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publié par Mickaël Adamadorassy le 06/11/19
Clara Ysé - la Boule Noire, Paris - 04/11/2019

On a découvert Clara Ysé ici-même, sur notre bon vieux rafiot, grâce à la chronique de son premier EP Le Monde s’est dédoublé écrite par Mélanie. Alors quand l’occasion se présente de découvrir l’incarnation live du projet, on n’hésite pas et on se pointe donc à la Boule Noire, dans une configuration assise très intimiste. La salle affiche complet ce soir et effectivement il n’y a pas une chaise de libre et les retardataires se serrent sur les bancs collés contre les murs.

Pas de première partie, après une courte attente, les lumières s’éteignent et c’est d’abord les musiciens de Clara qui investissent la scène, assis sur ses percussions sur le devant de la scène en l’alternance avec la batterie, Naghib Shanbehzadeh. Aux claviers, Camille El Bacha excellent pianiste, qui maîtrise aussi très bien les sonorités synthétiques et enfin à la clarinette, Robby Marshall . Tous les trois sont des instrumentistes impressionnants venant du jazz ou du classique et c’était d’autant plus heureux que dans ce set, ils sont bien sûr au service de la voix de Clara mais elle leur laisse aussi largement la place pour exprimer leur talent, solo de clarinette soutenu par une nappe de synthétiseur, long intermède de percussions qui met le feu au public, partition de piano émouvante jouée tout en nuances, c’est un bel écrin qu’ils construisent autour d’une voix et d’un répertoire singuliers.

En effet, même si on commence à voir un peu plus de chanteuses qui vont chercher les notes graves (on pense en particulier à une autre Clara... Luciani), la première fois qu’on entend la voix de Clara Ysé on est un peu déstabilisé, ce n’est pas que l’utilisation du bas de la tessiture c’est aussi la puissance et le technique évidente dans la tenue des notes, le trémolo dosé juste comme il faut : il y a des années de chant lyrique derrière et on a pas l’habitude de cela dans notre petit milieu indé où la technique peut être plus un défaut qu’une qualité, on a l’habitude des voix sur le fil, de l’émotion qui prime sur la puissance.

Mais on s’aperçoit vite que chez Clara Ysé les deux y sont : la technique et l’émotion, l’énergie, la spontanéité et le contrôle des notes. Et très vite on est séduit par cette voix, la chaleur, la puissance évocatrice de ce chant dans les graves mais aussi la beauté des aigus qu’elle peut aller chercher quand il le faut. On est séduit aussi par l’univers aussi, ce mélange original de chanson française, de technique lyrique, de touches d’orient et d’ailleurs encore ("Libertad" chantée en espagnol) porté par des musiciens qui excellent dans tous les styles, accompagnements électro avec les percussions jouées aux pads, passages intimistes, lents, sensuels comme les textes peuvent l’être ou au contraire très rythmés, comme une invitation à la fête, où l’on sent que s’il n’y avait pas les chaises, certains se déhancheraient bien avec Clara. Qui sera rejoint sur une chanson par Juliette Armanet et là la prestation vocale des deux vous emmène très très haut et on va y rester jusqu’à la fin du concert, perchés tout là-haut avec cette artiste surprenante et ses talentueux musiciens.

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