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publié par Mickaël Adamadorassy le 20/06/24
Clou + Joel Jaccoulet + Jann Beaudry - Le Comptoir Halle Roublot, Fontenay-Sous-Bois - 16/06/2024

Si les réseaux sociaux et le temps qu’on y passe (perd) à scroller sans but précis inquiètent beaucoup, parfois on est bien content d’avoir ce canal. Par exemple pour découvrir que le lendemain Clou joue un spectacle basé sur son livre "Doux Mots Dits" à Fontenay dans le cadre du festival de Marne. Certes c’est un dimanche après-midi, certes c’est marqué "pour jeune public" et vous vous dites que vous allez un peu détonner au milieu, certes le bus de banlieue le dimanche c’est plus un rêve qui tourne au cauchemar qu’une réalité qui passe (pas) à 17h24 ni à 17h25 ni même à 30 ; mais bien sûr une fois que vous avez fait le trajet à pied sous la pluie, vous le voyez vous dépasser sans la moindre gêne. Mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour Clou, qu’on a pas vu en concert depuis 2021 ? et dont l’album se fait attendre (mais il arrive si on en croit les mêmes réseaux)

En tout cas, on est plutôt bien récompensé de tous nos efforts : finalement on est loin d’être le seul non "jeune public", même si le plus jeune membre de l’assistance n’est encore totalement passé au mode bipède (ceux qui savent en déduiront la tranche d’âge, j’ose pas m’avancer) et surtout si on connaissait le talent de Clou en chanteuse on la découvre très à l’aise en comédienne dans cette adaptation de son livre "Doux Mots Dits". Sorti après le premier album de Clou, ce recueil de poèmes et de chansons raconte l’adolescence de la chanteuse, les rites de passages, les amis, l’école, les complexes, les petits et les grands malheurs ou plutôt un grand malheur qui se dessine progressivement sous la forme d’un père violent d’abord dans les mots et l’attitude et parfois dans les gestes, envers sa femme et ses filles.

L’adaptation du livre se présente sous la forme d’un dialogue entre les deux sœurs, entre théâtre et comédie musicale puisqu’une partie de la narration se fait à travers des chansons. Avec Clou dans son propre rôle donc et dans celui de sa grande sœur, Jann Beaudry, qu’on découvre et qui est excelle aussi bien au chant que dans son interprétation d’une ado révoltée, dont l’humeur sombre contraste avec l’optimisme indéfectible de sa petite sœur. La discussion est conflictuelle, le gouffre entre les deux semble creuser mais on découvre avec a révélation de cette figure paternelle violente hors-scène, d’une mère qui subit de plein fouet , que la grande sœur avec ses rappels parfois moqueurs à la réalité essaient en fait de protéger sa cadette, de la préparer à ce qu’elle ne sent pas encore et "Doux Mots Dits" version théâtre c’est donc une histoire de sororité avant tout, d’un lien puissant qui aide à surmonter une situation familiale difficile.

Pour ce qui est des chansons, le spectacle a été conçu à six mains, par Clou, Jann et le guitariste Joel Jaccoulet qui les accompagne aussi sur scène à la guitare. Les compositions sont au service de la narration mais il s’agit de chansons folk plutôt réussies, comme c’est chanté par Clou il y a forcément un air de Clou mais pas que : Jann a aussi ses parties de chant et il y a de belles parties à deux voix mais donc chacun y a amène un peu du sien et ça donne en particulier le Blouk, un mélange de blues et zouk, tout à fait réjouissant.

Il devrait y avoir d’autres représentations de "Doux Mots Dits" et que vous soyez jeune public ou pas, on vous le recommande. Si vous avez un jeune public à la maison et que vous vous demandez si ce n’est pas un thème trop grave ou perturbant pour eux, la présentation, le ton nous ont paru bien adapté et bien réfléchi pour cela, et surtout ce qui transparait le plus dans cette déclinaison du livre c’est la force du lien entre les deux sœurs. Et justement puisqu’on parle de la version écrite, on la recommande aussi, pour tous vos ados et pour vous, pour la poésie des textes, l’imaginaire qui vient sublimer le quotidien, tirer la langue à tout ce qui est moche et bien réel, un récit raconté à travers le kaléidoscope de l’adolescence, qui sonne juste parce que on s’y reconnait régulièrement.

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