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publié par gab le 30/06/05
Le Bruit de Melun -- Melun - 26/06/2005
Le Bruit de Melun — Melun

Partant du principe qu’il faut toujours aller jeter un œil à ce qui se passe près de chez soi, surtout quand il ne s’y passe en général pas grand chose, nous voici en ce chaud dimanche de la fin juin au bruit de Melun pour la journée qui s’annonce la plus "rock" des deux jours du festival. Au menu, poussière et soleil pour une petite et une grande scène sous chapiteaux, à l’ombre donc ... les choses sont bien faites ...

sautillement

Et ça commence fort avec Stuck in the sound, une des prestations les plus marquantes de la journée, une des plus rafraîchissantes aussi. Une belle désinvolture, un chanteur plutôt charismatique situant son registre quelque part entre les envolées de Shed Seven et les intonations Cure des premières démos, et surtout une énergie imparable à la Radio 4, le groupe auquel d’entrée de jeu ils nous font le plus penser, notamment pour l’effet "sautillement" immédiat en concert. Une conquête toute aussi immédiate donc, que l’on avait déjà ressentie à l’écoute de leur morceau sur la compilation CQFD des inrocks en décembre dernier. Un groupe à suivre de près dans les mois à venir ...

vagues

Après ce "groupe qui se la pète à l’anglaise" (tels qu’ils s’autoproclament avec beaucoup d’humour), on redescend de quelques crans avec tout d’abord un groupe qui se la pète à la française, Asyl, et bizarrement on est nettement moins emballé par ce gros son et ces paroles qui tombent à plat. Ce n’est pas mieux du côté de Madinka, copie conforme d’Indochine jusque dans le maquillage, les attitudes, les musiques, textes et mélodies. C’est amusant à regarder mais on n’est pas sur que ce soit vraiment l’effet recherché. De quoi se détendre tranquillement jusqu’à la grand messe reggae de Tiken Jah Fakoly. Une entrée de roi précédé par trois vagues de musiciens et un public ne demandant qu’à s’enflammer ... ce qu’il sait très bien faire de ses bonds majestueux et de ses paroles et musiques pur jus. Une excellente ambiance dans le public, le tout est très bien exécuté mais on décroche quand même devant un savoir-faire (justement) frôlant par moments quelque peu le cliché. Grosse pause dans l’herbe en bord de Seine pour reprendre des forces avant le triptyque rock-français-en-vue du moment : Déportivo, Luke, et le grand retour de Louise Attaque.

façade

C’est donc Luke (cf article la tête en arrière) qui s’y colle en premier sur la grande scène avec un set très enlevé, bon rythme, belle électricité. Tout ça coule plutôt bien et on eut été pleinement satisfaits si ce n’étaient les frasques du chanteur et son one-leader-show. Qu’il en rajoute beaucoup dès le départ pour se mettre le public dans la poche c’est une chose et même si on n’y croit pas trop, c’est plutôt marrant à voir, mais petit à petit on se lasse de son numéro d’écorché épileptique (plié en quatre sur "Zoé") et c’est dommage car ils ne ménagent pas leur peine, entre stage dive et délires entre potes, c’est sympathique mais à trop en faire cela donne plutôt dans l’artificiel (ou alors ça y est, c’est officiel, on est des vieux). Tout cela dérape progressivement, nous on sort complètement de l’ambiance et sur scène ça vire au pathétique avec une destruction en règle du micro et de son pied ... que s’empresse de remettre en place le roadie ... joli résumé finalement d’une attitude effrontée en façade et de la vacuité du propos en jardin. Fut un temps où quand on cassait son instrument cela avait un sens ... il me semble en tout cas ... et cela signifiait pour le moins la fin du concert. Mais non, ici on enchaîne et on atteint le summum du caricatural et démagogique sur les remerciements du genre "merci d’être en vie, merci d’être libre, on a un profond mal-être, on est les défenseurs du rock français". On jettera donc l’éponge au tout début des rappels ...

compact

Après cette "subtile" mise en bouche, on attend de pied ferme Déportivo (influences Nirvana et dépouillement sec) sur la petite scène avec déjà la certitude qu’on sera plus dans le set (on a peut-être un problème avec les trop grandes salles finalement). Et on ne sera pas déçu. Le contraste avec Luke est saisissant et assez séduisant, une formule trio rentre-dedans, un set compact et intensif avec un chanteur qui dégage quelque chose de consistant et surtout sait rester sobre. Une énergie adolescente qui épaissit bien la sauce et ce qu’il faut de reprises ("les bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement" de Miossec et "Yard of blond girls" de Jeff Buckley) et de clins d’oeils (de Louise Attaque à Luke) pour se garder le public sous le coude. Bon, il a bien fallu que M. Luke vienne mettre son grain de sel et se montrer trois ou quatre fois dont une, accessoirement, pour chanter sur "1000 moi-même". Sinon c’était plus pour boire sa bière, filmer en DV à 2 cm du chanteur ou encore jeter des confettis ... les ravages de l’hyperactivité ...

basses

Quant au grand retour de Louise Attaque, les conditions ne sont hélas pas optimales pour évaluer les nouveaux morceaux. On est crevé, très loin de la scène avec un son plutôt mauvais : on n’entend à peu près que les basses et le chant qui paraît du coup encore plus nasillard qu’à l’habitude. Du coup on n’est véritablement entré ni dans les nouveaux, ni dans les anciens morceaux et c’est bien triste puisqu’on aime beaucoup le groupe et les deux concerts vus par le passé s’étaient avérés excellents à tous points de vue (mais dans de petites salles). Ce qu’on peut en dire cependant c’est que l’option retenue par le groupe pour les festivals (et pour le nouvel opus ?) est de faire des sets résolument électriques (pas une seule guitare acoustique en vue) et de nous surprendre avec des fonds électros sur quelques nouveaux morceaux. A noter sinon, un bon point pour le morceau récurrent de trente secondes qui vient s’incruster régulièrement dans la playlist et bien sur que tous les grands classiques sont au rendez-vous, la ferveur du public aussi et cela malgré l’absence un peu longuette du groupe. Suite, pour Louise Attaque, en septembre avec la sortie de leur nouvel album et pour le bruit de Melun, l’an prochain pour la 19e édition ...

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publié par le 30/06/05