes choses. J’aime bien ne pas être cantonnée à un truc, j’aime bien que les cadres sautent. C’est un peu le hasard de la vie et des rencontres… On devait monter un spectacle qui a été annulé à cause des manifs mais qu’on refera l’année prochaine, avec mon amie Valérie Manteau qui a eu le prix Renaudot cette année, une création spéciale, ça par exemple j’ai vraiment hâte. Je travaille avec ma manageuse Elodie Mermoz qui aime beaucoup ce genre de projets et qui est souvent à l’initiative de choses comme ça.

Tu animes aussi régulièrement des ateliers d’écriture avec des élèves, qu’est-ce que ça t’apporte ?

Pas qu’avec des scolaires, je fais ça aussi avec des foyers de femmes, avec des hôpitaux psychiatriques… Je travaille beaucoup avec la structure Voix du Sud qui m’emploie pour ça. J’ai vraiment besoin de me décentrer, comme je le disais. Ce sont des moments où on crée sur place avec des non-musiciens, des élèves qui ne font pas forcément de musique ou qui n’ont pas l’habitude d’écrire. On part de rien, et à la fin on fait un concert. On a même fait des disques avec certains. D’ailleurs il y a un clip qu’on a mis en ligne qui s’appelle « Le Forçat », ce serait un exemple chouette à partager.

Et donc, j’adore ces moments où je transmets, où il y a aussi une urgence de l’écriture, parce qu’on n’a souvent même pas une semaine pour faire un truc. J’adore ce que ça m’apporte, j’adore transmettre, voir des choses éclore. C’est quelque chose qui me passionne vraiment et j’aimerais beaucoup continuer à en faire. Ça fait revenir aussi sur sa propre pratique de création. Ça t’apprend que tu peux aller vite, faire les choses comme ça et que le résultat soit très bien. Je suis quand même très exigeante au niveau des résultats, souvent je cadre bien les élèves pour que le concert soit le plus professionnel possible, pour les amener vers quelque chose de vraiment structuré. Mais ça m’apporte aussi beaucoup pour ma propre pratique.

Ton album sort sur le label FRACA !!! que tu as fondé avec Robi et Katel. Qu’est-ce que ça apporte de sortir un album sur une structure que tu as créée mais que tu partages avec d’autres ?

Beaucoup de fierté. (rires) Je suis super contente de le sortir sur FRACA !!!, c’est en plus la première sortie du label en album. Je suis très très fière et très contente de le sortir sur ce label car j’aime beaucoup la façon dont on travaille. Et puis c’est notre structure, donc c’est particulièrement puissant de sortir sur ton propre label, il y a quelque chose qui correspond bien à mes chansons je trouve, quelque chose de direct. Après on bosse aussi avec L’Autre Distribution qui font un beau boulot derrière nous, on a su fédérer des partenaires. Je me sens épaulée pour cette sortie.

Le concert parisien de sortie d’album aura lieu le 26 septembre au Café de la Danse et tu as d’autres dates prévues dans l’intervalle. Quelle sera la formule sur scène ?

Pour l’instant nous sommes en duo avec Victor Roux, et à partir de cet été on tournera à trois avec Alix Ewandé à la batterie. Donc ce sera en trio, ce sera debout, ce sera rock’n’roll… J’ai besoin de donner beaucoup d’énergie dans les concerts. Je viens de commencer à tourner, et pour moi le cœur de ma musique est là, sur scène. Tout prend sens quand je suis sur scène. Vraiment c’est important pour moi de pouvoir livrer ça devant un public. C’est encore autre chose, c’est une autre strate, une autre couche, et chaque concert est différent aussi. C’est vraiment un moyen d’expression… c’est pour ça que je fais de la musique.

Comment se sont passées les premières dates ?

Les deux premières dates étaient complètes, à Rochefort puis à Lyon. Ensuite on a fait un festival à Chambéry et là on part à Toulouse. Ça se passe très bien, je suis super émue de chanter les morceaux de mon album, de livrer ça sur scène. Je n’ai qu’une envie, c’est de continuer à jouer.

Photo interview (c) Mélanie Fazi, photo de l’album (c) Gil Lesage

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publié par le 01/04/19