Normalement, en dehors de Muse, on ne fait pas de critiques négatives sur le Cargo ! : le temps pour vous parler de musique est limité, autant en profiter pour partager ce qu’on aime. Mais il en va de l’écoute de Hollow Coves comme d’une pandémie de coronavirus : les deux produisent ce mot à la mode : de la sidération. Dans le cas de Hollow Coves, il s’agit de celle qu’on éprouve face à un groupe australien pas mauvais qui décide soudain de se transformer en Coldplay. Mais pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Pourquoi le faire de manière aussi peu subtile ? Pourquoi avoir envie d’être Chris Martin ? Non, on ne comprend pas, tant d’efforts investis dans une telle aventure ça en devient presque fascinant, y a t’il une histoire personnelle derrière ? genre le chanteur était persécuté à l’école et Chris était son ami secret à qui il pouvait se confier ? Habitait-il dans un petit bled de l’outback australien et un disquaire farceur aurait choisi de limiter le rayon de musique non INXS à Coldplay ? Tout est possible, y compris un complot extra-terrestre franc-maçon lié à la chloroquine.
Pourtant Moments commence plutôt bien avec "Anew" un long crescendo porté par un chant émouvant, sensible, une instrumentation parcimonieuse, belle dans sa simplicité, qui gonfle progressivement avec des houhous et une batterie qui martèle inlassablement un bon gros rythme binaire, une sorte de folk épique à la Of Monster and Men. "Moments" est de la folk très ricaine, sautillante, pas très originale mais sympathique.
Et puis à partir de la piste 3, le groupe décide de faire du Coldplay, que ce soit dans le chant, les cordes too much, le style des morceaux, parfois même les lignes mélodiques. Précisons qu’il s’agit d’imiter Coldplay période album 1 à 3, les moins pires mais c’est assez pire déjà comme ça. Et quand ce n’est pas du Coldplay pur souche, les mélodies, les arrangements sont tellement clichés...
En soi ce n’est pas désagréable : si Coldplay remplit des stades c’est qu’ils s’y entendent en matière de soupe,alors du pseudo-coldplay de Hollow Coves ,la majeure partie du temps ça flatte agréablement l’oreille. Mais toujours la question est là : pourquoi faire ça ? pourquoi en tant qu’artiste on en vient à faire des compositions qui sont des reprises ? Vous me direz peut-être "Et Oasis alors ?". Touché, j’aime beaucoup Oasis, on va dire qu’imitateur c’est mal mais qu’imitateurs avec une grande gueule et du talent, ça excuse pas mal de choses. Chez Hollow Coves, à l’heure des comptes, à part "Anew" et des moments où le chant réussit à émouvoir je ne vois pas grand chose qui excuse... mais pas grand chose non plus pour accuser : est-ce vraiment un crime de faire des folk songs qui ne révolutionneront rien mais ne sont pas désagréables non plus ?, est-ce un crime d’avoir trop écouté Chris Martin ?.À vous de décider.
