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publié par gab le 02/03/05
alina simone
- prettier in the dark ep
prettier in the dark ep

Allons à l’essentiel ... un matin Chan Marshall en eut marre de s’étourdir entre vin et coke sur scène, marre des aller-retours frange-coulisse, un ras-le-bol profond, persistant ... il est en effet des matins de grande lassitude où l’envie vous prend de repartir à zéro ou d’aller vivre à Melun, au choix. Chan Marshall n’étant pas femme à se laisser abattre, elle décide qu’une cure à la campagne c’est bon pour le teint et qu’on ne fait pas beaucoup mieux pour se ressourcer. La voici donc qui charge sa voiture et qui, machinalement, embarque sa guitare et son ampli. Pas l’idéal pour une désintoxication, je vous l’accorde, mais on reconnaît là la force des habitudes. La voici maintenant qui s’installe, petite maison, grand jardin, au milieu de nulle part, seule ... avec sa guitare ... bon, le scénario est gros comme un building : le naturel revenant au galop, après quelques regards chargés d’émotion, un jeu de séduction sobre mais efficace se met en place. Et ce qui devait arriver arriva ... on retient son souffle, quelques larmes dans l’assistance, et Alina Simone (le scénariste était inspiré) enfourche sa guitare et nous balance cinq morceaux à faire tomber le spectateur de son fauteuil. Du grand art. Tellement grand que l’on se repasse en boucle ce dernier quart d’heure musical hallucinant ... la voici à nouveau au milieu du salon, un petit balancement tout léger, "love and rockets" ; Chan dans le rôle d’Alina c’est une assurance qu’on ne lui connaissait que peu et qui se traduit notamment par ces attaques ciblées, puissantes (niblettiennes ?), sur quelques faux-refrains. "prettier in the dark", Alina prend le pas sur Chan, encore un de ces rôles « greater-than-life » pour un des morceaux les plus accrocheurs de cette b.o. (prettier in the dark ep). Puis Chan s’assied sur le canapé et s’autorise une petite régression avec "Louisiana song", Cat Power à son meilleur niveau, entre chien et loup ... la nuit tombe lentement, bercée doucement ... elle s’installe et la chair de poule nous effleure insidieusement, "siberia", c’est son heure ... nous y voici enfin, une larme coule sur le générique et ce "every fresh start" magnifique alors qu’Alina déambule au fond du jardin, la rivière à ses pieds, lune et verre de vin ... l’eau monte, elle s’avance, « drama-queen », elle s’avance ... coupe ... nage ... quoiqu’on veuille nous faire croire, ce n’est pas tragique, un bain de minuit, un nouveau départ tout au plus, un plaisir délicieux ... s’il est vrai, naturellement, qu’on est bien plus beaux dans le noir.

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publié par le 02/03/05