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publié par Mathilde Vohy le 20/03/20
VOLO
- Avec son frère

Depuis une quinzaine d’années, les frangins de VOLO bricolent, souvent dans l’ombre, de beaux albums de chansons françaises. Après Sans Rire en 2013 et Chanson française en 2017, les voilà repartis, depuis aujourd’hui, avec un nouvel opus intitulé Avec son frère. Soutenant leur démarche et leur artisanat, nous nous sommes empressés d’écouter ces nouvelles chansons et de vous en dire quelques mots.

Avec son frère

Toujours le même savoir-faire

Ce qui ressort d’abord de cet album, c’est que l’ADN Volo est toujours présente. Ils sont toujours tous les deux à chanter, à écrire, à composer, à jouer de la guitare, et semblent encore très bien s’entendre même après plus de 10 ans de duo. Outre cette vie « commune », on repère très vite que les frangins ont, à leur habitude, tout bricolé de leurs mains. Ces véritables artisans de la chanson sont de nouveau bien loin des effets de style et des panoplies marketing du spectacle contemporain. Les mélodies sont simples et efficaces et les instruments joués de leurs mains ou de celles de leur nouveau partenaire, Alexis Campet. Leurs deux voix fraternelles aux élégances singulières se répondent et se complètent, s’interrogent et se bousculent.

Côté paroles, rien ne bouge non plus, les chansons sonnent vrai. On y perçoit d’abord de l’humour et de la tendresse puis de l’honnêteté et de l’humilité. Engagés, plein d’expérience et avec douceur, ils nous racontent de jolies histoires de frères, de famille, d’engagement et de doutes parfois. En tandem, les frangins font d’abord des bilans générationnels. Ils sont nostalgiques de repenser à leur maison d’enfance dans « Disons » puis ébahis de se revoir si juvéniles sur les caméscopes désormais relégués à la cave dans « Jeune et beau ».

Avec son frère c’est aussi valse incessante de subtiles analyses politiques et de mises en avant des contradictions de nos vies occidentales. Ainsi, « Je me demande quand » s’impose comme une chanson-catalogue qui répertorie de façon cinglante et caustique les absurdités revendiquées d’un monde sur le point de « dépasser c’est sûr, les deux degrés ». « Avec son frère », chanson éponyme, raconte, elle, en sous-entendu, la condition d’une fratrie de migrants. Bref, les Volo partagent avec franchise le regard qu’ils posent sur le monde, un regard qui appelle à insuffler un vent de révolte et d’espoir.

Deux coups de cœur

Nous avons écouté les chansons d’Avec son frère d’abord dans l’ordre proposé par VOLO, puis à l’envers puis dans le désordre. A chaque fois nous avons fait le même constat : il n’y a rien à dire, cet album est un bel ensemble homogène. Les chansons défilent et nous font oublier leur ordre et numéros. On ferme les yeux et avons l’impression que les frères VOLO nous racontent leurs aventures sous forme de conte.

Si l’album est certes lisse et harmonieux, deux titres nous ont quand même particulièrement marqués. Nous les avions déjà repérés lors de leur essai en live au Trianon l’année dernière et étions plus qu’impatients de découvrir les enregistrements originaux. Sans surprise, les versions studio présentent la même douceur. Placés en fin d’album, les morceaux « Depuis quand » et « Heures pleines », évoquent les tracas de la vie et les difficultés de l’âge adulte.

Onzième piste de l’album, « Depuis quand », nous rappelle « C’est pas tout ça », vieille chanson des VOLO qui était particulièrement ressortie de Jours heureux en 2007. Frédo y évoque de nouveau l’infidélité mais avec un peu moins de dérision. Comme si les treize ans passés lui avaient fait reconsidérer le sujet. Pour autant, toujours pas de jugement, juste de la tendresse et de la compassion. “Depuis quand faudrait qu’on s’interdise, la peau la chair le lâcher prise” les Volo s’interrogent avant tout.

Enfin, après l’amour, vient la vie de famille et l’organisation qu’elle nécessite. Avec « Heures pleines » les VOLO racontent la croissance de leurs enfants respectifs et les bons moments passés à chaque âge. Ils expliquent, avec humour, avoir profité des heures pleines (de vie) mais également des heures creuses pour les lessives, le ménage et toutes ces obligations qu’on a tendance à oublier. Une ballade drôle et bien douce.

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publié par le 20/03/20