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publié par Mickaël Adamadorassy le 08/06/15
Muse
- Drones
Drones

Comme tous les albums récents de Muse, Drones est un concept-album. Vous connaissez le truc : Matthew Bellamy va se faire une couleur chez le coiffeur de sa mémé et ça lui donne l’occasion de lire un magazine, parfois c’est le nouveau détective, il découvre le syndrome de Stockholm et pof un disque ! Parfois y a Sciences et Vie alors il nous fait un truc sur les lois de la thermodynamique ou les trous noirs, parfois on comprend même plus tellement il est parti loin. Là on dirait qu’il a lu le "si vous avez manqué le début" de la dernière saison de 24 dans télé-dimanche.

Matthew a découvert les drones donc mais comme il est subtil et pas du tout premier degré comme mec, il va nous raconter cette histoire non pas au pied de la lettre et sans la moindre inventivité, mais en l’illustrant avec un nouveau concept-album, qui d’après moi reprend un classique de la littérature anglaise : le triangle amoureux.

Moi, mon drone et mon drill sergeant

La première chanson est assez explicite : Matthew s’imagine soldat, un soldat qui a une relation charnelle et sensuelle avec son drone qui le laisse insatisfait : le drone lui "give an inch" (je vous traduis pas hein) tandis que lui "donne l’infini" (bin oui même quand il joue un personnage, il est pas très modeste le leader de Muse). et puis Matthew il en veut plus : il veut que le drone s’ouvre à lui, il ne veut plus souffrir, il ne veut plus que le drone se cache [derrière lui]. Matthew reproche au drone sa froideur, le trouve mort dedans.

Quel contraste avec son beau Drill Sergeant (vous savez l’instructeur qui gueule sur la bleusaille dans les films de guerre) qui est censé apprendre à Matthew comment bien se servir de son ... drone. Le Drill Sergeant est clairement une personnalité dominante, un alpha male à l’ancienne envers lequel Matthew éprouve à la fois du dégoût et de l’attirance.

You ass belongs to me now

Cette phrase résume toute la verve et la poésie du Drill Sergeant, Matthew dit non mais à l’intérieur de lui, il est troublé, il a envie de se laisser aller à son côté obscur, à ses désirs les plus tabous, de devenir un vrai psycho (piste 3, bon riff de guitare, aurait été une très bonne chanson avec un autre texte), la chose du Drill Sergeant-Pygmalion.

Mais en même temps il repense à son drone, à quand ils dansaient le breakdance dans des joggings moulants dans les années 80, à leurs longues promenades dans le ciel d’Irak.

Matthew déchiré

Et voilà c’est ça Drones, les amours vaches entre Matthew Bellamy, un drone et un Drill Sergeant, qui s’aiment et se détruisent, les coups bas, les trahisons et la réconciliation à la fin où ils comprennent en sifflotant comme dans Wind of Change de Scorpions qu’ils s’aiment et que la solution c’est un plan à trois sur fond de polyphonies de voix graves.

Et la musique ?

Bizarrement à part quelques traces du mauvais goût habituel de Muse (sur Dead Inside le vocoder qui dit "dead inside", la beuglantes de 2 minutes à la fin qui sert à rien, le beat années 80’s ridicule, le sample de Drill Sergeant une repompe de full metal jacket sans intérêt, les cordes de Aftermath etc etc), Drones est un album étonnamment sobre, souvent carré et nerveux comme il faut sur le premier couplet/ premier refrain, il y a quelques riffs qui sonnent lourd comme il faut et qui mettront bien le feu en live mais comme d’habitude Matthew beugle et se la pète et y a 2 à 3 minutes à virer par morceau. Même quand il fait un solo de guitare, ça n’a plus rien de très bandant, rien de très inventif par rapport aux débuts.

Et malheureusement le monde a évolué depuis les premiers Muse et franchement si vous voulez de bons riffs, vous pouvez écouter à la place Royal Blood, vous aurez le gros son mais sans subir le fils caché de Chris Martin et Freddy Mercury qui essaie de vous vendre des textes assez pitoyables que même les ados de 16 ans qui semblent être le cœur de cible du groupe auront du mal à assumer (plus naze que ça tu as juste le tee-shirt che guevara). Mais néanmoins on leur met un bon point pour avoir fait beaucoup moins pire que par le passé. On ne réécoutera pas ce disque mais on écoutera quand même le prochain au cas où. (malgré toutes les vilaines choses qu’on peut écrire sur Matthew, le premier Muse reste une tuerie )

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publié par le 08/06/15