Pauline B nous avait séduit il y a maintenant 5 ans avec un EP bourré de charme intimiste … et puis silence radio. Voilà qu’, ô surprise, on reçoit de ses nouvelles juste avant l’été avec l’annonce de l’arrivée imminente d’un premier album, Pictures. Le sous-titre de son site internet (paulinebmusic.com) mentionne toujours « Chansons moelleuses / Smoothie songs » et on ne peut pas le contredire, même s’il nous semble que ces nouveaux morceaux se soient un peu teintés de nostalgie avec le temps. C’est donc dans une ambiance feutrée toute particulière qu’on découvre ces 10 titres.
pluie
On s’est d’ailleurs demandé tout l’été par quel biais aborder cet album. Quelque chose nous retenait sans qu’il soit possible de localiser la gêne. Ce n’est qu’à l’arrivée de la pluie mi-août (conjuguée au retour au travail après des vacances ensoleillées) que l’ouverture attendue s’est créée. N’essayez donc pas de forcer l’entrée un jour de gai beau temps, voici un disque à la tristesse latente, un disque de cocooning au chaud, un disque d’automne en somme. Et c’est dans ces conditions qu’il fonctionne le mieux. Ce qui tombe plutôt bien puisque septembre et sa rentrée arrivent à grands pas, voire octobre et ses coups de blues qui a fortiori lui rendront encore mieux justice.
douceur
En 5 ans les morceaux se sont étoffés avec l’arrivée d’instruments additionnels et notamment la trompette qui habille aussi bien les morceaux enlevés que les lents. Cette deuxième catégorie étant la plus représentée, vous l’aurez compris. "Shame on you" est de ce point de vue une très belle réussite du disque avec juste ce qu’il faut de nostalgie et de cuivres pour nous toucher durablement. L’autre fait marquant du disque est bien sur la reprise du "Luka" de Suzanne Vega, exercice casse-gueule s’il en est. Quoi de plus difficile en effet que de reprendre une chanson coin-du-feu comme ça et de lui amener le petit quelque chose de plus qui la rendra digne d’intérêt. Or Pauline B met juste ce qu’il faut de tension dans sa douceur pour qu’on accroche instantanément. Sans compter qu’elle a le mérite de faire patienter l’auditeur suffisamment pour qu’il soit dans les conditions émotionnelles requises pour le reste de l’album.
soir
En attendant que Pauline B insuffle cette petite tension salutaire sur propres morceaux, on aimerait finir cette chronique en douceur, comme l’album avec "Berceuse pour Demiana". Demiana, le seul morceau en français, le morceau qui à la première écoute nous a frappés par son abord naïf et que maintenant on attend avec impatience le soir en rentrant à la maison. Et si l’accumulation nostalgique qui le précède n’était là que pour mettre en lumière notre besoin irrépressible de tendresse ?
