Petit coup de mou pour Dominique A en cette fin d’année. Il faut dire qu’il a bien donné en 2018 : deux disques (Toute latitude, La fragilité) avec chacun son second disque de morceaux complémentaires (Ursa minor, Une voix file à travers le ciel), un livre (Ma vie en morceaux). N’a-t-il pas trop donné au final ? On se demandait d’ailleurs récemment quand est-ce qu’il allait finir par flancher. Il semblerait que ce soit sur celui-ci. En même temps le disque s’appelle La fragilité, il fallait bien s’attendre à un affaissement des voiles. Seulement voilà, ce n’est pas tant la fragilité qui nous frappe après un certain nombre d’écoutes mais bien l’ennui. Et venant de Dominique A, c’est une énorme surprise.

douce

Alors bien sûr, il s’agit de Dominique A tout de même, on sera toujours plus heureux à s’ennuyer en sa compagnie qu’à s’activer avec n’importe lequel autre de nos chanteurs français actuels. Les morceaux sont évidemment très bien écrits et chantés. Mais l’ennui quand même. Et puis il y a "La poésie". Ce morceau justifie à lui seul l’achat de l’album et surclasse encore (si c’est possible) beaucoup des morceaux du monsieur de ces dix dernières années. Un intemporel. Et pour le coup, la fragilité est vraiment là, belle à se damner. Dominique A le sait, il le mentionne dans ses livres, il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il convoque la mélancolie. Une mélancolie douce qui s’infiltre et se répand sur l’autre très beau moment du disque, "Le ruban".

plages

La poésie et l’ennui donc. A une époque sur-stimulée où chaque seconde doit être, sinon productive, du moins un minimum active, on remercie Dominique A de nous permettre d’accéder à de belles plages d’ennui comme on aimerait en avoir plus souvent. Un ennui calme et détendu, serein, qui nous amènera sans heurts à des phases légèrement plus productives de sommeil ou de lecture. Celle du livre de Dominique A(né), Ma vie en morceaux, par exemple.