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publié par Mickaël Adamadorassy le 31/10/16
Pitchfork Music Festival 2016 - Jour 1 (2/2)

Après une bonne entrée en matière (cf première partie : Lucy Dacus, Suuns, Parquet Courts ,Aldous RH), la première journée du Pitchfork Music Festival 2016 prend une tournure beaucoup plus électronique avec Floating Points, Mount Kimbie et DJ Shadow mais finalement ce sera le charisme et la voix de Nick Murphy que l’on retiendra de cette fin de journée.

Floating Points Live

On le redoutait un peu ce set de Floating Points. La musique électronique c’est assez peu notre tasse de thé, si elle n’est pas extrême dans le parti-pris ou mélangé à autre chose, surtout en concert. Regarder un mec derrière son laptop l’air très concentré mais sans vraiment pouvoir relier le geste à la musique, ce n’est pas trop notre conception du live. Mais justement on avait ce terme accolé à celui du projet dans le programme, comme une façon de nous dire « on connait vos inquiétudes bande de rockeurs bornés mais attendez y a des "vrais" musiciens pas que des machines ». Et effectivement il y a des musiciens, en premier lieu un très bon batteur (des fois il vole même un peu la vedette au reste), guitare et basse, en plus de monsieur Floating Points aka Sam Sheperd, derrière une imposante forteresse de claviers et machines qui laissent à peine voir son visage.

La musique est finalement assez éloignée de l’electronica abstraite, on a plutôt à faire à de la musique instrumentale parfois très électro mais qui prend aussi grâce au groupe et aux sonorités des claviers analogiques les couleurs excentriques du rock psychédélique des 70’s. Sur le long, on finit quand même à se lasser un peu, la formule ne se renouvelle pas assez, il manque peut être de la structure ou des montées en intensité, de quoi casser la monotonie qui s’installe et on finira par s’éclipser un quart d’heure pour prendre une collation bien méritée ( le sandwich pulled pork testé et approuvé). On revient s’installer sur le côté de la scène et on a l’impression que c’était le même morceau que quand on est partis. Mais bon on va dire qu’au moins il a fait l’effort d’essayer...

DJ Shadow

DJ Shadow est le seul dans un style électronique à avoir choisi d’assurer son set tout seul avec le fameux laptop tant redouté. La seule concession est un set de pads pour rajouter quelques percussions live et c’est plutôt anecdotique. Par contre il dispose de 3 écrans avec des mises en image soignées. En théorie c’est à peu près tout ce qu’on aime pas mais là la grande différence c’est qu’on connait une partie des morceaux à part ceux du récent The Mountain Will Fall, dont on a juste écouté la collaboration avec Run The Jewels . Mais ces morceaux connus aident forcément à rentrer dans le show, même si il se passe pas grand chose sur scène à part les jolies lumières. On est content d’entendre Six Days par exemple qu’on avait pas écouté depuis des années. Et à l’insu de notre plein gré l’effet mimétique opère, notre corps commence à avoir des débuts de mouvement au rythme de la musique qui ressemblent dangereusement à ceux du reste du public, qui danse donc. Mission remplie pour DJ Shadow, dont le premier album Endtroducing..... est sorti il y a 20 ans (pour l’occasion il nous présentait un remix tout frais de Midnight in a Perfect World par Hudson Mohawke).

Mount Kimbie

On continue dans le genre electro avec Mount Kimbie, qui avait avait pas mal buzzé avec son album Cold Spring Fault Less Youth . C’était en 2013, le groupe a peu tourné depuis mais n’a pas encore sorti le successeur. Pour ce concert au Pitchfork le duo est accompagné d’un batteur et d’une claviériste-guitariste. Là encore le batteur est très bon et on a parfois cette impression que l’intensité, les nuances de ce qu’il joue sont en décalage avec ce que fait le reste du groupe, qui pourtant sur disque fait un gros travail sur les rythmiques). Bizarrement pour un groupe électro, Mount Kimbie est à son meilleur quand l’un des musiciens prend la basse ou la guitare , les parties sont très bien trouvées, plus intéressantes que les lignes de clavier et il y a tout de suite plus de cohérence et de mordant dans le son global du groupe. On a l’impression de voir un groupe qui hésite entre deux voies : une approche des claviers et des compositions plutôt "ambiant" où les boites à rythme du disque colleraient mieux et d’un autre côté celle d’un groupe basé sur le live et l’interaction entre les musiciens. Le résultat actuel n’arrive pas vraiment à retranscrire le côté trippant et les subtilités de Cold Spring Fault Less Youth sans pour autant gagner en impact et en accessibilité au change mais peut être qu’on assiste à une phase de mutation dont on verra l’aboutissement dans un prochain album .

On regrettera aussi la quasi-absence d’éclairage, sans que ce soit forcément raccord avec le style : presque tout est joué live, il se passe des choses sur scène et on aimerait bien les voir et ça aurait certainement aidé à rentrer dedans.

Nick Murphy

Alors voilà la grosse surprise du jour, le concert où vous faites waouh et vous mangez votre chapeau parce que vous n’y croyiez pas du tout et que deux jours avant vous avez plus ou moins dit que ça allait être bof. Mais on a des excuses : celui qui souhaite qu’on l’appelle désormais Nick Murphy, a sorti sous le nom de Chet Faker des choses plutôt classe mais qui sont effectivement dans un esprit assez soft et "James Blakien". Lequel James Blake malgré tout le talent qu’on lui reconnait volontiers nous ennuie un peu surtout en live, à commencer par son concert sur cette même scène du Pitchfork il y a 2 ou 3 ans.

Mais en fait aucun rapport, le chanteur australien a eu raison de changer de patronyme (ou plutôt de récupérer le sien) et de marquer ainsi un changement : c’est totalement injuste, criminel et à côté de la plaque de le comparer à l’anglais brumeux, collé derrières ses claviers. Nick est une vraie bête de scène, ultra-dynamique et souriant, qui se balade pendant tout le concert d’un bout à l’autre de la scène, de temps en temps au clavier ou à la guitare mais le plus souvent juste au chant en communion avec le public, appuyé par un super groupe avec de magnifiques barbes et moustaches de hipsters, accessoirement ils jouent tous des claviers et de la guitare et ça fait un gros son bien riche au diapason avec l’énergie et les performances vocales d’un chanteur qui clôt cette première journée du festival avec le genre de prestation qu’on attend d’une tête d’affiche : plein de classe et capable d’aller toucher le public le plus large. Maintenant il va falloir sortir d’un disque capable de capturer toute cette générosité et cette pêche monsieur Murphy.

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