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publié par gab le 18/05/11
Alain Bashung
- Tels
Tels

Et juste quand on fait un zoom spécial tribute albums, on se fait rattraper de l’autre côté par l’actualité. Or l’actualité française ces jours-ci, à part les dérapages strauss-kahniens, c’est Tels, album hommage à Alain Bashung par les éléments les plus en vue de la scène française. Alors bien sur, ce genre d’entreprise un an après la mort du bonhomme est risquée, les protagonistes vont-ils flancher sous le poids et la stature du monsieur ou vont-ils réussir à tirer leur épingle du jeu et se réapproprier avec justesse les chansons à leur disposition ? Finalement quand on est un minimum joueur, la découverte de ce genre de compilation est extrêmement plaisante, on se garde une plage d’une heure un dimanche après-midi, on s’allonge sur le canapé, on ferme les yeux … et on compte les coups.

hiérarchies

Au final les coups vont être relativement légers puisque ma foi ça tient plutôt bien la route et notre peur à la lecture de certains noms de l’affiche s’avère non fondée. C’étaient bien sur des a priori peu justifiables mais bizarrement on se méfiait plus de Christophe, Vanessa Paradis ou BB Brunes que de Noir Désir, Gaëtan Roussel ou Miossec. C’est pas beau les a priori et d’ailleurs l’écoute dominicale nous fera réviser nos hiérarchies musicales (au moins en matière de reprise), il semblerait que BB Brunes (avec une excellente version de "Gaby, oh Gaby", pourtant dieu sait que j’ai des raisons justifiées de détester cette chanson) soit plus à l’aise dans le genre que Miossec par exemple (qui se sort honorablement sans plus d’"Osez Joséphine"). Non, on doit en convenir tout le monde y a mis du sien, même Vanessa (qui se sort à peu près aussi honorablement d’"Angora" que Miossec de "Joséphine"), mais comme toujours dans ces cas là, certains ont plus la classe que d’autres, on n’y peut rien, c’est la vie.

retenue

Au-dessus des honorables-sans-plus mentionnés plus haut (auxquels il faut inclure les prestations correctes de Raphaël et de Stephan Eicher) vient le peloton de tête, les Keren Ann (l’entêtant "Je fume pour oublier que tu bois"), Christophe et Dionysos (l’étonnamment sobre "2043") emmenés par les plutôt en forme Gaëtan Roussel (le single "J’passe pour une caravane") et Benjamin Biolay (la très bonne relecture assombrie de "Ma petite entreprise"). Et enfin, paradant en tête, le trio d’échappés, avec un beau mélange des genres, qui fait tout l’intérêt de ce genre de compilation. On a déjà évoqué "Gaby oh Gaby" par BB Brunes qu’on était loin d’attendre si haut et qui décidément coule tout seul, rock’n’roll sans faire trop vieillot, tout à fait dans leurs cordes, belle adaptation. Enchaînant les relais sans fatiguer, on le savait très bon au jeu de la reprise (cf. notamment sa traduction de "Close to me" sur le tribute français à The Cure), M fait le bon choix de morceau avec "Madame rêve". Quoi de mieux en effet que sa voix haut perché et sa part de féminité assumée pour nous chanter les fantasmes de nos compagnes. Comme quoi un bon casting paye. Et enfin, parlant de classe, mot qu’on associe assez naturellement à tout ce qui touche à Alain Bashung, ils avaient déjà réalisé le duo absolu avec lui en 2000 ("Volontaire" sur le best of Climax), Noir désir rempile une dernière fois et vient clore 25 ans d’existence avec cet reprise d’"Aucun express". Un passage tout en retenue et sans concessions, beaucoup plus fort que tous les emportements du monde, un calme impérial pour lancer l’album qui sonne on ne peut plus juste.

contraire

C’est qu’on deviendrait bon pour les albums hommage en France, il y a quelques années le tribute français aux Cure nous avait lui aussi fait forte impression (et pas que la prestation de M), on ne va pas s’en plaindre, au contraire. On n’est d’ailleurs pas contre le fait de se réserver plus souvent une plage dominicale pour des écoutes du genre. Bon, il serait de bon ton de se planter franchement aussi une fois de temps en temps, qu’on n’écrive pas que du bon, ça deviendrait louche et on en serait réduit à chroniquer les albums des enfoirés pour remplir notre quota de méchanceté gratuite. Ce serait quand même dommage d’en arriver là.

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publié par le 18/05/11