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publié par Mathilde Vohy, Mickaël Adamadorassy le 30/09/19
Wilco - Le Trianon, Paris - 22/09/2019

S’il y a des artistes que nous couvrons 5 ou 6 fois par an, il y en a d’autre, comme Wilco, que nous apprécions depuis très longtemps mais sans avoir jamais réussi à les voir sur scène. Parfois la faute de tournées qui ne passent pas par la France, parfois la faute de notre agenda trop chargé. En tout cas, en ce dimanche 22 septembre, l’alignement des planètes nous était propice et nous avons enfin pu assister à un concert de Wilco, presque deux heures trente de bonheur musical que nous allons vous raconter.

Pendant que la salle parisienne se remplit tranquillement, la première partie, OHMME (anciennement Homme) entame son set. Ce trio composé des chanteuses Sima Cunningham et Macie Stewart et du batteur Matt Carroll nous propose un mix de chansons issues de leur EP éponyme sorti en 2017 et de leur premier album intitulé Parts, sorti l’année dernière. Le style est surprenant et alterne entre des morceaux très rock tels que « Peach », et d’autres plus pop a l’image de « Fingerprints ». Au milieu du set, le trio nous propose même une reprise de « Girls Loves Me » de Bowie.

Ce n’est pas toujours très au point, en particulier parce que le chant lead ne ressort pas plus que ça mais quand les deux voix féminines harmonisent et que le groupe tente des choses vraiment bizarres harmoniquement comme sur le tout dernier morceau du set, on se dit qu’elles tiennent quelque chose. Globalement on peut dire que OHMME nous aura fait patienter agréablement jusqu’à l’arrivée de Wilco.

Vingt petites minutes de pause puis le sextet fait son apparition sur scène. Nous reconnaissons immédiatement le leader du groupe : Jeff Tweedy, un bonnet noir vissé sur la tête et des lunettes sur le nez qui mériterait un coup de chiffon mais dès le départ, on le sent très à l’aise et plutôt souriant. Le leader, il l’est assurément, ayant écrit la majorité de répertoire du groupe et parce qu’il est le seul, avec le bassiste John Stirratt à être présent depuis sa création en 1994. Les autres musiciens, arrivés pour la plupart en 2004, prennent également place.Nels Cline à la guitare et au lapsteel, Glenn Kotche aux percussions, le multi-instrumentiste Pat Sansone et le pianiste Mikael Jorgensen.

Jeff Tweedy, Nels Cline et Mikael Jorgensen

Ni une, ni deux, le groupe rentre directement dans le vif du sujet avec « Bright Leaves » et « Before Us », deux chansons issues de Ode to Joy, leur nouvel album à paraître en octobre. Nous découvrons également pour la première fois « One and a half stars », « White Wooden Cross », « Hold Me Anyway » et « An Empty Corner ». A cette liste s’ajoutent « Love’s Everywhere » et « Everyone Hides », les deux seuls morceaux à avoir été révélés au public avant la sortie de cet onzième opus.

A ces nouvelles compositions s’opposent des chansons très anciennes telles que « Box full of letters » (A.M. premier album, en 1995), « Misunderstood » (Being There, 1996) ou « Via Chicago » (Summerteeth, 1999). Le voyage de presque 15 ans entre deux morceaux n’est pourtant pas du tout dérangeant et nous sentons à peine la différence entre le Wilco des années 90 et d’aujourd’hui.

La précision, la justesse et la maîtrise de tous les morceaux joués est impressionnante et preuve du professionnalisme du groupe. Les musiciens semblent concentrés et avoir parfaitement rodé chaque seconde de leur prestation. A gauche de la scène, on se régale à observer le jeu de Nels Cline, véritable magicien de la Jazzmaster, il développe tout un vocabulaire musical autour des textes de Tweedy, de courtes interventions poignantes avec la pédale de volume pour imiter le son du lapsteel, des textures étranges jouées en manipulant les cordes avec des objets non-identifiés, une utilisation savante des pédales d’effet pour produire toutes sortes de son. Au centre, le bassiste complète très bien Jeff Tweedy au chant, tandis qu’à droite Pat Sansone quand il n’est pas concentré sur deux ou trois claviers, vient brandir sa guitare sur le devant de la scène de façon très rock’n’roll.

Hormis Ode to Joy, les deux albums les plus représentés sont Yankee Hôtel Foxtrot et A Ghost is Born. Le concert prend parfois des virages très rock comme sur « Bull black Nova », puis country avec par exemple « I’m the man who lives you » ou folk mélancolique avec « If I ever was a child », écrit pour la série This is Us.

L’interaction avec le public est un peu limitée mais pas par manque d’envie, plutôt à cause de la barrière de la langue et la setlist imposante, Jeff Tweedy s’autorisera quand même quelques blagues et balbutiements de français entre les chansons mais le reste du temps, les instruments parlent pour le groupe. Une belle communion se crée par exemple lors des multiples solos de Nels Cline sur « Impossible Germany » ou sur « Jesus Etc » et « California Stars », les deux morceaux phares du groupe. Et pour finir le concert quoi de mieux que « Misunderstood » qui résume tout autant le cœur country-folk de Wilco que ces accès de folie noisy, sa manière de déconstruire une certaine idée de l’Amérique tout en y étant profondément ancrée. Et bien sûr les énormes "NOTHING", répétés à la fin du morceau, appuyés massivement par tous les instruments et totalement jouissifs.

Un seul regret, on aurait aimé découvrir la très belle « You and I » en live et pourquoi pas entendre Jeff Tweedy sur un de ses morceaux solos. Néanmoins, ne retenir que 26 chansons quand on a écrit 11 albums, on comprend que cela doit être un sacré défi et Wilco l’a parfaitement relevé, offrant à son public plus de deux heures de concert intenses, passionantes.

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