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publié par Wally le 04/06/06
The Organ + Be Your Own Pet - Les Femmes s'en Mêlent 2006 - 19/04/2006
Les Femmes s'en Mêlent, 2006 — la Maroquinerie, Paris

Définitivement non, Be Your Own Pet n’est pas un groupe anglais de plus. Déjà, ils ne sont pas anglais mais américains, originaires de Nashville, Tennessee (et donc preuves vivantes que cette bourgade peut apporter au monde musical autre chose que des vieux rockers à bananes). En plus, ils sont musicalement bien loin de la scène « revival en The ». Pour preuve, j’accuse leurs frasques Ramonesques de cette soirée des Femmes s’en mêlent, le bien nommé festival indépendant et indécent.

La date parisienne s’annonce terrible. En plus de Be Your Own Pet ― BYOP pour les intimes ― on retrouve The Organ, électrisant quintet féminin tout droit débarqué de Vancouver, ainsi que Mad River, trois Parisiens power-popeux un peu énervés, tapant dans la veine métissage et clavier vintage.

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Honneur, donc, à ces derniers pour une session d’ouverture, popisante mais pas déplaisante, qui laisse vite la place à la tornade Be Your Own Pet. Ça saute dans tout les sens, ça hurle et ça écrase des pédales Whammy : bienvenue au pays du rock n’roll. Sous des riffs endiablés, la jeune Jemina Pearl, 19 ans au compteur, hurle ses brûlots rock en dévastant la scène, ratant de peu la grosse gamelle sur la batterie (on est punk ou on ne l’est pas). On pense tour à tour aux Yeah Yeah Yeahs, aux Ramones, aux Stooges, à toute cette énergie scénique que (trop) peu de groupes savent exploiter correctement. Le son est résolument crade, garage, parfois minimaliste, mais tellement bien exploité. Ce groupe a tout compris au rock, et on en redemande.

Nos énervés, partis comme ils sont arrivés ― dans un

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coup de vent ― sont suivis par tout autre chose. Les demoiselles de The Organ se posent doucement sur la scène, l’une après l’autre, affairées à brancher leurs instruments et triturer des fils et des potards, pour mieux commencer leur set dans une lueur bleutée qui leur correspond tellement bien. Le son de The Organ ne se définit pas. Pas par risque de dénaturation de la beauté des mélodies ou de classement simpliste dans une case prédéfinie ― on pourrait rapprocher ça de Morrissey, de Duran Duran ou de la pop new-wave, mais sans réelle conviction - mais tout simplement... parce qu’il n’est pas définissable. Avec une base classique - guitare, basse, clavier, batterie, chant - elles arrivent à communiquer une impression de mal-être on ne peut plus captivant. Complètement déconnectées de tout ce qu’on peut entendre en se moment, Katie Sketch et sa bande produisent une énergie calme, évacuent comme un trop-plein d’émotions, une mélancolie accumulée, titre après titre. La connexion est totale et le public de plus en plus en osmose avec le groupe. La Maroquinerie est en transe, on voit çà et là des yeux fermés sur “Sinking Heart”, des sourires tristes sur Brother, des regards absorbés sur “I’m Not Surprised”. Les discrètes quittent la scène après avoir exécuté la majeure partie des titres de leur LP, pour mieux revenir et ajouter un titre à la guitare sèche, tout simplement magnifique, avant de promettre d’être disponibles si on souhaite leur parler. Elles sortiront plus tard des loges pour se mêler à la foule et se rapprocher du bar, comme n’importe qui à la fin d’un concert. Un show entre initiés, curieux convaincus, bienheureux auditeurs de cette soirée pas banale, du genre à vous coller un sourire sur un Parisien. C’est dire...

Texte : Ath.

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publié par le 04/06/06