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publié par gab le 03/06/08
alina simone
- placelessness
placelessness

"cette chronique a déjà été publiée en des temps immémoriaux. elle est de nouveau mise en avant aujourd’hui à l’occasion de la sortie du disque sur travellingmusic"

force

On avait laissé Alina Simone prenant un bain de minuit sur son ep Prettier in the dark début 2005 et la voici qui nous revient plus que jamais baignant dans son élément avec un album complet cette fois (deux même si on compte son groupe Artificial Sea), Placelessness et ce sublime morceau "Night swimming" à la lenteur déchirante, au chant aveuglant et à la musique submergeante (qualificatifs interchangeables bien entendu). C’est donc sous d’excellents auspices nautiques qu’on se laisse une fois de plus posséder par une magistrale démonstration de force.

eau

On aurait tort vous l’aurez compris de réduire ce très bel album à une seule chanson, fût-elle magnifique. D’autant que d’eau il en est souvent question et de la plus belle des façons, tous ces "Black water", ces "Pacifica" (aux arpèges savoureux), ce "Night swimming" donc. Autant de tempêtes assaillant nos côtes qui n’en réclament pas moins. Or chez Alina Simone, les tempêtes sont souvent d’autant plus impressionnantes que le morceau est lent et tendu ("Refugees"). Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas entendu quelqu’un habiter ses compositions de la sorte. Et l’émotion, que dire de l’émotion ("Swing"). La voici qui perle doucement aux abords et nous tue sur la fin. Bien sur tout ceci découle aussi d’une formule minimaliste parfaitement exploitée. Souvent juste chant-guitare électrique, parfois une batterie, les morceaux sans n’étant pas comme on pourrait le penser les moins rentre dedans ("Riot act"). Plus rarement des cordes ("Black water", "Night swimming", "Swing"), un banjo ("Night swimming"), une touche de mélodica ("Lonesome"), un berimbau même ("Black water"), que du sur mesure, du calibré. Tout comme les deuxièmes voix ("Saw edged grass") c’est où il faut quand il faut jusqu’à cet incroyable "Riot act" et ses cris-rires spectaculaires, ses haletements tétanisants. Seul le début de "Lonesome" a cappella nous laisse un peu sceptiques même si elle se rattrape bien en émotion sur le reste du morceau.

leurres

C’est un peu désordonné dit comme ça mais voila, il n’y a pas grand-chose à jeter et beaucoup de moments intenses que ce soit sur le début de l’album en puissance avec le court mais envoûtant "Velvet painting", son enchaînement sur l’énorme et pesant "Black water" ou encore le remuant et réjouissant "Pacifica". Puis sur le faux plat à pleurer du milieu d’album avec le trio "Refugees", "Swing" et "Night swimming". Sans oublier le sommet déjà évoqué de "Riot act". Même les morceaux moins emblématiques (au sens un peu moins chargés en émotion) comme "Saw edged grass" et "Country of two" conservent une forte intensité et feraient/ont d’excellents singles. "Saw edged grass" notamment possède toutes les qualités requises pour une ouverture un peu plus grand public de la musique d’Alina Simone. C’est d’ailleurs tout ce qu’on lui souhaite, de rencontrer un large public, tant qu’elle continue à nous livrer des albums d’une telle qualité, et bien qu’elle ne sache pas trop où se poser, on sera toujours là transis d’ad(o/mi)ration à la recevoir sur nos platines et dans nos l(u)eurres.

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publié par le 03/06/08