Mais que font nos animateurs cargotiens pendant leurs vacances ? Vous êtes nombreux à nous écrire à ce sujet et, une fois n’est pas coutume, nous sommes disposés à lever le voile sur ce qu’il se passe une fois qu’elles sont roulées (les voiles, suivez un peu). Et vous allez tomber de haut car après une année à lutter contre vents et marées sur son embarcation de fortune, le matelot cargoton n’aspire qu’à deux choses : l’ivresse de l’altitude et le bronzage maillot-chaussettes ! Oui, vous l’aurez compris, le G.O. musical prend ses vacances à la montagne comme tout le monde, tout en gardant, on ne se refait pas, une oreille ouverte sur les bruits alentours. Or qu’on se le dise, il n’y a pas que du yoddle en Haute-Savoie. On vous passe rapidement les amuse-gueules sympathiques des soirées Samoënsiennes pendant lesquelles on a fait la connaissance de Neeskens (un hollandais prometteur avec un chouette timbre de voix) et dansé follement avec Mellino (deux ex-Négresses Vertes qui mélangent leurs compos aux tubes de notre jeunesse), non, ce qui nous fait vibrer d’avance, ne serait-ce que pour le cadre prometteur, c’est le Cosmojazz Festival et la prestation en altitude de Youn Sun Nah le 1er août.
Le Cosmojazz Festival et son porte-parole André Manoukian (avec un nom de festival comme ça, qui vouliez-vous que ce soit ?) nous avaient donné rendez-vous à 10h au téléphérique des Grands Montets à Argentière (près de Chamonix) pour un concert prévu à 11h à plus de 2000 mètres d’altitude, tout près du glacier d’Argentière donc. C’était sans compter sur l’affluence et les ennuis mécaniques, du coup l’organisation quasi-zen décale ni vu ni connu le concert à 13h, le temps que tout ce peuple migre. C’est donc après 1h30 de queues en tout genre (les tickets puis la télécabine) qu’on gagne 1000m en 10mn pour se retrouver au pied de la piste du glacier. S’ensuit une sympathique grimpette d’une heure puis un petit pique-nique tranquille en attendant que Dédé (omniprésent cet été après sa quotidienne un peu molle mais réjouissante -si, c’est possible- sur France Inter ... et de constater qu’il est quand même bien plus fait pour l’impro ce garçon) s’empare du micro pour une présentation dont il a le secret.
Passé les élucubrations du cosmomaster, Youn Sun Nah se lance tout en délicatesse avec un "My favourite things" à la kalimba puis est réjointe par le guitariste Ulf Wakenius pour un désormais classique-de-la-reprise-décalée "Hurt" (Nine Inch Nails), lui aussi tout en retenue. Notre duo s’envole ensuite pour des contrées très variées, du jazz aux folles onomatopées cosmiques à Tom Waits en passant par Nat King Cole et Léo Ferré. Youn Sun Nah nous envoûte tout autant que les paysages au demeurant somptueux.
C’est ainsi qu’après une heure virevoltante, Dédé n’est plus le seul à "transpirer de la moustache" et on suppose que ce n’est pas là uniquement l’effet canicule.Un moment incroyable dont on se souviendra trrrrrrrès longtemps.