Quel plus beau décor de scène qu’un alpage à 2000 mètres d’altitude au cœur du massif des Aiguilles Rouges entre Chamonix et la Suisse…
Le Cosmojazz Festival a une nouvelle fois proposé un cadre idyllique pour accueillir le saxophoniste soprano Emile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani, que nous nous réjouissions de retrouver en duo après leur "carte blanche" à Jazz à Vienne (photo live ici).
Après une randonnée de deux heures (et quelques 700 mètres de dénivelé !), le public s’installe dans un sublime décor champêtre à proximité du refuge de Loriaz, écrin de verdure où la faune et la flore se révèlent au gré des notes du tango argentin.
En effet, Emile et Vincent présentent leur dernier opus, Abrazo, inspiré de cette culture musicale, avec des morceaux revisités ainsi que des compositions originales. Ces deux artistes et amis illustrent à merveille cette "étreinte" tant leur complicité scénique est forte : ils tissent une atmosphère intimiste, tantôt dansante avec "Fuga y Misterio" ou "The Crave", tantôt plus mélancolique, comme avec "Nouchka". Leur jeu est précis et délié, ils ont l’art de sculpter des envolées lyriques envoûtantes, des improvisations maitrisées et de faire résonner des mélodies dignes d’un Astor Piazzolla.
Le duo, déjà invité de l’édition 2015 du CosmoJazz pour leur première aventure, Belle Epoque, s’aventure à chaque nouveau projet sur des terres musicales inconnues qu’ils domptent et façonnent avec brio : au fil du concert, un dialogue poétique se dessine, aux rythmes sud-américains magnifiés, notamment lors de la réinterprétation de "Temptation", de Xavier Cugat, ou encore celle de "Deus Xango" d’Astor Piazzolla.
Leurs lignes musicales s’entremêlent et s’enlacent avec fougue, tendresse et élégance pour rendre un vibrant hommage au tango, et la conjugaison de leurs talents épouse à merveille ce cadre bucolique où les nuages flirtent avec les cimes et laissent entrevoir le massif du Mont-Blanc.
Emile et Vincent livrent un concert enivrant où les notes côtoient les cieux, et qui s’achève, après plusieurs rappels, sous les acclamations du public, à qui restera le souvenir d’un délicat et magique tango lové dans les montagnes…